Le RN propose une purge de 100 milliards (comme à Moissac)

J. Bardella a adressé récemment une « lettre aux entrepreneurs » où il explique aux patrons comment le Rassemblement national (RN) règlerait le problème du budget. C’est pas très compliqué, selon lui : Il faudrait « réduire la mauvaise dépense publique » de plus de 100 milliards d’euros (le même chiffre que François Fillon en 2016), un chiffrage sur cinq ans, dans la perspective où le RN arriverait à Matignon. (Les chiffres de contre-budget 2025 présentés jeudi dernier par ce parti s’inscrivent dans ce cadre).

Et par « mauvaise dépense publique », le RN veut dire notamment : économiser sur l’immigration, freiner l’aide aux pays en développement, « mettre fin au millefeuille administratif ainsi qu’au coût exorbitant de la bureaucratie d’État ».

Arrêtons-nous à cette dernière proposition car c’est la plus ambitieuse de son programme, 30 milliards d’euros. Réduire le rôle de l’État, cela veut dire « une baisse globale du nombre de fonctionnaires, notamment par le non-remplacement de certains départs à la retraite ». Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme, devenu l’économiste-en-chef des nationalistes, ajoute : « Nous assumerons une rupture forte en matière de politiques publiques. La santé, l’éducation et les collectivités sont les trois grands pourvoyeurs d’emplois publics, donc trois sources de réorganisation majeures. »

C’est la première fois que le RN admet cette purge. Ce serait intéressant de savoir ce que ses électeurs en pensent. Rappelons pour mémoire qu’aux législatives du 7 juillet 2024 le RN réunissait 36 % des suffrages dans la fonction publique d’État, 39 % dans la fonction publique territoriale, et 41 % dans le versant hospitalier. Réduire le rôle de l’État, c’est aussi pour le RN supprimer deux échelons territoriaux, les régions et les communautés de communes, s’en prendre à la politique de formation professionnelle, d’apprentissage, aux subventions aux associations, à la politique du logement, sans oublier la privatisation de l’audiovisuel public.

Moins d’État et moins d’impôts… pour les patrons et les dominants: J. Bardella confirme la conversion du RN à l’orthodoxie libérale. « Nous proposons un choc fiscal positif par l’allègement massif des impôts de production afin de les réduire de 20 %, réalignant ainsi la France sur ses partenaires européens. » Pas question de revenir sur les baisses d’impôts aux entreprises opérées par Macron, pas question de toucher aux aides publiques aux entreprises, les désormais fameux 211 milliards d’euros.

Une orientation libérale donc, mais pas question non plus pour le RN d’effacer son affichage social. Il continue sans vergogne de promettre une baisse tous azimuts de la TVA et de prôner la retraite à 60 ans, même s’il se dit qu’ « en interne » cette proposition commence à être contestée.

Avec le RN, on touche pas aux gros et on prétend défendre les petits. Drôle de gymnastique qui est une constante des fachos français (Sous Vichy, les partis collabos se montraient défenseurs des travailleurs français). Marine le Pen résume bien ce mélange des genres en répétant ces derniers temps (à la différence de J. Bardella) que le RN n’est ni de droite ni de gauche.

C’est juste : il est d’extrême-droite.

Gérard Streiff

 

 


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