
Cette 20e Semaine pour les alternatives aux pesticides (SPAP) se tient dans un contexte très défavorable au progrès environnemental, de la loi d’orientation agricole qui vient d’être promulguée à l’abaissement des normes au sein de la directive Omnibus portée par la Commission européenne. Pour le Parti communiste français, ces choix politiques sont à voir comme un soutien à l’intégration croissante de l’agriculture dans et par le capitalisme agraire alors qu’il y a urgence à transformer notre agriculture. Il est indispensable de protéger nos agriculteurs et l’environnement face à l’ouverture des marchés agricoles. Cela implique de remettre en cause les traités de libre-échange et de porter de nouveaux accords de coopération agricole, pour en finir avec les importations de produits alimentaires provenant de pays qui ne respectent pas les mêmes normes sanitaires et environnementales que celles exigées à nos producteurs.
Une agriculture sous emprise des géants de l’agrochimie
Qu’il s’agisse des produits phytosanitaires comme des engrais minéraux ou des antibiotiques, ces moyens de production sont vendus par des grands groupes monopolistes. A titre d’exemple, quatre entreprises (Bayer, Syngenta, Corteva, BASF) se partagent les deux tiers du marché mondial des produits phytosanitaires.
Le recours aux pesticides fait également partie des combinaisons techniques qui contribuent à maximiser les rendements céréaliers. En parallèle, nombre de systèmes de culture sont devenus totalement dépendants aux produits phytosanitaires. L’agrandissement de la taille des parcelles et la simplification des habitats se traduisent par une plus forte exposition aux ennemis des cultures, d’où le besoin accru en moyens de prévention et de lutte.
Les pesticides contribuent aussi à la production de denrées agricoles homogènes et dotées de propriétés conformes à leur transformation à des fins de consommation de masse. Cette dernière est elle-même causée par la volonté du capital de contenir les salaires à un niveau inférieur à ce qui serait nécessaire pour garantir l’accès universel à une alimentation suffisante, saine, équilibrée, choisie, durable et rémunératrice des agriculteurs.
Des pratiques subies avec un résultat désastreux pour l’emploi et l’environnement
De telles pratiques n’ont pas été adoptées par gaieté de cœur : les premières victimes des produits phytosanitaires sont d’abord les agriculteurs et salariés agricoles qui les appliquent.
Le recours à d’importantes quantités de pesticides peut aussi être vu comme une stratégie d’adaptation face à un revenu agricole de plus en plus incertain, car fortement exposé aux fluctuations de prix. Recourir à la chimie pour sécuriser ses rendements n’est autre chose qu’une solution de marché qui se substitue aux filets de sécurité publics garantissant le revenu et les investissements des agriculteurs.
Cette vulnérabilité économique est le résultat direct d’une libéralisation des politiques agricoles et de l’intégration croissante de l’agriculture dans le commerce international. A cela s’ajoutent les effets du dérèglement climatique, engendré lui aussi par des rapports de production capitalistes, augmentant considérablement l’incertitude qui pèse sur les producteurs. Il s’agit inévitablement d’une source de spéculation et de pénuries pour les populations.
Il est temps de rompre avec cette logique mortifère qui, outre les atteintes sur l’environnement et la santé publique, se traduit par une érosion de l’emploi agricole et de moindres créations de valeur ajoutée par unité de travail, surface ou cheptel.
L’agroécologie : une réponse politique et agronomique
Les communistes défendent un projet de rupture basé sur l’agroécologie. Cette logique agronomique repose sur :
- l’exploitation des synergies entre espèces et variétés
- le bouclage des cycles de l’eau et des nutriments
- l’autofourniture des moyens de production
- la gestion durable des ressources naturelles.
Ainsi, cette logique associe des mesures de régulation à de nouvelles manières de produire. Elle s’inscrit à contre-courant des dynamiques contemporaines du développement du capitalisme, qui, comme le disait si bien Marx, épuise l’être humain et la nature.
Une transformation systémique de l’agriculture
Le PCF défend donc une transformation systémique de notre agriculture basée sur cinq piliers :
• Organiser l’intervention publique
L’intervention publique sur les prix et les volumes assortie d’un régime public d’assurance et de gestion des risques permettraient de sécuriser le revenu du producteur, ce qui ralentirait drastiquement la course contrainte aux rendements et le recours à la chimie préventive. Les communistes défendent également la mise en place d’un grand service public vétérinaire, d’hygiène, de contrôle et de traçabilité qui se chargera, entre autres, de traquer efficacement les résidus de pesticides dans notre alimentation.
• Soutenir les pratiques agroécologiques
De même, les pratiques agroécologiques telles que la réintroduction d’élevage dans des zones céréalières, l’agroforesterie, le maintien des prairies permanentes, l’allongement des rotations, etc. devraient faire l’objet d’aides couplées dédiées.
• Accompagner la sortie des pesticides
Les communistes proposent également d’établir, pour chaque exploitation agricole, un diagnostic précis assorti d’un accompagnement technique et économique pour bâtir un plan individualisé de sortie des produits phytosanitaires conforme à des objectifs de réduction fixés annuellement pour chaque région agricole. De tels plans devraient faire l’objet de financements dédiés, alimentés par une contribution spéciale sur la valeur ajoutée créée par les entreprises d’agroéquipements et agrofournitures.
• Développer l’emploi, la formation et la recherche
Le PCF porte l’objectif de 500 000 agriculteurs en 2030. Cela implique de doubler les fonds de la dotation d’installation des jeunes agriculteurs avec une attribution tenant compte des critères d’emploi sur l’exploitation, d’éco-conditionnalité et de durabilité avec l’objectif de permettre plus d’une installation pour un départ.
La transformation agroécologique passera également par les programmes scolaires de l’enseignement agricole public, avec la nécessité d’augmenter le temps de formation aux alternatives aux pesticides, ainsi que par un véritable droit à la formation continue tout au long de la vie professionnelle.
De plus, le PCF est intimement convaincu qu’une recherche agronomique publique mieux financée et encore plus indépendante est absolument indispensable pour aider à concevoir, en lien avec les agriculteurs, des systèmes de culture moins dépendants aux produits phytosanitaires. Il en est de même pour l’intérêt de renforcer les subventions publiques versées à des réseaux d’agriculteurs (groupements d’agriculture bio, CIVAM etc.) visant à échanger sur ses pratiques, comparer ses résultats et se former entre pairs.
• Financer la transformation agroécologique
Le PCF porte un changement du rôle des banques et la réorientation du crédit bancaire qui étrangle les exploitants agricoles et les pousse au surinvestissement et au productivisme, avec :
- un grand plan d’installation des jeunes agriculteurs, assorti de prêts à taux négatif sur des critères écologiques et sociaux, refinancés par la Banque centrale européenne ;
- une renégociation des dettes, jusqu’à certaines annulations, conditionnée là encore au respect de critères sociaux et écologiques ;
- une aide à la transformation agro écologique (dont la mise à niveau aux normes environnementales) avec des prêts à taux négatifs, financés par un fonds public de bonification, privilégiant le secteur mutualiste, refinancé par la BCE, sous condition d’engagements écologiques et sociaux précis, suivis en lien avec les conférences permanentes.
Le PCF salue les initiatives menées dans le cadre de cette 20e Semaine pour les alternatives aux pesticides et plaide pour une réponse politique s’inscrivant en rupture des dynamiques contemporaines du capitalisme agraire.
Une transformation agroécologique s’impose et les communistes souhaitent prendre toute leur part pour bâtir de nouveaux Jours heureux pour notre agriculture, l’environnement et la santé publique.
Parti communiste français
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