Jean-Paul Lecoq : « La gauche doit bâtir une diplomatie des Lumières »
Législatives Candidat PCF à sa réélection, Jean-Paul Lecoq espère voir la Nupes emporter la majorité. Et, avec elle, construire de nouvelles politiques internationales.
En campagne pour sa réélection dans la 8e circonscription de Seine-Maritime, Jean-Paul Lecoq peut compter sur un ancrage fort avec le terrain et un rassemblement de la gauche. En cas de victoire, le communiste, membre de la commission des Affaires étrangères, promet que sa voix comptera pour bâtir d’autres politiques de la paix et du commerce international.
Comment abordez-vous cette campagne qui rassemble toutes les forces de gauche ?
Je la mène avec confiance. Que ce soit dans les entreprises, dans les écoles pour sauver des classes, nos actions sur le terrain sont connues et reconnues. L’ambiance est bien meilleure qu’à la présidentielle, avec un réel espoir. L’accord à gauche rend contagieuse l’idée que nous serons capables de changer les choses dans l’intérêt des gens. Lors d’une rencontre, la première question qui m’a été posée, c’est : « Quand les politiques vont-ils tenir leur promesse ? » Il faut y répondre, en expliquant nos propositions et comment on les finance, afin de redonner confiance et que les citoyens retournent voter.
Durant le précédent mandat, vous vous êtes investi sur les questions internationales. Si la gauche devenait majoritaire, une autre politique de la paix pourrait-elle être enclenchée ?
Je l’espère. La gauche doit porter le respect des résolutions des Nations unies, ce qui n’a pas toujours été le cas, notamment au moment de la gauche plurielle. Des questions brûlantes doivent avancer : sur le Sahara occidental occupé par le Maroc, sur la politique d’apartheid en Palestine… À ce sujet, comme député, j’ai demandé en urgence la convocation de la commission des Affaires étrangères, ce qui a été refusé alors que ça a été possible pour l’Ukraine. On multiplie les deux poids, deux mesures alors que, dans chaque cas, la paix dans le monde est menacée. Des résolutions existent condamnant le Maroc, Israël, la gauche française doit exiger leur application. C’est ainsi, non pas avec la force et l’Otan, mais en œuvrant à redonner du sens aux Nations unies, que nous pouvons bâtir une politique de paix. C’est la diplomatie des Lumières contre celle du business et des ventes d’armes.
Concernant l’Ukraine, prônez-vous une autre attitude diplomatique que celle portée par Emmanuel Macron ?
Il faut porter l’idée d’une sécurité globale. Dès lors qu’on redonne du poids à l’ONU, au multilatéralisme, chacun peut exprimer ses inquiétudes et, ensemble, nous pouvons chercher des alternatives au conflit. Chaque pays doit pouvoir sentir que le monde entier est attentif à sa sécurité. Et, pour en finir avec les surenchères guerrières, un tel climat doit être garanti par une structure crédible.
Alors que la Finlande et la Suède s’apprêtent à rejoindre l’Otan, est-ce le moment de quitter l’organisation ou du moins son commandement ?
L’Otan aurait dû disparaître en même temps que le pacte de Varsovie. Elle était en mort cérébrale, mais l’intervention de Poutine en Ukraine lui redonne du poids. C’est dangereux, car c’est le signe que l’on se prépare à vivre une nouvelle guerre froide. Nous devons sortir de ce vieux monde. Puisque, à gauche, nous sommes d’accord pour être indisciplinés vis-à-vis de l’Union européenne, il faudra dire que nous ne voulons pas de l’Otan pour réfléchir à la sécurité de notre territoire et à celle du monde mais d’une Europe de la diplomatie mondiale.
La guerre en Ukraine a des répercussions sur les prix de l’alimentation. Comment la gauche au pouvoir peut-elle être motrice pour repenser ce modèle de mondialisation ?
Nous y travaillons depuis longtemps, jusqu’à l’échelle très locale avec le maraîchage municipal, par exemple, pour faire en sorte que les territoires soient le plus autosuffisants possible. Au-delà du développement de ces alternatives, le combat doit être mené contre les accords de libre-échange qui conduisent à cette mondialisation de la production. La reprise en main de l’économie par la politique est indispensable. Les citoyens sont de plus en plus conscients de ces enjeux : il ne s’agit pas d’arrêter le commerce mondial, mais d’y apporter de la cohérence, notamment vis-à-vis de la lutte contre le réchauffement climatique. Il faut aussi dénoncer les profiteurs de guerre. Si les prix ont augmenté rapidement, c’est d’abord sous l’effet de la spéculation, car les stocks d’essence ou d’huile existaient. Nous proposons d’y mettre un terme avec le blocage des prix.
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