«Nous voulons une France des salaires et du travail»

Pétitions, débats, meeting… derrière les polémiques, les militants du Parti communiste sont sur le pont contre la vie chère. Une mobilisation que Fabien Roussel appelle à amplifier.

« Signez la pétition pour la taxe sur les superprofits et le retour de l’ISF ! » Devant le stand du PCF de la Seine-Maritime, dimanche matin, les regards sont parfois encore ensommeillés mais les volontaires pour mettre à contribution les riches et les multinationales ne manquent pas. « Cette proposition parle à tout le monde, c’est ultrarassembleur et ça nous permet de montrer que le problème, ce n’est pas ceux qui profiteraient des aides sociales, mais ceux qui engrangent les dividendes », se réjouit Valentin, militant venu de Sotteville-lès-Rouen. Une mobilisation qui a trouvé de l’écho sur la Scène Angela Davis, samedi. Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, en a fait un des mots d’ordre de son meeting. « En cette rentrée 2022, nous disons aux profiteurs de crise : fini l’abondance des profits et des dividendes, fini les trains de vie en yacht et jet, nous réclamons l’égalité, la solidarité, la justice sociale et fiscale ! » a-t-il lancé. Face à un CAC 40 dont les bénéfices sont « passés de 97 milliards à 174 milliards », les mettre à « la diète » et leur « reprendre le pouvoir » est « le sujet » : « Ne perdons pas de temps à gauche à disserter sur les barbecues », glisse le député du Nord.

Passes d’armes et mises au point

Dans les stands, les pétitions pour la justice fiscale côtoient celles pour l’augmentation des salaires et l’emploi. Et c’est l’autre question qui a occupé le week-end des communistes. « Nous nous battons pour une France des salaires et du travail. Éradiquons le chômage et la pauvreté ! » a scandé l’ex-candidat du PCF lors de son meeting. Mais c’est une phrase, prononcée la veille lors d’un traditionnel déjeuner de presse, qui a enflammé Twitter. « La gauche doit défendre le travail et ne pas être la gauche des allocations et des minima sociaux », a lâché Fabien Roussel, expliquant partager les préoccupations de François Ruffin sur la façon dont la gauche parle du travail et s’adresse à certaines des catégories populaires. L’intéressé n’a pas goûté l’expression : « Opposer la “France qui bosse” à la “France des allocs”, ce n’est pas le combat de la gauche, ce ne sont pas mes mots », a twitté le député FI. « Ce vocabulaire n’est pas le mien, ni le nôtre », avait posté plus tôt son collègue Alexis Corbière. Dans la foulée, Fabien Roussel a multiplié les mises au point : « Je ne veux pas supprimer le RSA, je veux une société où il n’existerait plus parce que le travail et le salaire l’auraient remplacé », a-t-il précisé, dimanche, devant une partie des 3 000 nouveaux adhérents recensés par le PCF durant la campagne présidentielle. Le parlementaire du Nord avait aussi profité du débat entre formations de la Nupes à l’Agora de l’Humanité, samedi, pour expliquer sa position. « Je dois dire que je préfère tes discours à tes interviews », lui a alors répondu Julien Bayou, d’EELV, se disant « en plein accord, à cela près qu’on doit pouvoir se libérer du travail, quand il est contraint ».

En pleine crise énergétique, l’envolée des factures et la stratégie d’approvisionnement se sont aussi invitées au premier plan. « Il faut arrêter de nous prendre pour des pigeons. Elle a bon dos, la crise ! L’inflation est le fruit de la spéculation ! » a lancé Fabien Roussel pendant son meeting. Quelques heures plus tôt, c’est avec Gabriel Attal que le communiste croisait le fer sur la question au Forum social. Au ministre qui juge le « marché européen » indispensable « sinon les Français s’éclaireront à la bougie », tout en promettant de le réformer, le député du Nord, pour défendre le retour à une maîtrise publique, réplique par un jeu de mots inspiré de l’actualité : « L’Arenh (le dispositif qui permet aux fournisseurs de s’approvisionner auprès d’EDF à prix régulés avant de revendre aux prix du marché – NDLR), pas d’Angleterre, doit mourir ! »

Le 29 septembre dans toutes les têtes

Face à ce gouvernement et à sa majorité relative, tout dépendra de la mobilisation, insiste-t-on dans les rangs communistes. « Cette rentrée doit avoir un caractère exceptionnel. C’est pourquoi je vous propose de faire événement lors des journées de mobilisations » des 22 et 29 septembre, a invité Fabien Roussel en conclusion de son discours, samedi. À ses yeux, « c’est dans l’action que la gauche trouvera aussi les ressources pour rassembler enfin une majorité de Français ». Et il y a urgence. « L’inflation est affolante, il va falloir faire entendre la colère ; des gens qui travaillent vont être plongés dans la misère », s’indigne Tristan, un jeune militant de 21 ans venu de Poitiers pour sa première Fête. À ses côtés, Eloïse voit l’unité de la gauche comme une « nécessité » pour y parvenir. Mais la jeune femme, si elle a « retrouvé ce week-end un peu d’espoir », attend encore de la Nupes qu’elle fasse ses preuves. À bien des égards, les semaines à venir s’annoncent décisives.


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