Sept trophées au total: Albert Dupontel, qui décroche pour la première fois à 57 ans le «meilleur film» pour Adieu les cons, est le grand gagnant de la 46e cérémonie des César, qui a eu lieu ce vendredi soir, sur fond de pandémie. Un écérémonie marquée par de nombreuses interpellations de la ministre de la Culture.
Cette édition 2021 a sans surprise pris une tournure très politique, alors qu’en pleine épidémie de Covid-19 les cinémas restent fermés depuis des mois, sans perspective de réouverture. Roselyne Bachelot, a été apostrophée de très nombreuses fois depuis la scène des César par des acteurs, réalisateurs ou producteurs lui demandant qu’elle agisse pour leur assurer un avenir en pleine pandémie.
Marina Foïs, maîtresse de Cérémonie de la soirée, a donné le ton. “Comme on est en France et que le virus touche surtout les vieux, on a enfermé les jeunes et fermé les cinémas, les théâtres, les musées et interdit les concerts” dit-elle d’emblée. Un ton vif, incisif, avec des piques bien senties à l’égard de la ministre de la Culture, qui font mouche. Si la soirée a fait la fête au cinéma, Roselyne Bachelot ne fût pas à la fête…
Moment fort de la soirée, l’actrice Corinne Masiero, entrée sur scène avec un costume sanguinolent de Peau d’âne et se mettant à nu, dans une figuration de la nudité de la culture abandonné par le gouvernement. Sur sa poitrine, le slogan : « No culture, no future ». Sur son dos, l’inscription « Rend nous l’art Jean ! » s’adressait cette fois au Premier ministre Jean Castex. « Maintenant, on est comme ça, tout nus », a conclu la comédienne, défendant les intermittents, fragilisés par des mois d’inactivité en raison de la fermeture des lieux culturels.
Jean-Pascal Zadi césarisé comme Meilleur espoir masculin dans Tout simplement noir a déclaré citant Frantz Fanon que « Chaque génération doit trouver sa mission, l’accomplir ou la trahir », « Ma mission, c’est la mission de l’égalité », a-t-il ajouté, soulignant que son film parlait « avant tout d’humanité », et remerciant des acteurs et cinéastes noirs ou issus de la diversité qui ont « ouvert la brèche » avant lui, d’Omar Sy à Ladj Ly.
Mais Jean-Pascal Zadi est allé plus loin en interrogeant cette « humanité », en citant des affaires emblématiques : Adama Traoré, mort en 2016 après son arrestation par des gendarmes, Michel Zecler, le producteur de rap victime de violences policières en novembre 2020, ou encore l’esclavage et ses figures ayant encore des statues et des rues à leur nom, et le scandale sanitaire du chlordécone aux Antilles.
Remettant le prix du Meilleur second rôle féminin, Jeanne Balibar a dénoncé, avec classe, la disparition des actrices à l’écran dès lors qu’elles franchissent le seuil fatidique de la quarantaine. A l’exception des deux ministres du travail à la manœuvre de la réforme de l’assurance-chômage (dans l’ordre d’apparition, Muriel Pénicaud et Elisabeth Borne). Peut-être ces deux-là mériteraient-elles un césar de la Casse sociale ?
Chiara Mastroianni, venue remettre un César, actuellement en répétition au théâtre de l’Odéon occupé, a laissé la parole à Denis Gravouil, secrétaire de la CGT-Spectacle qui a ainsi exposé les raisons de ce mouvement d’occupation qui s’étend à de nombreux théâtres en France. Roselyne Bachelot, présente à l’Olympia mais invisible, a dû ronger son frein…
Voici le palmarès complet de la cérémonie :
Meilleur film: Adieu les cons d’Albert Dupontel
Meilleure réalisation: Albert Dupontel pour Adieu les cons
Meilleure actrice: Laure Calamy dans Antoinette dans les Cévennes
Meilleur acteur: Sami Bouajila dans Un fils
Meilleure actrice dans un second rôle: Emilie Dequenne dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait
Meilleur acteur dans un second rôle: Nicolas Marié dans Adieu les cons
Meilleur espoir féminin: Fathia Youssouf dans Mignonnes
Meilleur espoir masculin: Jean-Pascal Zadi dans Tout simplement noir
Meilleur premier film: Deux de Filippo Meneghetti
Meilleur scénario original: Albert Dupontel pour Adieu les cons
Meilleure adaptation: Stéphane Demoustier pour La fille au bracelet
Meilleure musique originale: Rone pour La nuit venue
Meilleur film étranger: Drunk de Thomas Vinterberg
Meilleur film d’animation: Josep d’Aurel
Meilleur documentaire: Adolescentes de Sébastien Lifshitz
Meilleur décor: Carlos Conti pour Adieu les cons
Meilleur costume: Madeline Fontaine pour La bonne épouse
César des lycéens: Adieu les cons d’Albert Dupontel
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