Marseille, 3 mai 2025 : Une journée pour le droit au logement par Julien Sueres

Le 3 mai 2025, Marseille a vibré au rythme de l’initiative du Parti de la Gauche Européenne (PGE) pour défendre le droit au logement, dans le cadre de leur campagne « Le logement est un droit, pas une marchandise ».

En tant que représentant national de la Confédération Nationale du Logement (CNL), j’ai eu l’honneur de participer à cette journée mémorable, mêlant mobilisation de terrain et débats d’idées. Récit de cette journée, entre la rue d’Aubagne et les locaux de la fédération des Bouches-du-Rhône du PCF.

Illustration 1

La délégation de la Gauche Européenne devant la Rue d’Aubagne avec la maire Sophie Camard © Julien Sueres

Matinée : Une déambulation poignante dans la rue d’Aubagne

La journée a débuté par une marche exploratoire dans le quartier de la rue d’Aubagne, guidée par Sophie Camard, maire des 1er et 7e arrondissements de Marseille. Ce lieu, marqué par l’effondrement tragique de deux immeubles en 2018 qui a coûté la vie à huit personnes, reste un symbole du mal-logement. Sophie Camard nous a conduits à travers les ruelles, racontant l’horreur des habitats insalubres où des familles vivaient dans des conditions indignes. Mais au-delà du drame, elle a mis en lumière la formidable solidarité de la communauté : voisins, associations et collectifs se sont mobilisés pour soutenir les victimes et exiger des changements.

Illustration 2

Un hommage est rendu aux martyrs de la rue d’Aubagne © Julien Sueres 

Sophie Camard a également partagé les avancées significatives dans la reconstruction du quartier. Elle a détaillé les montages administratifs et financiers publics mis en œuvre pour réhabiliter les logements, un véritable « électrochoc » pour Marseille. Ces innovations, combinant fonds publics et volonté politique, montrent qu’une autre approche du logement est possible, loin de la spéculation immobilière.

Illustration 3

Le lieu d’un ancien immeuble qui a fait plusieurs morts lors des effondrements © Julien Sueres

Illustration 4

Les autorités et la populations ont décidé qu’il ne pourrait pas y avoir de nouveaux logements sur cet endroit. Un centre de ressources sera construit à la place. © Julien Sueres

Après-midi : Des débats pour dresser un état des lieux et proposer des solutions

L’après-midi, nous nous sommes réunis dans les locaux de la fédération des Bouches-du-Rhône du PCF pour deux tables rondes riches en échanges, réunissant des acteurs politiques, syndicaux et associatifs de France et d’Europe.

Table ronde 1 : Le mal-logement et l’ubérisation en France et en Europe

Animée par Hélène Bidard, dirigeante nationale du PCF, la première discussion a dressé un état des lieux accablant. Sophie Camard est revenue sur la gestion de l’après-effondrement de la rue d’Aubagne, soulignant les défis mais aussi les progrès réalisés localement. Marianne Margaté, sénatrice PCF de Seine-et-Marne, a partagé ses travaux au Sénat sur les syndicats de copropriété, pointant les failles dans la gestion des immeubles collectifs. Simon de Beer, du Parti du Travail de Belgique (PTB), a exposé les luttes pour le logement à Forest, près de Bruxelles, où la spéculation immobilière chasse les classes populaires. Christophe Casanova, journaliste à La Marseillaise, a évoqué la campagne #Balancetontaudis, qui donne la parole aux locataires victimes de logements insalubres. Enfin, Ismael Gonzales, coordinateur de la campagne du PGE, a rappelé l’ampleur européenne de la crise, exacerbée par les locations à court terme comme Airbnb et la financiarisation du marché immobilier.

Illustration 5

Les intervenants au premiers débats aux côtés d’Hélène Bidard, acceuilles ar Naïma Senanedj, responsable du PCF 13. © Julien Sueres

Table ronde 2 : Des alternatives pour le logement en France et en Europe

Le second débat, animé par Sylvie Vinceneux, responsable de la commission logement du PCF, a porté sur les solutions concrètes. En tant que représentant de la CNL, j’ai pris la parole pour dresser un bilan alarmant de la situation des locataires en France. Les augmentations de loyers, conjuguées à une explosion des expulsions, plongent des milliers de ménages dans la précarité. J’ai rappelé le succès de la pétition de la CNL en 2024, qui a recueilli 35 000 signatures pour exiger un gel des loyers et la construction massive de HLM (Vous pouvez la signer ici).

Mais surtout, j’ai insisté sur la nécessité d’une grande campagne transpartisane, intersyndicale et associative pour faire du droit au logement une priorité constitutionnelle. La proposition phare de la CNL, la Sécurité Sociale du Logement (SSL), a été au cœur de mon intervention. Inspirée de dispositifs comme la garantie VISALE, la SSL vise à créer une sixième branche de la Sécurité sociale dédiée au logement. Une caisse de prévention des impayés, financée par la mutualisation des dépôts de garantie, une cotisation sur les loyers, une contribution sur les crédits immobiliers, le budget VISALE et, à terme, une réforme de la Participation des employeurs à l’effort de construction (1 % des entreprises de plus de 20 salariés), permettrait de sécuriser les parcours résidentiels des locataires, qu’ils soient du secteur public ou privé, tout en garantissant les loyers des bailleurs. Les économies réalisées sur l’hébergement d’urgence pourraient également alimenter cette caisse. Couplée à l’encadrement des loyers, au « permis de louer » et à un service public de l’habitat renforcé, la SSL pourrait transformer le logement en un droit effectif, à l’image de la protection sociale en santé ou en retraite.

Illustration 6

Les intervenants de la 2ème table ronde autour de Sylvie Vinceneux. © Julien Sueres 

D’autres intervenant·e·s ont enrichi le débat. Patricia Tejas, de la CGT, a présenté les travaux récents de la confédération sur le logement, notamment sur la protection des salarié·e·s face à la crise. Romane Massip, secrétaire du Mouvement Jeunes Communistes de France (MJCF 13), a abordé les difficultés des jeunes, entre logement étudiant précaire et accès limité pour les jeunes travailleurs. Enfin, Christoph Haill, du Parti communiste autrichien (PKOE), a décrit la situation en Autriche, où les loyers explosent malgré un passé de politiques publiques robustes, et a défendu des propositions marxistes pour un logement abordable.

Illustration 7

De nombreux militants locaux sont venus participer aux débats. © Julien Sueres

Une mobilisation ancrée dans un mouvement européen

Cette initiative s’inscrit dans une série d’actions portées par le PGE en 2025, comme l’événement de Madrid en février ou celui prévu à Athènes le 23 mai. Elle reflète les revendications du PGE : stopper la marchandisation du logement, réguler les locations à court terme, interdire les expulsions sans relogement, investir dans des logements publics et durables, et lutter contre les discriminations dans l’accès au logement. À Marseille, où 45 000 demandes de logements sociaux sont en attente et 40 000 logements sont insalubres, ces revendications résonnent avec force.

Et après ? Continuer la lutte

Cette journée a montré que la lutte pour le droit au logement est plus que jamais nécessaire. En tant que représentant de la CNL, je repars avec la conviction que nous devons amplifier nos mobilisations. Rejoindre les groupes locaux, soutenir les politiques de contrôle des loyers, faire pression sur les élus et partager les histoires des locataires sont autant de moyens d’agir. Le PGE invite tous les citoyens à partager leurs témoignages via un QR code pour visibiliser la crise et exiger des changements.

Ensemble, faisons du logement un droit humain inaliénable. La lutte continue, à Marseille, en France et en Europe, pour une société plus juste et solidaire.

Illustration 8Une partie des militants ont mené une action sur les boites à clés AirBnB. © Julien Sueres


En savoir plus sur MAC

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Donnez votre avis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.