Mercredi 13 septembre, Gabriel Attal réunissait l’ensemble des organisations syndicales représentatives afin d’ouvrir la concertation sur l’attractivité du métier. « Formation, mobilité dans la carrière et conditions de travail » étaient au programme de cette rencontre. Le Ministre souhaite avancer vite sur le dossier, il veut faire des premières annonces en décembre. Mais pour les organisations syndicales, rendre attractif le métier d’enseignant passe nécessairement par la réouverture des négociations sur les salaires. Un dossier que le Ministre de son côté estime clos.
Reçues par le Ministre mercredi 13 septembre dans le cadre d’une concertation sur l’attractivité du métier, les organisations syndicales ont au préalable tenu à rappeler collectivement les maux dont souffre l’École. Près de 3 000 postes non pourvus, manque de AESH, de CPE, de PsyEN, d’AED, de personnels de santé… dégradent les conditions de travail de toutes et tous ont-elles déclaré. « Monsieur le ministre, vous prenez vos fonctions dans un contexte très particulier pour l’Éducation nationale : pénurie de personnels alors même que les besoins de recrutements à court et moyen terme sont importants – 329 000 enseignants à recruter d’ici 2030 selon la DARES, fossé grandissant entre la réalité que les personnels vivent et les déclarations ministérielles, présidentielles, ce qui alimente une défiance grandissante envers la parole politique… L’Éducation nationale ne peut se gouverner sans ou contre les personnels et leurs représentants ».
Salaires, le compte n’y est pas
Sur le volet des salaires et de la revalorisation historique, là aussi les organisations syndicales sont unanimes. « Les mesures salariales prises par votre prédécesseur marquent un premier pas mais restent insuffisantes au regard du déclassement salarial de nos professions et de la persistance de l’inflation » dénoncent-elles.
Quant au Pacte, « passé en force alors que toutes les organisations syndicales avaient manifesté leur opposition », elles estiment que « c’est un dispositif qui ne répond en rien aux attentes des collègues ». « Loin de contribuer à la revalorisation attendue par toutes et tous, il va conduire à un alourdissement de la charge de travail des personnels alors que la majorité est déjà en état d’épuisement avancé, comme le montrent les enquêtes de votre ministère. Dans le contexte de négociation des nouveaux plans d’action Égalité professionnelle dans notre ministère, où la demande sociale est forte, le Pacte porte le risque avéré d’aggraver les inégalités femmes/hommes. Le Pacte va aussi considérablement dégrader le fonctionnement des écoles et des EPLE et fragiliser les collectifs de travail par une mise en concurrence des personnels. Nous contestons le choix du déploiement des réformes à coup de Pactes au risque de traitements inéquitables des élèves dans le service public d’éducation ».
Les syndicats demandent « le basculement de l’enveloppe dans celle prévue pour des mesures sans contreparties » et « revendiquent de véritables augmentations salariales en particulier par une augmentation significative du point d’indice pour tous les personnels dans ce contexte de forte inflation ».
Pour un vrai dialogue social
Rappelant au Ministre son attachement au dialogue social selon ses déclarations, l’intersyndicale l’appelle à entendre ce qu’elle lui dit depuis des mois « au sujet des dysfonctionnements générés par les dernières mesures ». « Une concertation sur l’attractivité de nos métiers sans mesures salariales poursuivies et sans prise en compte des conditions de travail ne conduirait qu’à aggraver la crise que traverse l’Éducation nationale et dont vous serez alors, comme vos deux prédécesseurs et le président de la République, largement responsable » a-t-elle averti.
Pour le SNALC, « la crise de recrutements est aujourd’hui structurelle, et d’une ampleur jamais connue sous la Ve République ». « On ne pourra pas se contenter de blabla » ajoute le syndicat qui « jugera le travail ministériel en fonction de son impact sur la feuille de paye et sur les conditions réelles d’exercice. Sans rattrapage salarial, sans amélioration sensible du travail quotidien, cette concertation sera, une fois de plus, une perte de temps ». Pour autant, le SNALC note que le Ministre est l’un des premiers à reconnaître « les problèmes posés par la stagnation (et donc la perte de pouvoir d’achat) du milieu et de la seconde partie de carrière ».
Au SE-UNSA, on martèle que redonner de l’attractivité aux métiers de l’Éducation, c’est « le nerf de la guerre ». « Gabriel Attal réussira-t-il à inverser la courbe de la désaffection des métiers de l’École ? » interroge le syndicat. « Une désaffection désormais bien installée, que « l’École de la confiance » de Jean-Michel Blanquer a accentuée et que le choc d’attractivité de Pap’Ndiaye n’a su infléchir ». Pour le syndicat des mesures ambitieuses pour plus d’attractivité ont un coût, celui « du courage politique ».
À la FSU-SNUipp, on estime qu’il n’y a rien de nouveau dans la démarche du ministre. « Sous Blanquer, on a eu le Grenelle de l’éducation puis l’observatoire du bien-être et de la rémunération. Pap Ndiaye quant à lui voulait un choc d’attractivité, choc qui n’a pas eu lieu. Gabriel Attal réouvre un dossier sur l’attractivité du métier mais dès le départ il ne prend pas le bon angle puisqu’il considère que la question de la rémunération est close. Fatalement, on sera en désaccord ». Ouvrir la négociation sur les salaires est un préalable de tout travail autour de l’attractivité du métier nous dit Guislaine David. « L’attractivité passe par les salaires ».
Sur la forme le syndicat s’interroge aussi. « On sent qu’il va y avoir un certains nombres de réforme mais sur un temps très court, le Ministre annonçant qu’il veut pourvoir annoncer des choses à la fin de cette année civile. On craint qu’une fois le ministère ne prenne pas le temps d’entendre la parole des enseignants et enseignantes. Le chantier est vaste ».
Le cycle de concertation sur l’attractivité des métiers de l’enseignement ne semble pas être parti du bon pied. Le Ministre arrivera-t-il à inverser la tendance ? Arrivera-t-il à rendre ses lettres de noblesse au métier enseignant ?
Lilia Ben hamouda
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