Afghanistan. Talibans, Daech, al-Qaida : quels liens, quelles rivalités ?

L’attentat perpétré à l’aéroport de Kaboul a fait plus de 160 blessés, selon un nouveau bilan daté de ce vendredi. Photo by Wakil KOHSAR / AFP)

Les attentats perpétrés jeudi 26 août devant les portes de l’aéroport de Kaboul ont été revendiqués par l’organisation dite de l’État islamique. Retour sur son implantation dans cette région et ses liens avec les nouveaux maîtres du pays.

Au moins 85 morts et 160 blessés. C’est le bilan, peut-être pas définitif, des attentats perpétrés jeudi à l’extérieur de l’aéroport de Kaboul. L’État islamique d’Irak et du Levant-Khorassan (EI-K) a revendiqué l’une des attaques suicides via son agence de presse, Amaq.

Celle-ci rapporte qu’un djihadiste a pu « pénétrer toutes les fortifications de sécurité » mises en place par les forces américaines et la « milice talibane autour de la capitale » de Kaboul. Il a ensuite atteint un « grand rassemblement de traducteurs et de collaborateurs » travaillant avec l’armée américaine. Le kamikaze a alors « fait exploser sa ceinture d’explosifs ».

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Stéphanie Roza : « La focalisation sur la race et le genre fait aujourd’hui écran aux questions sociales »

Philosophe spécialiste des Lumières et des précurseurs du socialisme, Stéphanie Roza vient de publier « La gauche contre les Lumières ? » (Fayard, 2020) dans lequel elle revient sur l’émergence, au sein de la gauche intellectuelle, d’une critique radicale contre les principes fondateurs des Lumières, au risque de jeter le bébé avec l’eau du bain. À l’heure où le rapport à l’universalisme, à la science ou au progrès sont au cœur du débat public, nous avons souhaité nous entretenir avec elle.

Le Comptoir : Dans votre livre, vous analysez la manière dont s’est développée dans une partie de la gauche, à partir des années 1970, une critique radicale contre l’universalisme, le rationalisme et le progressisme des Lumières. En quoi s’agit-il d’une rupture avec les critiques qui avaient déjà pu être observées depuis le XIXe siècle ?

Stéphanie Roza © Celine Nieszawer

Stéphanie Roza : Dès le XIXe siècle, il y a déjà des critiques du machinisme mais qui ne sont pas forcément dirigées contre le progrès en tant que tel. En revanche, au début du XXe siècle, des syndicalistes révolutionnaires en rupture de ban par rapport au mouvement socialiste et la Deuxième Internationale, comme Georges Sorel et un certain nombre d’intellectuels regroupés autour de la Revue socialiste, développent une critique très radicale du progrès. Ce dernier est accusé d’être une valeur portée par la République bourgeoise qui compromet le mouvement ouvrier avec la bourgeoisie républicaine. S’il s’agit d’une critique radicale de l’héritage des Lumières, ce n’est pas une critique du rationalisme. Sorel prend soin de distinguer le rationalisme des Lumières, critiquable car lié au progressisme, du rationalisme de Pascal au XVIIe siècle qui constitue à ses yeux le bon rationalisme. Continuer la lecture de Stéphanie Roza : « La focalisation sur la race et le genre fait aujourd’hui écran aux questions sociales »