À Montauban, le Planning familial fait face à la crise

Chantal Teyssedre est animatrice de prévention. Elle conduit le bus du Planning familial dans tout le département.DDM.B.G.
Chantal Teyssedre est animatrice de prévention. Elle conduit le bus du Planning familial dans tout le département.DDM.B.G.

Entre port du masque, gestes barrières et fermeture de son accueil de jour pour les femmes victimes de violences, le Planning familial a dû s’adapter à la crise pour poursuivre ses missions.

« Le Covid a modifié une grande partie de notre travail », déclare Monique Monribot, coordinatrice du Planning familial du Tarn-et-Garonne. Au cours de ces derniers mois de crise sanitaire, les cinq salariées de l’association ont dû s’adapter, trouver de nouvelles façons de communiquer avec leurs bénéficiaires, revoir le contenu de leurs interventions, aller à la rencontre de nouveaux publics jusqu’alors sans problème…

Pendant les deux confinements, l’association a été tenue de complètement fermer ses portes, aussi bien celles de sa permanence, que celles de son accueil de jour pour les femmes victimes de violences conjugales – ce qui a eu des conséquences graves pour ces dernières, comme l’explique Monique Monribot : « Les auteurs de violences ont profité du fait qu’il n’y ait plus d’accompagnement au quotidien : à partir du moment où on a été confiné, ça a été plus compliqué pour les dames de lutter, de ne pas répondre aux textos, de ne pas décrocher le téléphone… Monsieur a repris son emprise. Et, quand on a rouvert, il a presque fallu recommencer à zéro. » Et ce malgré la mise en place rapide d’une permanence téléphonique (toujours utilisée), « le téléphone ne remplace pas ce dont on a besoin en termes de partage et de proximité », précise Monique Monribot.

« Le stress de la pandémie s’ajoute aux violences »

Dès qu’elles en ont eu l’autorisation, les salariées du Planning ont recommencé à accueillir les femmes qu’elles suivaient déjà… Ainsi que 16 % de femmes supplémentaires : « Il y a eu une augmentation très nette des violences pendant le premier confinement » observe Monique la coordinatrice de l’association.

Au retour du premier confinement, les femmes de l’accueil de jour sont arrivées dans un état alarmant. « Certaines femmes pensaient qu’elle ne nous reverrait jamais. Elles étaient dans une grande désespérance », se rappelle Sandy Beauvais, animatrice en prévention. Monique Monribot poursuit : « Le stress et l’angoisse de la pandémie se sont ajoutés à leurs angoisses de femmes victimes de violences. »

Du côté de sa permanence et de ses animations le Planning familial a aussi constaté une montée d’angoisses liées à la pandémie. Ce pan d’action du Planning familial consiste à écouter, accompagner et informer les personnes sur les questions de parentalités, de relations humaines, de sexualité, etc. Avec son bus itinérant, l’association sillonne le département à la rencontre de celles et ceux qui ont besoin d’une oreille attentive, notamment des collégiens. Depuis quelques mois, les confidences d’ado ont laissé place à de nouvelles préoccupations, explique Sandy Beauvais : « beaucoup d’enfants nous disent que leurs parents ne vont pas bien et qu’ils sont très inquiets pour eux. » Un état d’esprit général que les salariées du Planning ont dû apprendre sur le tas à accueillir et à accompagner.

Le contact humain entravé

L’absence de contact humain due aux gestes barrières et au port du maque pèse beaucoup sur le travail du Planning Familial. Les groupes de parole sont réduits, les déplacements limités, les câlins interdits, les visages cachés… Une situation que Monique Monribot déplore : « Quand on travaille avec l’être humain, c’est compliqué de se tenir à un mètre de distance, de cacher son visage, de ne plus se toucher… » « Essayer de capter dans les yeux de l’autre ce que l’on n’arrive plus à capter sur le visage entier nous demande encore plus de concentration », poursuit-elle.

Sandy Beauvais en tant qu’animatrice de prévention travaille notamment en « éducation vie affective, relationnelle et sexuelle » dans les établissements scolaires. Lors de ses animations, les enfants sont normalement invités à se déplacer dans toute la classe. Mais, maintenant, « ils doivent rester à leur place, statiques et figés derrière leur table… Alors qu’ils sont censés vivre quelque chose qui les met en mouvement, aux niveaux physique, psychique et relationnel. » Sandy Beauvais a été obligée d’adapter ses interventions. Pour respecter les jauges, elle doit parfois découper le groupe en deux et doubler ses interventions, ce qui « demande une énergie et une organisation différentes, plus de temps et des financements adaptés. » Sur le fond aussi l’animatrice en prévention doit s’adapter. « Tous nos outils sont remobilisés de façon différente, suivant les différentes étapes du confinement, reconfinement, gestes barrières, couvre-feu… Pour pouvoir accompagner les jeunes dans ce qu’ils sont en train de vivre. Actuellement, on travaille sur la capacité à faire face à quelque chose de difficile », explique-t-elle. Détail qui peut paraître anodin, mais qui en dit long sur la période que nous traversons : Sandy Beauvais a ajouté des masques chirurgicaux aux émoticones qu’elle utilise pour apprendre aux enfants à reconnaître et exprimer leurs émotions…

Le Planning familial, 505 avenue des Mourets. Permanence téléphonique de 9 h à 17 h 30 au 05 63 66 01 32

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