Aujourd’hui, comme chaque année depuis trois ans, des dizaines de milliers de futur·es bachelier·ères apprennent qu’ils n’ont aucune affectation dans l’enseignement supérieur à la rentrée prochaine, et ce avant même que les épreuves finales du Bac ne soient passées. Comme chaque année depuis 3 ans, des centaines de milliers de jeunes vont se retrouver dans une filière par défaut à la rentrée prochaine.
Parcoursup continue de trier les élèves en fonction de leur dossier scolaire et leur établissement d’origine par des fonctions d’algorithmes opaques avec, en fin de compte, un constat : ce sont les jeunes de milieux populaires qui sont le plus pénalisé·es, trié·es et qui se voient interdire de poursuivre des études. La mise en place, au lycée, du contrôle continu, qui pervertit la relation pédagogique entre élèves et enseignant·es, les épreuves de spécialités intervenant en mars, le non-remplacement de 15 millions d’heures de cours pénalisent déjà en premier lieu les jeunes de milieux populaires, celles et ceux qui n’ont que l’école pour apprendre.
Mais pour le gouvernement, cela n’est pas suffisant : celles et ceux qui arrivent au Bac doivent encore franchir un nouvel obstacle, celui de la ségrégation sociale. Alors qu’il y a tant besoin d’une jeunesse la mieux formée possible, de jeunes ayant un niveau de qualification le plus élevé possible, de citoyen·nes en capacité de comprendre et d’agir sur le monde pour en relever les défis qui se posent à l’Humanité toute entière, la France continue d’interdire l’accès à l’enseignement supérieur à des dizaines de milliers de jeunes issu·es de quartiers et de familles populaires. Et si ces jeunes issu·es des milieux populaires parviennent à accéder à l’enseignement supérieur, ils et elles se voient alors condamnés à des conditions d’études précaires.
Parcoursup permet de masquer la réalité de la sous dotation structurelle de l’ESR : alors que nous vivons une troisième massification étudiante (à l’horizon 2026, on comptera près de 3 millions d’étudiant·es contre 1,7 million en 1990 et 310 000 en 1960) et que les moyens n’ont pas suivi, ce sont les conditions d’étude et de travail de l’ensemble de la communauté universitaire qui se dégradent (classes surchargées, locaux inadaptés, etc.). Le taux d’encadrement pédagogique des étudiant·es est en constante baisse depuis les années 2010 (-17% selon le baromètre de l’ESR) et s’accompagne du recours massif à l’enseignement vacataire. Les enseignements du cycle licence sont les plus cruciaux pour la réussite des étudiant·es mais reposent essentiellement sur les épaules des personnels précaires les moins bien payés. L’existence d’un système public de l’ESR garantissant l’égalité d’accès à chaque étudiant·e, sur tout le territoire, en ressort minée.
Dans ces conditions, le PCF demande l’abrogation de Parcoursup, ainsi que de la réforme du lycée et du bac, pour garantir le retour à un bac qui soit un diplôme national, sanctionné par des épreuves nationales, donnant l’accès à la filière de son choix dans l’enseignement supérieur, sans sélection ; il propose un plan d’urgence pour l’ESR qui comprenne en priorité la construction de quatre nouvelles universités, l’élévation du budget annuel à 20 milliards d’euros et le recrutement immédiat de 15 000 enseignant·es-chercheur·es, la création d’un statut collégial du doctorant pour mieux insérer les enseignant·es-chercheur·es les plus précaires au processus de décision démocratique sur leur lieu de travail.
À l’heure où les universités menacent de craquer sous le poids de leurs multiples missions, il importe de faire un choix : continuer en direction de la marchandisation de l’ESR en asservissant un peu plus le service public à la demande émanant du patronat de travailleur·ses déqualifié·es orientée par le marché du travail, soit faire le choix de l’émancipation, de la massification des qualifications, pour une sécurité d’emploi et de formation qui protège l’emploi et les travailleur·ses et ouvre la voie du partage, de la production et de la démocratisation des savoirs.
Parti communiste français,
Paris, le 1er juin 2023.
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