Le premier jour de la commission des Finances de l’Assemblée s’est achevé, lundi 20 octobre, avec le rejet de la taxe Zucman. Les représentants du « socle commun » et le Rassemblement national se sont de nouveau alliés pour protéger les milliardaires. L’examen réel du budget est prévue à partir de vendredi 24 octobre, dans l’hémicycle.

© Raphael Lafargue/ABACAPRESS.COM
Elle a beau ne pas être révolutionnaire, la taxe Zucman est devenue la cible favorite des milliardaires et de la frange de droite et d’extrême droite du champ politique. Ces derniers chantent de concert pour transformer l’économiste Gabriel Zucman en un « militant d’extrême gauche », comme l’a décrit Bernard Arnault (LVMH).
La taxe entend faire payer aux contribuables ayant au moins 100 millions d’euros de patrimoine un impôt minimum de 2 %, y compris sur le patrimoine professionnel. Un affront pour une caste dorlotée par la Macronie. La commission des Finances de l’Assemblée a justement permis de remettre le sujet sur la table. Cette dernière a achevé, lundi 20 octobre, son premier jour d’examen du budget 2026.
Un débat en présence de Sébastien Lecornu
L’occasion de relancer la bataille sur la fiscalité entre les députés. Les élus concernés ont réécrit plusieurs mesures gouvernementales et… rejeté la taxe Zucman. Ces débats, qui continueront de mardi matin à mercredi soir, sont un tour de chauffe avant le débat dans l’hémicycle dès vendredi 24 octobre, en présence du premier ministre Sébastien Lecornu. Les députés repartiront du texte initial du gouvernement, comme toujours pour les textes budgétaires. La commission permet toutefois de mettre en lumière les positions des groupes.
Les quatre groupes de gauche ont ainsi défendu en commission la fameuse proposition de Gabriel Zucman. « C’est une taxe de justice fiscale pour éviter que nos sociétés deviennent des sociétés totalement inégalitaires », a défendu Mathilde Feld (la France insoumise, LFI). « On a déjà compris. La taxe Zucman c’est non. L’impôt sur les grandes transmissions, c’est non. Le retour de l’ISF, c’est non », a égrainé François Ruffin (groupe écologiste), visant l’opposition dans sa proportion à rejeter la moindre tentative de justice fiscale. Seuls des amendements rétablissant « l’exit tax » – afin de freiner l’évasion fiscale des entrepreneurs – ont pu être votés favorablement.
Le principal concerné, Gabriel Zucman, a condamné cet énième rejet sur son compte X : « Refuser le principe d’un taux minimal d’imposition des ultra riches, c’est défendre le “droit“ des milliardaires à payer zéro. » C’est « un repoussoir pour les nouveaux entrepreneurs » voulant s’installer en France, a tenté de justifier le rapporteur général de la commission, Philippe Juvin (les Républicain, LR).
« Vous n’expliquez pas comment vous n’allez pas taxer les biens professionnels », a affirmé, de son côté, Jean-Philippe Tanguy (Rassemblement national, RN), estimant que la mesure favorise « une vague de désindustrialisation ». Pour Gabriel Zucman, le constat est clair : « Le RN, qui s’était abstenu en février (même s’il s’était déjà allié avec les macronistes pour sortir les “biens professionnels” de l’impôt plancher), fait aujourd’hui le choix clair de protéger les grandes fortunes. » L’imposture sociale que représentent les prises de position du parti d’extrême droite est de nouveau mise en lumière.
Surtout, ce premier jour a été une nouvelle occasion de voir ce qu’il reste des députés du « socle commun » et l’extrême droite s’allier pour faire barrage à la gauche.
Les délais constitutionnels prévoient, en théorie, une adoption du budget d’ici 70 jours pour celui de l’État et 50 pour la Sécurité sociale. En cas de dépassement des délais, le budget pourrait passer par voie d’ordonnances.
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