On ne peut pas jouer avec la haine fasciste, et ce qui s’est passé à Paris doit nous alerter…

Quand on en est arrivé à avoir des dirigeants comme ceux qui donnent le spectacle nauséeux du dévoiement de la démocratie à un point tel qu’un fasciste puisse venir leur donner une leçon de démocratie, on doit pourtant plus que jamais se garder de prendre le fascisme pour autre chose que ce qu’il est. Ce communiqué de presse du groupe communiste de Paris est exactement ce qu’il convient ! Il faut savoir garder l’espace qui est celui des communistes et qui devrait être celui de la gauche. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)


« Paris est nazi » : après l’attaque des militants d’extrême droite, des questions et le silence du gouvernement

Un militant de la CGT a été hospitalisé après avoir été poignardé, dimanche 16 février, lors d’une conférence organisée par le mouvement antifasciste Young Struggle, dans le 10e arrondissement. Une enquête pour tentative d’homicide volontaire a été ouverte.

Hématomes sur le corps, bleus sur le visage, lunettes de soleil pour recouvrir les blessures… Paul se remémore la violente scène vécue la veille dans le 10e arrondissement de Paris. En soirée, ce dimanche 16 février, alors qu’il venait assister à la projection du film Z, de Costa-Gavras, accueillie par l’Association culturelle des travailleurs immigrés de Turquie (Actit) et organisée par le mouvement antifasciste Young Struggle, ce jeune syndicaliste CGT voit arriver un commando d’extrême droite d’une trentaine de personnes cagoulées et munies de tessons de bouteille.

« Dès que je les ai vus, j’ai compris, relate-t-il, encore un peu sonné. J’ai aussitôt tenté de fermer la porte au plus vite, mais ils me sont tombés dessus, m’ont tabassé au sol et j’ai été poignardé à l’arme blanche. Cela m’a valu une nuit d’hospitalisation à Lariboisière. » Au total, deux personnes ont été hospitalisées, selon les organisateurs.

La piste des hooligans d’extrême droite du Kop of Boulogne

Rapidement, les assaillants, vêtus de noir, ont quitté les lieux en hurlant dans les rues adjacentes : « Paris est nazi, Lyon est nazi aussi », comme en témoigne une vidéo amateur. En guise de signature de son acte, le groupe a déposé sur l’un des murs des locaux un autocollant comprenant l’inscription « KOB veille » et un dessin de pitbull, référence probable à « Kop of Boulogne », groupuscule de hooligans racistes et violents qui terrorisaient le Parc des Princes dans les années 1990.

Ce qui laisse craindre une réactivation d’une vieille marque de l’extrême droite parisienne, à la manière du GUD Paris, ressuscité en 2022 avant d’être à nouveau dissous administrativement en 2024. Une enquête du chef de tentative d’homicide volontaire a été ouverte et confiée au 2e district de police judiciaire.

À l’issue de cette agression, « la BAC a interpellé six de nos agresseurs devant une station de métro près du lieu des faits, les autres ont pris la fuite », précise Ali, membre de l’Actit, également présent lors de l’attaque. Autour de lui, une petite dizaine de militants de Young Struggle venus d’Allemagne apportent leur soutien.

« Nous ne permettrons pas d’attaques racistes contre les migrants en Europe ! » martèlent d’ailleurs en chœur l’Actit, l’Union des forces démocratiques (DGB) et la Fédération allemande des travailleurs migrants (Agif) dans un communiqué commun. « Cette attaque vise clairement à empêcher l’organisation des travailleurs immigrés et la lutte de la jeunesse anticapitaliste et antifasciste organisée contre le fascisme et le racisme », dénoncent-ils.

Le silence de Retailleau

« Paris doit rester une terre de résistance à l’extrême droite et il n’est pas acceptable que ses rues deviennent le théâtre de violences comme celles-ci », affirme Ian Brossat, porte-parole du PCF, venu soutenir les associations concernées, rue d’Hauteville. « Depuis quelques années, il y a une libération de la parole de l’extrême droite. Leurs mots sont repris par les plus hauts responsables de l’État, si bien que ces militants fascistes se sentent pousser des ailes. Cette impunité n’est pas acceptable », appuie-t-il.

Surnommé le « Petit Kurdistan » en raison de la forte présence de commerces kurdes, le quartier du 10e arrondissement où a eu lieu ce raid n’en est pas à sa première agression. Cette attaque à l’encontre « de Turcs et Kurdes progressistes » intervient « après les assassinats ciblés de 2013 et 2022 dans le 10e dans lesquels six Kurdes furent tués », rappelle Elie Joussellin, président du groupe PCF à la mairie de l’arrondissement concerné. « Lorsqu’ils étaient ministres de l’Intérieur, Manuel Valls et Gérald Darmanin avaient promis de protéger les Kurdes. Protéger cette communauté passe par la justice. Or, le secret-défense n’a pas été levé pour 2013 et le parquet antiterroriste n’a pas été saisi pour 2022 », poursuit-il.

Une autre question se pose : quelles dispositions vont être prises pour la sécurité ? Pour l’heure, les locaux de l’Actit ne sont pas protégés, aucun policier n’est devant la porte. « Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, sait s’exprimer quand il le souhaite mais, sur cette affaire, il reste muet », déplore Ian Brossat.

Face à ce déferlement de haine, un rassemblement s’est tenu ce soir sur le parvis de la gare de l’Est. De nombreuses associations, syndicats et partis politiques ont tenu à être présents, comme la CGT, le PCF ou la France insoumise. Tandis que l’enquête menée par la préfecture de police se poursuit, une autre manifestation parisienne a été annoncée. Elle est prévue ce samedi, à 14 heures, sur la place de la République. Pour faire bloc face au péril brun.

 


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