Le salaire net, c’est pour le mois, le salaire brut, c’est pour la vie

Par Thomas Vacheron, secrétaire confédéral de la CGT.

 

Comme dit dans une précédente tribune de l’Humanité, seul le travail produit de la richesse. Au-delà de Marx, même le site du ministère de l’Économie indique que « la valeur ajoutée traduit le supplément de valeur donné par l’entreprise par son activité (le travail) ». Le travail est donc central, « la valeur ajoutée est répartie entre les revenus du travail et du capital ». Cette répartition de la richesse produite par le travail se fait entre les profits pour quelques-uns et les salaires pour tous les autres, car 88 % des 30 millions d’actifs de ce pays sont des salarié·es.

Depuis 1931, le document obligatoire qui récapitule les éléments de droits et de salaires, c’est cet essentiel « bout de papier », parfois dématérialisé, qu’est la fiche de paye. En haut : nom et adresse, numéro de sécurité sociale, convention collective, puis poste occupé, qualification, ancienneté et congés payés.

Dans le haut du tableau central du document, il y a le salaire brut, socialisé, c’est-à-dire avec les cotisations sociales. Contrairement à ce que racontent les médias non indépendants des milliardaires, les cotisations sociales ne sont pas des « charges » mais du salaire qui nous revient : pas du salaire pour le mois, mais du salaire pour la vie !

Intensification du travail, des cadences, des horaires, pressions… nous sommes dans notre vie de salariés confrontés à la maladie, aux accidents de travail, un salarié sur deux au licenciement, et chacune des lignes du bulletin de paye est là pour répondre à ces aléas. Mais les cotisations servent aussi aux moments de joie que sont nos congés paternité, maternité ou nos retraites ! Et pour tout cela, nous cotisons en fonction de nos moyens pour en bénéficier selon nos besoins. C’est cette merveilleuse victoire collective qu’est la sécurité sociale, financée sur le travail qui crée la richesse, donc sur le salaire, qui permet à toutes et tous de bénéficier de la solidarité et d’échapper à la pauvreté.

Ceux qui souhaitent rapprocher le brut du net, « d’alléger » ou d’exonérer les cotisations, veulent en fait baisser nos salaires puis nos pensions, toujours aux bénéfices du patronat quitte à nous fragiliser face aux malheurs et réduire nos bonheurs… C’est le profit à tout prix pour le capital contre le travail.

Ils profitent de la plus-value qu’ils font sur les millions de gens qui n’arrivent plus à vivre de leur travail, où toute l’attention est concentrée en bas à droite de la fiche de paye, sur ce qui va être viré sur le compte en banque, c’est-à-dire le salaire Net. Celui-ci permet de vivre au mois le mois, souvent au jour le jour, bref, des euros pour remplir son frigo.

Dans cette bataille, idéologique dans le débat public et concrète dans nos entreprises et nos services, la CGT défend partout des augmentations générales des salaires brut plutôt que des primes occasionnelles non cotisées en bas de la fiche de paye. Car des augmentations de salaire en brut, c’est plus de net pour tout le mois et plus de Brut pour toute la vie. Le syndicalisme c’est être utile au quotidien et préparer nos lendemains.


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