Mobilisation générale : ce samedi, l’union fait la force pour sauver l’hôpital public
Alors que les annonces de fermetures de services et de lits se multiplient, dégradant toujours plus la prise en charge des patients, 80 syndicats, associations et collectifs d’usagers appellent à se mobiliser ce samedi à travers la France.
L’hôpital public se désintègre. » Ce samedi, plus de 80 associations, syndicats et collectifs appellent à manifester partout en France avant qu’il ne soit trop tard. Alors que la cinquième vague de Covid commence à déferler sur le pays, pas un jour ne passe sans que ne soit annoncée la fermeture d’un service d’urgences. En matière de dégradation de la qualité des soins, tous les indicateurs sont au-delà du rouge. Même le président de la commission médicale d’établissement de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Rémi Salomon, n’a pas mâché ses mots le 12 novembre : « On est dans une situation où, dans quelques mois, on peut avoir un effondrement de l’hôpital. »
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En début de semaine, l’intersyndicale CGT et FO de l’AP-HP faisait ainsi état d’un nombre de disparitions de lits impressionnant : seuls 9 lits sont disponibles à l’hôpital Bichat en neurologie, contre 22 avant le Covid, un service de 18 lits est fermé à Avicenne, à Bobigny, depuis juin…
Les syndicats relatent aussi ce week-end du 16 octobre où 27 personnes âgées étaient sur des brancards dans les couloirs par manque de lits d’aval aux urgences de Bicêtre. Comme le souligne Stéphane Dauger, chef de la réanimation pédiatrique à Robert-Debré : « La situation est aussi très tendue dans les services de pédiatrie en Île-de-France. Nous craignons un nouveau pic d’épidémie de bronchiolite d’ici quinze jours. Nous faisons aussi partie des spécialités maltraitées, comme la psychiatrie. »
Une bataille qui ne pourra pas être gagnée sans les usagers
Partout, la même inquiétude domine. Initiée par les collectifs de défense des hôpitaux de Nord-Mayenne et des hôpitaux Bichat et Beaujon (à Paris et à Clichy), cette journée de mobilisation a fait boule de neige dans le pays. Car cette bataille pour l’accès aux soins ne pourra être gagnée sans l’appui des premières victimes de cette rationalisation extrême de l’hôpital : les usagers. Comme le remarque Mireille Stivala, secrétaire générale de la CGT santé : « Il y a en ce moment une prise de conscience plus forte de la nécessité d’une convergence. La pandémie n’a fait que renforcer la crise du système. Les difficultés sont déjà énormes avant même la cinquième vague. Le gouvernement doit se décider à prendre la question à bras-le-corps en revoyant à la hausse le projet de loi de finances de la Sécurité sociale 2022. »
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Alors que la santé figure parmi les priorités des Français en cette année présidentielle, les défenseurs d’un hôpital public socle du système sanitaire espèrent être entendus. Ils et elles témoignent dans nos colonnes.
Témoignages
- Sophie Crozier, neurologue à la Pitié-Salpêtrière et cofondatrice du collectif Inter-Hôpitaux (CIH) : « J’ai envie d’y croire, même si personne ne nous entend »
- Valérie Raymond, secrétaire de la CGT au centre hospitalier gériatrique Mont d’Or à Albigny-sur-Saône (Rhône) : « Les agents sont démotivés »
- Catherine Gaudibert, libraire et membre du collectif Agir pour l’hôpital d’Ambert (Puy-de-Dôme) : « Des urgences, jusqu’à quand ? »
- Stéphanie, infirmière en néonatalogie à l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) : « Nous sommes devenues des robots »
- Nicolas Paysant, infirmier anesthésiste au centre hospitalier de Dieppe (Seine-Maritime) : « Nous voulons sauver l’avenir de la profession »
Les députés et sénateurs communistes et apparentés dévoilent dans une tribune leur « projet de refondation de l’hôpital public qui garantisse un accès aux soins de proximité, des moyens financiers pour former davantage de professionnels, pour recruter 100 000 personnels dans les hôpitaux dès 2022, 300 000 sur trois ans dans les Ehpad, ainsi que 100 000 aides à domicile ». Cette refondation passe par des revalorisations « des salaires et des carrières des personnels de la fonction publique hospitalière » et « nécessite un investissement massif pour la construction d’hôpitaux et de maternités de proximité, de centres de santé pluridisciplinaires ».
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