Bernard Cazeneuve, Karim Bouamrane… Comment l’aile droite du PS cherche à torpiller le NFP

Alors qu’Emmanuel Macron doit nommer un premier ministre, plusieurs noms circulent, dont ceux des deux socialistes sociaux-libéraux. Une hypothèse qui divise le parti à la rose et inquiète les autres formations de gauche.

 

Pour fracturer, il faut d’abord fissurer. Voilà le plan que le camp présidentiel compte imposer à la gauche en faisait fuiter, comme potentiels premiers ministrables, les noms de Bernard Cazeneuve et de Karim Bouamrane, respectivement ex-premier ministre de François Hollande et maire socialiste de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Une fissure qui s’agrandit avec la polémique sur la proposition de destitution d’Emmanuel Macron portée par les Insoumis. Suffisant pour que l’aile droite du PS, criant au scandale, s’y engouffre.

À deux jours d’une rencontre entre le chef de l’État et le Nouveau Front populaire (NFP), les sociaux-démocrates tendance sociale-libérale tentent d’avancer leurs pions, au détriment de Lucie Castets, candidate commune de la coalition. L’idée d’un « compromis » avec les bancs macronistes fait son chemin en l’absence de majorité absolue au Palais Bourbon.

L’ombre d’Hélène Geffroy et Nicolas Mayer-Tssignol

Qui de mieux que Bernard Cazeneuve et Karim Bouamrane, tous deux Macron-compatibles et notoirement anti-insoumis, pour ouvrir une brèche à gauche ? Depuis des mois, les deux socialistes sont déjà des alliés de circonstance du président de la République.

Le premier disait, à la veille du premier tour des législatives, que « jamais dans son histoire, même au moment du Front populaire, nous n’avons vu la gauche s’allier avec l’extrême gauche ». Et le second cinglait, en plein week-end du 15 août dans le Figaro Magazine : « Comment sort-on de ce bourbier ? Comment voulez-vous arriver à un compromis quand la base d’un accord n’existe pas ? »

L’hypothèse divise au sein du Parti socialiste, tiraillé entre sa fidélité à l’alliance de gauche et son envie de gouverner. « Ce sont toujours les mêmes socialistes, avec leur positionnement hostile à Olivier Faure, et qui nous appellent aujourd’hui à nous unir avec un gouvernement que nous n’avons cessé de combattre », grince Dieynaba Diop, députée proche d’Olivier Faure.

Dans son viseur, les opposants au sein du PS au premier secrétaire Hélène Geoffroy et Nicolas Mayer-Rossignol, lesquels réclament la tenue d’un bureau national pour débattre de l’union avec la FI après sa tribune appelant à la destitution d’Emmanuel Macron. « La direction devrait ouvrir les yeux : nous sommes un certain nombre à préférer Cazeneuve à Castets, siffle une cadre anti-Faure. La seule solution réside dans un profil qui pourrait correspondre aux autres groupes sans susciter de réactions épidermiques. »

Le parti à la rose peine à trouver son équilibre, empêtré dans les dissensions entre ses différentes tendances. D’où la tentative de déstabilisation tentée par le chef de l’État, « avec des noms balancés pour amuser la galerie qui n’ont aucune chance d’advenir », fustige le député Arthur Delaporte. La preuve en est : « Ni l’un ni l’autre n’ont reçu d’appel et sont en mesure de former une majorité aussi solide que celle du NFP. »

De toute façon, le reste du NFP refuse déjà un bis repetita du quinquennat Hollande. Insoumis, communistes et écologistes rejettent les deux hypothèses, à l’instar du sénateur PCF Ian Brossat : « Si Macron s’aventurait à envoyer un socialiste en rupture de ban à Matignon, celui-ci lui devra tout et appliquera sa politique. Or, le peuple de gauche a exprimé sa volonté de tourner la page de la politique libérale au-delà du septennat Macron. »

 


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