Après une semaine où le chaos dans les établissements a fait monter la colère, une large intersyndicale lance un appel à une mobilisation nationale jeudi 13 janvier.
C’est parti comme une traînée de poudre, au point que certains n’ont pas attendu l’intersyndicale du vendredi 7 janvier pour l’annoncer : la quasi-totalité des acteurs de l’éducation appellent à une grève nationale le jeudi 13 janvier.
Confrontée depuis des mois à une situation difficile, devenue totalement ingérable depuis la rentrée du 3 janvier avec le nouveau protocole sanitaire, censé accompagner le tsunami de contaminations engendré par le variant Omicron, l’école menace d’imploser à tous les niveaux et a décidé de dire stop.
Profs, parents d’élèves, inspecteurs, lycéens…
« L’épuisement et l’exaspération de toute la communauté éducative atteignent un niveau inédit », expose l’appel intersyndical à la grève. Un appel signé, il faut le souligner, par l’ensemble des organisations syndicales et associations du secteur : tous les syndicats de la FSU (Fédération syndicale unitaire) – y compris ceux des inspecteurs ou des personnels territoriaux intervenants à l’école –, l’Unsa éducation, SUD éducation, la CGT Éduc’action, la Fnec-FP-FO, le Snalc, le SNE, rejoints par la première fédération de parents d’élèves, la FCPE, et des syndicats lycéens (Fidl, MNL et la Voix lycéenne). Seul le Sgen-CFDT n’a pas suivi l’appel national, laissant ses fédérations locales décider si elles se joignaient au mouvement.
Certains établissements, notamment en Seine-Saint-Denis, avaient pris les devants dès la semaine dernière. Des fédérations, comme SUD éducation, appellent à une grève reconductible dès aujourd’hui. Dans l’académie de Créteil, ce sont les AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) qui devraient répondre à partir de ce lundi à l’appel à une grève illimitée lancé par une intersyndicale CGT, FSU, SUD et FO. Même un syndicat comme le SNPDEN-Unsa (syndicat majoritaire chez les personnels de direction), traditionnel accompagnateur des politiques de Jean-Michel Blanquer, s’il n’appelle pas à la grève, déclare s’y associer.
Protocoles intenables et absence de moyens
Jean-Michel Blanquer risque donc de se trouver confronté à une vague de colère assez inédite sous son exercice. L’explication en est donnée par l’intersyndicale : « L’école ne bénéficie pas de l’organisation protectrice qui serait nécessaire pour assurer la sécurité des élèves, des personnels et de leurs familles. »
Or « la responsabilité du ministre et du gouvernement (…) est totale du fait de changements de pied incessants, de protocoles intenables et d’absence de moyens donnés pour assurer le fonctionnement de l’éducation ». Le protocole sanitaire, en vigueur depuis le 3 janvier, est jugé inapplicable et, dans sa dernière version (à partir de ce lundi), « allégée » des autotests à J+2 et J+4, encore moins protecteur. Sur le terrain, pénurie de remplaçants pour les nombreux personnels positifs ou cas contacts, gestion impossible des tests et désorganisation pédagogique due aux allers et retours des élèves ont rendu la situation explosive.
Le 8 janvier, une tribune publiée dans le JDD et signée par plus de « 2 700 acteurs de l’éducation et des médecins » dénonçait les économies faites sur le budget de l’éducation nationale (600 millions d’euros en 2020 et 75 millions en 2021), les rapportant au crédit de… 20 millions ouvert pour aider les collectivités à équiper les établissements en capteurs de CO2. « Écoles, collèges et lycées doivent avoir les moyens de fonctionner en toute sécurité », rappelle l’intersyndicale. Et d’exiger « les moyens et les protections nécessaires pour faire face à la crise » en dotant « d’équipements de protection les personnels, les écoles et les établissements » et en leur attribuant « les moyens humains nécessaires ».
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