Pourquoi seulement 42 % des maires souhaitent se représenter pour les municipales de 2026

Le politologue Martial Foucault a présenté, le mardi 8 avril, les conclusions une grande enquête réalisée auprès de 5 200 maires de France, concernant leurs intentions pour les élections municipales de 2026 et leurs questionnements.

 

Si la situation des édiles est souvent critique, en témoigne les alertes lancées depuis des années, « la crise des vocations des maires n’existe pas », selon Martial Foucault. Lors d’une table ronde au ministère de l’aménagement et du territoire organisé le 8 avril, le politologue a présenté les résultats de sa dernière enquête, effectuée auprès de 5 200 maires. À un an des élections municipales, l’ancien directeur du Cevipof et professeur des universités à Sciences Po Paris s’est intéressé à l’état d’esprit des élus locaux.

42 % des maires souhaitent se présenter à nouveau pour l’élection de 2026, contre 48 % en 2019. « Il n’y a pas de grosse évolution, poursuit Martial Foucault. Donc nous ne pouvons pas à proprement parler de crise des vocations malgré les discours que nous pouvons entendre ces derniers mois. Il n’y a pas de renoncement généralisé. » Dans la salle de la conférence de presse, les élus présents écarquillent les yeux. « C’est une surprise, intervient l’un d’eux. Nous ne sommes donc pas au bord du gouffre. »

« 1 million de citoyens prêts à s’engager sur des listes municipales »

Crise du Covid, énergétique, budgétaire… Malgré cette accumulation de difficultés, nombre de maires ont pour volonté de se représenter. Si beaucoup d’événements peuvent encore changer la donne d’ici les élections, ce taux de 42 % témoigne de deux phénomènes, selon Martial Foucault : « La vitalité de la démocratie n’est pas entamée malgré les difficultés rencontrées au cours du mandat actuel. Et malgré tout, les élus font preuve d’un réel mérite civique face à leurs responsabilités, quitte à y laisser un peu de leur santé physique et morale, et à s’époumoner sur la situation budgétaire et sociale », souligne l’étude.

Selon Martial Foucault, s’il y avait une crise de la vocation de maire, « nous n’assisterions pas à la volonté de 1 million de citoyens prêts à s’engager sur des listes municipales ». « C’est bien de voir de nouvelles personnes vouloir se représenter, en particulier des plus jeunes, lance un élu à travers la salle en regardant les graphiques affichés à l’écran. Mais 28 % ne veulent plus continuer et 30 % restent indécis. C’est énorme. »

Par ailleurs, le chiffre du renoncement à se représenter est à nuancer. Au total, 2 400 maires ont démissionné depuis 2020, soit le double du mandat précédent. « Ce phénomène est en hausse exponentielle depuis 2020, mais il n’a rien à voir avec celui du renoncement à se représenter. Si on ne sent pas celui-ci, c’est sans doute parce que les élus qui sont las sont déjà partis », considère Martial Foucault, qui doit désormais publier une étude sur les démissions en tant que telles.

Lire aussi: Municipales 2026 (résolution PCF)

Départs en retraite, taille des communes, agressions de maires…

L’une des principales raisons du renoncement à un nouveau mandat est la question de l’âge. Beaucoup souhaitent passer la main à une nouvelle génération. Parmi les maires retraités, seuls 33 % se déclarent prêts à continuer leur mandat contre 53 % pour ceux en activité. « La taille de notre commune compte aussi », chuchote une élue.

Justement, selon le rapport de cette enquête, seuls 37 % des maires de communes de moins de 500 habitants souhaitent se représenter, contre 70 % des maires de villes de plus de 9 000 habitants. Des écarts révélateurs d’un isolement, de moyens inégaux ainsi que de charges administratives pesantes.

Micro en main, le maire d’Ouges en Côte-d’Or, témoigne. En 2021, Jean-Claude Girard a été agressé physiquement à coups de barre de fer. « Nous nous sentons abandonnés par l’État », dit-il. La violence perdure à l’encontre des élus. Depuis 2020, les injures ou insultes ont augmenté de 10 %, les attaques sur les réseaux sociaux de 7 %, et de 7 % aussi pour le harcèlement moral.

Les attaques physiques, elles, ont augmenté de 2 %. « 19 % des répondants de l’enquête ne souhaitent pas se représenter à cause du sentiment d’insécurité et de surexposition face aux comportements des citoyens », acquiesce Martial Foucault. Mais le mandat de maire offre aussi, et heureusement, des satisfactions. Selon l’étude, près de 65 % des maires estiment avoir la reconnaissance des citoyens de la commune.


Aux cotés du PCF , dans mon village , mon quartier, je veux jouer un rôle citoyen


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