Manouchian au Panthéon : la cérémonie + Vidéo

Le 21 février, Missak Manouchian entrera, avec sa femme Mélinée, au Panthéon. L’Élysée a prévu une cérémonie d’une heure trente le jour J, ainsi qu’une veillée funéraire symbolique au Mont-Valérien la veille. PCF et CGT vont organiser un hommage populaire.

Missak Manouchian, Résistant, communiste, poète et ouvrier entrera au Panthéon pour l’éternité, le 21 février.
© AFP/Archives

Un communiste, poète et ouvrier entrera au Panthéon pour l’éternité, le 21 février. Emmanuel Macron avait annoncé, le 18 juin dernier, qu’il avait choisi le résistant arménien et chef militaire des FTP-MOI Missak Manouchian pour demeurer au sein du temple de la République, 80 années après son exécution à 37 ans par les nazis au Mont-Valérien, à Suresnes (Hauts-de-Seine). Pour ne pas séparer le couple, il y entrera accompagné de Mélinée, sa femme également résistante, à qui il écrivait dans sa dernière lettre : « Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. » Voici ce temps venu.

Aujourd’hui enterré au cimetière parisien d’Ivry, le cercueil de Missak Manouchian remontera, à la nuit tombante, la rue Soufflot, couvert d’un drapeau français et porté par un régiment « lié à Manouchian », fait savoir l’Élysée, qui organise l’évènement. Il sera alors 18h30 et un parcours de lumière, aux tonalités bleu, blanc et rouge, pavera le chemin du résistant pour scander les trois grandes périodes de sa vie : le génocide arménien, l’arrivée en France et la Résistance. Au pied du Panthéon, sur lequel est prévu un spectacle son et lumières – un « mapping » dans le jargon – de plus de sept minutes, la garde républicaine prendra le relais pour monter les quelques marches jusque sous la coupole.

Reprise d’Aragon par Feu! Chatterton

Lorsque les portes du monument s’ouvriront, la musique du compositeur français Pascal Dusapin retentira. A l’intérieur de l’édifice républicain, juste devant l’autel de la Convention nationale, le chef de l’État prononcera l’oraison funèbre de Missak Manouchian, devant le cercueil, placé au centre, ainsi que 1 200 invités. Plus de 150 journalistes et 600 scolaires qui ont travaillé sur la figure du résistant communiste sont attendus. Tout comme de nombreuses personnalités, notamment issues de la communauté arménienne en France, comme Robert Guédiguian, réalisateur de L’Armée du crime qui ne devrait pas tarder à recevoir un carton d’invitation. Le premier ministre de l’Arménie Nikol Pachinian sera également présent, sur invitation du président de la République.

Si le déroulé de la cérémonie – qui sera diffusée en direct à la télévision – n’est pas encore totalement fixé, il est acté qu’Arthur Tréboul, leader du groupe Feu! Chatterton, va reprendre « Strophes pour se souvenir », fameux poème d’Aragon si joliment chanté par Léo Ferré dans « L’affiche rouge ». Une « réinterprétation moderne et extrêmement forte », promet un conseiller élyséen. Il fut un temps envisagé de faire lire la dernière lettre de Missak à Mélinée par le comédien Simon Abkarian, qui avait interprété Manouchian dans le film de Robert Guédiguian sorti en 2009, mais il semble que l’idée n’ait, in fine, pas été retenue par Emmanuel Macron.

A l’issue de la cérémonie, vers 20 heures, les restes du couple Manouchian rejoindront le caveau numéro XIII de la crypte du Panthéon, où le tombeau de l’écrivain Maurice Genevoix et le cénotaphe de l’actrice et résistante franco-américaine Joséphine Baker se trouvent déjà. A l’entrée, une plaque sera installée en l’honneur de leurs 22 autres camarades FTP-MOI ainsi que de leur chef Joseph Epstein. Il s’agit de l’entrée symbolique de l’ensemble du groupe Manouchian dans le sanctuaire de la République. « Cela vaut panthéonisation », explique l’Élysée. Trois vers d’Aragon et un morceau de la dernière missive de Missak y seront également gravés.


Manouchian, la France reconnaissante, Un hors-série exceptionnel de l’Humanité

L’engagement de Manouchian dans la Résistance et son martyr, symbolisé par l’Affiche Rouge, rappelle le rôle majeur qu’ont joué les immigrés dans l’histoire de France. Avec la participation d’écrivains, d’auteurs, d’historiens, d’universitaires et de journalistes, l’Humanité publie un hors-série exceptionnel : en 100 pages richement illustrées, vous y retrouverez le parcours et la trace de cet ouvrier et poète arménien, militant communiste et membre des FTP-MOI, fusillé par les nazis avec 22 de ses camarades, au Mont-Valérien, le 21 février 1944.

La veille, dans la nuit du 20 au 21 février, le cercueil de Missak Manouchian passera sa dernière nuit hors du Panthéon dans la crypte du mémorial de la France combattante, au Mont-Valérien, où il reviendra donc « victorieux », huit décennies après sa mort. Il s’agit d’une demande de Jean-Baptiste Romain, directeur des Hauts lieux de la mémoire d’Île-de-France, pour « réunir les différentes mémoires » de la Résistance dans ce lieu où reposent seize combattants de la Seconde guerre mondiale mais aucun fusillé du Mont-Valérien.

Avant de rejoindre la crypte, les restes de l’illustre FTP-MOI accomplira le même parcours que le jour de son exécution : « Il entrera par le haut, passera devant la chapelle où il se serait confessé avant de descendre dans la clairière », retrace l’Élysée. Une veillée funéraire par différentes personnalités, dont l’identité n’a pas filtrée, est prévue pendant au moins deux heures.

Un hommage populaire est également prévu, organisé le 21 février dans l’après-midi par le PCF et la CGT dans les rues de Paris. Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, et Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, prendront la parole pour accompagner symboliquement Missak Manouchian au Panthéon.

 


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