Reprenons la main sur notre souveraineté alimentaire

 

Ces élections européennes doivent être l’occasion de placer la souveraineté alimentaire au cœur des priorités des communistes. Derrière cette définition se cache un concept progressiste et internationaliste, défini par la Via Campesina – fédération internationale d’organisations agricoles progressistes – comme « droit des peuples à une alimentation saine et culturellement appropriée, produite par des méthodes écologiquement saines et durables, et leur droit de définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles ». Cette définition pose le cadre de la politique agricole et alimentaire défendue par le Parti communiste français.

Derrière « des peuples à une alimentation saine et culturellement appropriée » se dessine la question du droit à l’alimentation, soit l’accès universel à une nourriture suffisante, saine, équilibrée et choisie. Une telle ambition passe de fait par un relèvement des salaires, pensions et traitements, mais aussi par le blocage des prix des produits de première nécessité et la pérennisation des budgets européens finançant l’aide alimentaire, à l’image du Fonds européen d’aide aux plus démunis.

Au niveau de l’offre, la production de nourriture selon « méthodes économiquement saines et durables » correspond d’emblée à la transformation agroécologique voulue par les communistes. Cette dernière repose sur les synergies entre espèces animales et végétales ainsi que le bouclage des cycles de l’eau et des principaux nutriments. En ce sens, la Politique agricole commune doit être réformée en profondeur pour instaurer des filets de sécurité publics, couplés à des dispositifs d’assurance et de formation publics pour que la transformation agroécologique se fasse avec les agriculteurs et non contre eux. L’agroécologie passerait notamment par la polyculture-élevage, soit la réintroduction de l’élevage dans les régions céréalières et la production sur l’exploitation agricole de l’alimentation nécessaire aux cheptels. Il s’agirait notamment de remettre l’élevage au cœur de la reproduction de la fertilité de la terre. Cet objectif permettrait de sortir de la dépendance d’engrais minéraux émetteurs de protoxyde d’azote à l’épandage et de se passer de ressources fossiles aux mains de quelques États à l’image de la potasse et du phosphore.

Enfin, la question du droit des populations à « définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles » rend insupportable toute mise en concurrence des agriculteurs, qu’il s’agisse de la renationalisation progressive de la PAC ou de la signature de traités de libre-échange. Œuvrons plutôt à de nouvelles coopérations européennes et internationales d’ordre scientifique et industriel.

Voici donc en quelques mots la manière dont les communistes conçoivent la souveraineté alimentaire, pierre angulaire de la politique agricole et alimentaire progressiste défendue par le PCF, à contre-courant du libre-échange et du repli sur soi.

Julien Brugerolles et Jonathan Dubrulle, animateurs de la commission Agriculture Pêche Forêt du PCF


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