Extrême droite. Quand des néonazis défilent dans Paris

Des reporters de l’AFP ont été attaqués, le 15 janvier, en marge d’une mobilisation à l’appel des Patriotes. © P. Villette/Abaca

Cent cinquante ultranationalistes ont déambulé librement dans la capitale, samedi, lors d’une manifestation anti-passe où des journalistes ont été agressés. La préfecture de police de Paris n’a, elle, constaté aucun débordement…

Le fascisme manifeste dans la capitale en toute impunité. Samedi, en marge du mouvement anti-passe, environ 150 hommes en noir, identifiés comme des membres de groupuscules d’extrême droite, formaient un groupe compact et menaçant.

« Regarde-moi bien, je vais te tuer »

Alors que l’ensemble du cortège – quelque 7 000 personnes rassemblées à l’appel du parti de Florian Philippot, les Patriotes – approchait du palais de Tokyo, ce bloc nationaliste s’en est pris violemment à une équipe de journalistes. «  C’est l’AFP, niquez-les ces fils de pute ! » a harangué un homme cagoulé, comme le rapporte l’Agence France-Presse.

Une cinquantaine d’individus ont ensuite chargé et menacé de mort les deux journalistes reporters d’images et leurs agents de sécurité, qui ont été frappés. « L’homme cagoulé à l’origine du mouvement m’a saisie en me disant Je vais te tuer, regarde-moi bien, je vais te tuer », a témoigné une des deux journalistes agressés, lesquels ont pu trouver refuge derrière un cordon de gendarmes qui encadraient la manifestation.

Les forces de police et de gendarmerie ne sont en revanche pas intervenues lors de cette agression et n’ont procédé à aucune interpellation, ce que confirme la préfecture de police de Paris.

Des membres de groupuscules dissous

« Il s’agit de nationalistes, pour une bonne partie des néonazis plus ou moins revendiqués, ou des suprémacistes blancs », explique Daphné Deschamps, journaliste indépendante qui a pu suivre virtuellement le cortège via notamment les réseaux sociaux et les messageries ouvertes des groupuscules présents

Selon plusieurs sources, beaucoup seraient des anciens de Génération identitaire – dont un de ses leaders, Étienne Cormier –, groupuscule dissous en mars pour actions violentes, racistes, et projets d’attentats.

Ou encore de Zouaves Paris, ces nationalistes ultraviolents également dissous après avoir tabassé des militants de SOS Racisme au meeting d’Éric Zemmour à Villepinte (Seine-Saint-Denis), en décembre. Leur leader, Marc de Cacqueray-Valmenier, depuis mis en examen, était présent à la manifestation de samedi, pendant laquelle des membres des Zouaves ont été filmés en train de brûler un drapeau européen à l’aide de fumigènes.

Bras tendus devant l’église Sainte-Geneviève

Ces groupes nationalistes sont régulièrement présents lors des mouvements anti-passe ou antivax, mais ils étaient cette fois bien plus nombreux, beaucoup étant venus de diverses villes de France pour assister à la marche « de la fierté parisienne ». Un défilé aux flambeaux organisé tous les ans en « hommage » à sainte Geneviève, sainte patronne de Paris, et réunissant diverses chapelles d’extrême droite, dont Civitas, « lobby catholique traditionaliste », comme il se définit.

Pour les 150 nationalistes qui manifestaient avec les anti-passe, la journée de samedi s’est donc poursuivie, à 18 heures, par une déambulation sous les cris de « On est chez nous ». Ces manifestants ont ensuite atteint l’église Sainte-Geneviève, où des saluts nazis auraient été aperçus selon plusieurs témoins.

RAS pour la préfecture de police

Contactée, la préfecture de police de Paris indique que ce défilé était encadré par les forces de sécurité, qui « n’ont fait état d’aucun débordement » lors de ce rassemblement organisé par l’association Paris Fierté, une resucée de la section locale de Génération identitaire, menée par Pierre Larti, lui-même ancien porte-parole du groupuscule.

La préfecture reconnaît que la demande d’autorisation du parcours de la manifestation émanait d’une organisation « satellite de l’ex-Génération identitaire » – pouvant ainsi constituer un « groupement de fait », illégal depuis sa dissolution –, mais l’a tout de même acceptée.


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