Élections aux chambres d’agriculture : « Les salariés agricoles ne doivent pas se faire voler leurs voix », alerte la CGT agriculture-agroalimentaire

1,5 million de travailleurs sont appelés à élire jusqu’au 31 janvier leurs représentants dans les chambres d’agriculture. Ceux-ci auront la tâche de négocier les salaires et conditions de travail dans le secteur de la production et des organismes agricoles. Diane Grandchamp, secrétaire fédérale FNAF CGT, appelle à une large mobilisation pour contrer la smicardisation de la profession.

 

Les élections en Chambre d’agriculture se déroulent du 15 au 31 janvier. Un scrutin important pour les exploitants qui pourront choisir parmi les modèles agricoles très différents que proposent leurs organisations FNSEA-JA, Coordination rurale, Confédération paysanne et Modef. Mais cette échéance est aussi fondamentale pour les travailleurs agricoles qui élisent eux aussi leurs représentants par l’intermédiaire des collèges 3a et 3b. Attentive à ce que leurs voix soient bien respectées, Diane Grandchamp, secrétaire fédérale de la Fédération nationale agroalimentaire et forestière CGT, dévoile les enjeux du scrutin.

Pourquoi appelez-vous les salariés agricoles à se mobiliser largement pour ces élections ?

Tout simplement parce qu’ils ont un rôle déterminant à jouer. Comme d’habitude, lorsqu’elles sont abordées, seules les préoccupations du patronat agricole apparaissent. Pourtant, cette échéance concerne avant tout 1,5 million de salariés, si on compte les saisonniers, nous nous battons pour qu’elles et ils ne soient plus les « invisibles des temps modernes ».

Dans le cadre des élections des chambres de l’agriculture, les salariés sont appelés à voter. Le collège 3a, qui concerne les salariés de la production agricole, est particulièrement important car il permet de mesurer la représentativité des organisations syndicales, et donc leurs poids dans les négociations nationales et territoriales.

Nous menons des luttes depuis plusieurs années pour défendre les conquis et arracher de nouveaux droits. Nous avons notamment gagné dans la convention collective nationale de la production agricole le maintien de la hiérarchie des normes et du principe de faveur. Les salariés doivent voter massivement, renforcer la CGT, pour gagner leurs revendications. Le salariat agricole ne doit donc pas se faire voler sa voix.

Pourquoi craignez-vous que les salariés se fassent « voler leur voix » ?

Dans les exploitations agricoles le patronat considère que ce sont des zones de non droit (leurs initiatives récentes et désidératas qui y sont portés le confirme), et dans le cadre des élections il fait tout pour entraver notre organisation dans le processus électoral. On a même vu une liste patronale de la coordination rurale dans le collège salarié 3a, dans les Hautes Pyrénées. Si une organisation patronale est présente dans le collège salarié ça veut dire qu’on leur donnerait la possibilité de négocier des deux côtés de la table. Après plusieurs actions, nous avons gagné et réussi à faire exclure la coordination rurale du collège salarié. Et les manœuvres patronales en tout genre pour tenter d’étouffer la voix des salariés perdurent encore.

Quelles revendications portez-vous ?

Les salariés agricoles sont victimes de la smicardisation et de la précarité. Ils ont des qualifications importantes qui ne sont pas reconnues. Nous revendiquons donc un salaire minimum professionnel d’embauche à 2610 euros brut par mois. La mise en place d’un treizième mois pour tous et d’une prime d’ancienneté.

Ensuite, il y a un problème en termes d’emploi et de qualité d’emploi. La plupart des travailleurs sont en contrats précaires. Donc nous exigeons une généralisation du CDI. Il y a des possibilités en agriculture d’organiser le travail pour développer les CDI plutôt que les contrats précaires du type saisonnier. Pour une grosse partie de ces ouvrières et ouvriers qualifiés, ils bossent 10 à 11 mois dans l’année. Le patronat leur fait enchaîner les contrats précaires, exonéré de toutes cotisations sociales, alors qu’ils pourraient avoir un emploi stable. Aussi, cela peut paraître évident mais, malheureusement, nous sommes encore obligés de le réclamer : toutes les heures travaillées doivent être payées.

Concernant les saisonniers, votre fédération s’est montrée très active ces dernières années pour exiger des améliorations de leurs conditions de travail. Reste-t-il du terrain à défricher ?

L’initiative commune avec André Chassaigne, député communiste, à l’assemblée nationale fin 2022 avec 200 ouvrières et ouvriers agricoles, a été un moment fort et fédérateur de nos luttes. Mais, il reste encore énormément de problèmes à résoudre. Notamment la question des logements et du transport. Il faut que les employeurs soient mis à contribution parce que la majorité du patronat agricole ne cotise pas, notamment au 1% logement.  Le développement de transports collectifs, publics, pour les salariés est aussi indispensable. Il n’y a pas de moyens de transport pour les travailleurs dans les zones rurales ce qui est extrêmement pénalisant. Enfin, l’abrogation de la retraite à 64 ans ne suffit pas, il faut revenir à la retraite à 60 ans. Dans nos professions les corps sont cassés avant, nous exigeons donc qu’ils et elles partent à 55 ans à taux plein.


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