RN/FN.: Un « verdissement » sur fond identitaire #moissac #lopez

Pourquoi et comment le RN – et le FN avant lui – tente-t-il de développer un discours écologique, alors qu’il a toujours été sceptique sur les questions environnementales et notamment le changement climatique ?

Stéphane François Les tentatives d’élaboration d’un discours écologique sont très récentes en fait… les premières datent des années 1990, lorsque Bruno Mégret était le numéro 2 du parti. Mais Jean-Marie Le Pen était sceptique et voyait dans l’écologie une « préoccupation de bobos ». Et, de fait, l’écologie était absente des programmes du parti. Il y a eu une deuxième tentative en 2011, lorsque Marine Le Pen devint présidente du FN. Elle chargea Laurent Ozon de piloter le comité d’action présidentielle « écologie ». Celui-ci était un vieux militant écologiste, il a dirigé une collection chez Sang de la Terre et était responsable du Recours aux forêts, la revue écologiste de la Nouvelle Droite. Sauf que ses propos sur le massacre d’Utoya l’ont poussé à démissionner de ce parti… La question écologique n’est redevenue importante que ces dernières années, avec l’arrivée à la fois d’identitaires, très portés sur le localisme, et d’Hervé Juvin, ancien barriste devenu proche de Corinne Lepage.

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Malgré ce « verdissement », ce parti reste sceptique sur la question écologique. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les questions que Marine Le Pen souhaitait soumettre à Emmanuel Macron : peu sont de nature réellement écologique. Surtout, pourquoi cherche-t-elle à développer un discours vaguement écologique ? Les écologistes ne voteront pas pour elle et une majorité d’électeurs RN ne s’intéresse pas à l’écologie, voyant surtout dans les « écolos » des casse-pieds

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Pourquoi s’appuie-t-il sur le concept de localisme et qu’entend-il par là ? Qu’a ce concept de commun avec les thèses traditionnelles de l’extrême droite ?

Stéphane François Le localisme est un thème important à l’extrême droite, surtout dans les milieux identitaires et/ou régionalistes. Il renvoie à l’idée d’enracinement, en particulier dans un terroir. Il est lié à l’idée d’appartenance. Il renvoie aussi à l’idée de « patries charnelles » chères à Maurras et à l’Action française, ou aux communautés enracinées des différents groupes identitaires. C’est un thème qui fait consensus à l’extrême droite. Enfin, c’est une façon édulcorée pour le RN de mettre en avant le nationalisme : le produit est fabriqué « ici » et non « ailleurs », sous-entendu à l’étranger.

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Lors de la campagne des régionales, le discours écologique du RN était notamment axé sur la défense du patrimoine, menacé par exemple par les éoliennes ou la malbouffe américaine. Comment analyser ce discours qui a finalement peu en commun avec l’écologie ?

Stéphane François Il n’a rien d’écologiste effectivement, mais a un contenu ouvertement identitaire. On retrouve l’idée d’un patrimoine – « matériel » et « immatériel » – français qu’il faut défendre à la fois contre l’enlaidissement et pour protéger un mode de vie culinaire – pensons aux campagnes passées du Bloc identitaire contre les fast-foods et pour le sandwich baguette. Il s’agit de mettre en avant des images d’Épinal d’une sorte de France traditionnelle. Cela dit, derrière le combat contre les éoliennes, il y a aussi la volonté de défendre les intérêts de son électorat, parfois rural et propriétaire, qui voit d’un mauvais œil l’implantation d’éoliennes qui feront baisser la valeur de leur bien immobilier…