Au moins deux élus locaux refusent de se plier au deuil national demandé par Emmanuel Macron et Élisabeth Borne à l’occasion du décès de la reine d’Angleterre.
Une République peut-elle mettre ses drapeaux en berne pour commémorer la mort d’une monarque ?
Pour Emmanuel Macron et Élisabeth Borne, l’équation est simple, le paradoxe balayé : l’exécutif a enjoint toutes les mairies du pays à rabattre les couleurs en signe de deuil le 19 septembre, pour les funérailles d’Elizabeth II, « cette grande amie de la France ». Pas question de mettre les drapeaux en berne, répondent le maire socialiste de Bourges (Cher), Yann Galut, et son collègue de Faches-Thumesnil (Nord), l’insoumis Patrick Poisy. « C’est une demande incroyable », s’indigne le premier. « Comment voulez-vous, interroge le second, être logique en mettant en berne des drapeaux sur nos écoles là où est inscrite la devise : Liberté, égalité, fraternité ? Aucun concept n’est plus éloigné de l’égalité que celui de la monarchie. »
Les textes ne le prévoient que pour la mort d’un ancien président
S’il explique ne pas avoir de grief contre la personne d’Elizabeth II, l’édile nordiste critique « le principe même qu’une naissance dans la bonne famille vous dote d’un sang particulier qui vous met au-dessus des autres ». Et relève que la République n’a pas fait ces honneurs à Mikhaïl Gorbatchev, alors que l’ancien leader soviétique a reçu le prix Nobel de la Paix en 1990.
La dernière mise en berne date en effet du 9 décembre 2020, à l’occasion du décès de Valéry Giscard d’Estaing. Les textes ne prévoient une mise en berne systématique que pour la mort d’un ancien président de la République française. Mais le gouvernement peut décréter un deuil national en dehors de ce cas de figure, par circulaire, ce qui est le cas ici pour la Reine. Un texte similaire est adopté lorsque des tragédies touchent la nation, comme les attentats du 13 novembre 2015 ou le crash du vol Paris-Rio en 2009 ; voire lorsque des drames endeuillent des États amis (le 11 septembre 2001 après l’attentat, contre les Twin Towers à New York, ou le 11 mars 2004 après les attentats du métro de Madrid).
Quant aux chefs d’État et/ou d’Église, la mise en berne a déjà été décrétée pour la mort des papes Jean-Paul II en 2005 ou Jean XXIII en 1963, ou pour des chefs d’États étrangers comme Nelson Mandela en 2013, Ronald Reagan en 2004, et même pour le dictateur espagnol Franco en 1975.
Communiqué de la section PCF Castelsarrasin/Moissac/Pays de Serres
Respect des valeurs de la République
La Reine Elisabeth II personnage historique est décédée. Nous saluons la personne publique, respectons la personne privée mais nous nous insurgeons contre la demande de Mme E. Borne, première ministre de la France, qui a appelé à mettre les drapeaux en berne aux frontons de nos mairies et bâtiments publics.La circulaire édictée voudrait faire croire que le décès de la reine d’Angleterre affecte le peuple français.
Alors que les médias nous abreuvent sans discontinuer de mièvreries avec force détails sur les obsèques, l’accession du nouveau roi, le chagrin des anglais, des guerres se poursuivent à travers le monde, les difficultés s’amoncellent pour tout un chacun. Tout est fait pour détourner les consciences des enjeux d’aujourd’hui, pour occulter le mouvement social en préparation les 22 et 29 septembre, pour faire oublier les mauvais coups contre les salariés-es et retraités-es qui sont en préparation par notre gouvernement.
Après les multiples accrocs à la Laïcité perpétrés en toutes impunités au cours des derniers mois (Moissac par exemple…), il n’est pas concevable que nous nous inclinions devant une monarchie qui plus est impérialiste (avec le Commonwealth). Cela serait de nature à conforter les monarchistes et autres révisionnistes qui n’en demandent pas tant. Nous appelons donc les maires a ne pas mettre les drapeaux en berne au nom des principes de notre République.
Castelsarrasin le 15 septembre 2022
MORT DE LA REINE ELIZABETH II – Communiqué du Parti communiste britannique (CPB)
« Elizabeth Windsor est décédée en laissant le royaume sur lequel elle régnait plus pauvre, avec de plus grandes disparités de richesses et de revenus, des profits obscènes marqué par l’évasion fiscale (dont sa monarchie profite) et avec ses activités impérialistes agressives totales, y compris en menant une guerre par procuration en Europe.
Les échecs de la monarchie en tant qu’institution sont tissés dans son tissu même et elle joue un rôle dans l’empire et la domination de classe en tant qu’agent actif de la classe capitaliste.
Pour cette raison, c’est un obstacle au progrès pour une société d’égaux, que nous appelons socialisme.
Bien que leur voix soit réduite au silence au cours des prochains jours, avec le temps, les millions de personnes de la classe ouvrière qui veulent une République se feront entendre.
Le Parti communiste, dans son programme « Britain’s Road to Socialism », affirme la souveraineté populaire du peuple et de ses représentants élus dans les parlements, les gouvernements et les mouvements de masse. Cela nécessite l’abolition de tous les pouvoirs et institutions monarchiques, y compris les postes de chef d’État et de commandant en chef des forces armées, ainsi que la prérogative royale, le Conseil privé et les bureaux de l’État qui n’ont pas de comptes à rendre. »
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