Retraites : À Montauban, ça chauffe chez Toupargel
Licenciés, spoliés par les actionnaires, les salariés des plateformes de la société de vente et de livraison de surgelés à domicile occupent leur ancien site de travail et manifestent.
Photo crédit CGT82
Pour ces télévendeuses, ces préparateurs de commandes, ces livreurs, c’est une première. Jamais les salariés du site montalbanais, anciennement Toupargel devenu Place du marché depuis le rachat en 2020 par les actionnaires Bahadourian, n’avaient participé à une manifestation syndicale.
Pourtant, depuis le 31 janvier, ils marchent en tête du cortège lors de chaque défilé contre la réforme des retraites. À l’annonce de la liquidation judiciaire, puis de la désignation d’un mandataire liquidateur, le désespoir a vite cédé la place à la colère et à la révolte. Plus d’une vingtaine de salariés ont décidé, avec le soutien et la protection de la CGT, d’occuper jour et nuit le site pour protéger l’outil de travail, les marchandises encore stockées, et tenter d’obtenir une indemnité majorée dite prime supralégale.
Le sentiment d’avoir été grugés
« On a le sentiment d’avoir été grugés. À leurs yeux, on est des moins que rien. On a bossé jusqu’au bout pour s’entendre dire : circulez, il n’y a rien à voir ! Eux ont pris tout ce qu’ils pouvaient voler », dénoncent Sébastien et Jérôme, respectivement huit et vingt-quatre années d’ancienneté. Ils n’en reviennent toujours pas de la violence avec laquelle il leur a été imposé de ne plus mettre les pieds dans l’entreprise. Sébastien a ainsi appris par un appel téléphonique d’une secrétaire, alors qu’il était en congés, que ce n’était plus la peine de revenir au travail. Sans plus de détails.
Jérôme raconte comment, à la fin de la manifestation du 31 janvier, les salariés ont décidé de réinvestir leur lieu de travail, choqués d’apprendre qu’en juin 2022 l’employeur s’était vu accorder un plan garanti par l’État (PGE) de 35,6 millions d’euros.
Jusqu’au bout, l’espoir d’un repreneur
« Jusqu’au bout j’espérais qu’un repreneur prendrait la relève. Ce n’est pas possible qu’une entreprise avec soixante-quinze années d’existence, porteuse de belles valeurs, puisse être fermée du jour au lendemain », accuse Marie-Laurence, qui se reconnaît « novice dans le fait de militer et de manifester ». Terrible « cadeau de Noël » pour cette télévendeuse mère célibataire et ses deux enfants encore mineurs. «
Leur combat, c’est aussi celui de la dignité des salariés », insiste Wafaa Kohily, secrétaire CGT du comité social et économique de l’entreprise, à leurs côtés depuis le premier jour d’occupation. « Par leur travail, ce sont eux qui ont créé des richesses et rendu des services, et non pas les financiers spéculateurs. »
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