Est-ce qu’en répétant les erreurs on finit par faire du neuf? par D. Bleitracht

NDLR de MAC: un texte incisif et polémique qui replace le débat dans la perspective d’une construction d’un parti communiste plus fort et p^lmus à même de répondre au x défis de ce siècle. Un siècle après le congrès de Tours, à nous de montrer notre volonté!

Quand on s’étonnait de la jeunesse d’esprit d’Oscar Wilde celui-ci répondait avec son goût très particulier du sarcasme : “pour rester jeune c’est très simple il suffit de recommencer les mêmes erreurs. ”

Oserais-je vous avouer que hier après avoir écrit un texte, un de plus, sur la perspective offerte par l’élection législative, et ce que devrait faire le PCF, mon malheureux pays, je me suis demandé si en proférant de tels conseils, je ne cherchais pas à poursuivre une illusoire jeunesse en réitérant l’erreur de donner des conseils à des gens qui non seulement ne les suivraient pas, mais qui depuis plus de trente ans me font entendre par tous les moyens à leur disposition qu’ils en ont rien à foutre de moi et de mes recommandations. Quand je dis moi, lecteur mon ami, mon frère, pense que nous sommes quelques uns dans le même cas.

Soyons lucides : nous sommes devant une bouffonnerie avec cette FRANCE ingouvernable et il suffit de contempler ce schéma pour en avoir conscience. S’acharner sur ce que l’on peut attendre d’un tel résultat et croire que c’est de là que viendra la solution est stupide. Comme d’ailleurs est stupide le fait de croire en l’UE alors même qu’elle s’identifie à un OTAN de plus en plus en état de coma dépassé à force de n’être que la volonté des USA. Dans les deux cas, ne pas tenter de voir l’ampleur du champ politique est donc la première erreur et je n’ai pas vu grand monde s’en abstraire réellement. Ce refus de comprendre la période historique pour des raisons que l’on pense opportunistes est aussi une manière d’ignorer le quotidien de la majorité des Français comme de la plupart des peuples.

Peut être une image de texte qui dit ’RÉSULTAT DES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES PAR % D'INSCRITS RN DIVERSDROITE DIVERS LR DIVERS CENTRE ENSEMBLE 7,39% 2,98% ABSTENTION 16,47% RÉGIONALISTE DIVERS GAUCHE NUPES 53,77% 13,49% Û/’

Certes face à la bouffonnerie de cette France ingouvernable pour ignorer à la fois le mouvement du monde et les préoccupations populaires, il y a eu quelques références à un puissant mouvement social qui allait sûrement se développer. Mélenchon, en proie à son prophétisme mégalo, après avoir abandonné sa posture de premier ministre se voyait bien en émeutier en chef, une tête comme Lamartine ou un autre de ces narcissiques révolutionnaires bourgeois dont Marx dit qu’ils prennent la pose devant leur glace et cherchent la pierre philosophale pendant que le capital bat déjà monnaie. Une manière de ne rien voir en particulier du choix majoritaire de l’abstention, de l’état réel des forces organisées et de ce que lorgnera nécessairement le capital face à une France “ingouvernable’.

La première ressource du capital et du personnel qu’il rallie à ses intérêts, est de jouer les mesures antisociales en ralliant la droite et même l’extrême-droite et elle devra déboucher sur une exaspération, une jacquerie avec quelques provocations qui inquiéteront tous ceux qui possèdent le moindre bien, un nouveau mai 68 sans le parti communiste et la CGT de l’époque, et pourra s’en suivre une dissolution et une chambre bleu horizon introuvable. Croyez bien que le scénario est déjà dans la tête de certains et l’on flattera tout ce qui ira dans ce sens.

Il ne faut jamais faire ce que veut l’adversaire.

Donc il faudrait au contraire privilégier la construction et le renforcement de forces organisées avec des perspectives politiques, des pratiques à la fois autonomes et unitaires. Le contraire de ce vers quoi nous conduit le capital et une fausse radicalité.

Comment peut-on résumer cet enjeu-là et sa réalité qui tient autant à la situation du citoyen français en train de se dégrader qu’au mouvement du monde avec un capitalisme occidental, néo-colonial, belliciste luttant pour son hégémonie et qui nous entraîne vers la guerre, à une grotesque journée des dupes avec un Mélenchon s’étant lui-même placé hors sujet prétendant imposer une groupe unique dont il serait le leader à des partis politiques qui n’ont jamais signé pour cela et qu’il n’a pas consultés, mœurs acceptées dans la FI mais peu appropriées à une véritable concertation plus que jamais nécessaire. Eh bien ce que j’en tire c’est qu’il faut arrêter de faire une fixation sur le sieur Mélenchon, il faut reconstruire sans prétendre s’arrêter à chaque pierre du chemin, bref laissons le causer lui et les autres et agissons. Ne bousillons pas le congrès avec ce genre de choses, pensons d’une manière autonome. N’agissons pas avec Mélenchon comme les Espagnols avec l’église, la moitié avec un cierge, l’autre moitié avec un bâton. Centrons sur nos propres tâches en particulier le socialisme.

Je sais que si l’on en reste là on va vers la catastrophe et il faut dépasser ce terrain-là, mais quelle chance ai-je d’être entendue: aucune…

Le plus que je puis espérer c’est de voir venir un camarade qui me décrit longuement ce que je ne cesse de lui répéter depuis dix ans au moins et qu’il est persuadé d’avoir découvert et devoir m’en convaincre alors que je suis déjà ailleurs. L’idée que l’on ait pu me traiter injustement et que j’en souffre ne l’effleure même pas, je suis une excessive, je ne sais pas m’y prendre et je mérite donc mon sort.

Hier, personne je dis bien personne ne daignait s’intéresser à autre chose qu’au crêpage de chignon avec Mélenchon. Il est vrai que le personnage illustre de manière caricaturale l’état de la politique tant son emphase et son opportunisme se combine avec l’art de n’avoir point d’alliés, point de collectif autour de lui, il est simplement de ceux dont on dit en Provence: il verrait une bel enterrement, il voudrait être le mort. C’est un type et il dit le caractère parasitaire de nos institutions, la manière dont elles engendrent de tels personnages.

Comment la vie politique du moins dans les pays où s’épuise une démocratie faite exclusivement pour préserver la dictature de la bourgeoisie, les profits du capital et les privilèges de ses suppôts, engendre tant de tartarins de Tarascon ? Tant de grotesques ? Macron, Mélenchon, l’impuissance, l’arroseur arrosé, celui qui voit dans la manière dont la réalité ne cadre pas avec l’image qu’il a de lui l’entêtement du public à ne point le comprendre et s’avère incapable à percevoir autre chose qu’encouragement à poursuivre dans sa propre erreur. La réalité n’est alors plus qu’une tenace et incompréhensible hostilité à adopter les remèdes qui lui assureront la toute puissance du caprice.

Et cette conception du politique ruisselle de la base au sommet et chacun s’écarte pour au moins n’être pas pris dans cette affaire-là qui visiblement ne le concerne pas.

Alors le vrai problème n’est pas d’en rester à ce grotesque mais bien de reconstruire la vie politique au milieu du cadavre de l’ancienne. en particulier le poids des élus, ce qu’il faut privilégier ce sont les forces organisées, pas seulement le “mouvement” qui va pouvoir être une arme qui nous mènera vers un renforcement des forces conservatrices.

Il est clair que nous n’avons pas à notre disposition ni Lénine, ni Fidel, la seule solution pour qu’ils naissent est peut-être de faire avec ce que nous avons en nous dépassant nous-mêmes tels que nous sommes.

Fabien Roussel doit évoluer, il est déjà un excellent député et ce qu’il dit sur le fonctionnement de la gauche à l’assemblée nationale et le rôle du groupe communiste me satisfait pleinement parce qu’il retrouve ce qui a fait l’originalité du début de sa campagne:le refus du politicien et le souci d’être en prise directe sur les exigences légitimes des citoyens français.

Il ne lui reste à partir de là à avancer vers l’essentiel EN TANT QUE SECRETAIRE DU PCF : reconstruire un parti communiste dont nous avons tous le plus urgent besoin. Il faut partir de ce que nous avons et non d’un idéal qui doit être construit. Le pessimisme est un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre mais il faut aussi savoir le but que nous nous donnons et qui va nous permettre d’avancer.

Je dis ça, je dis rien et peut-être est-ce que je continue à répéter l’erreur de donner des conseils à ceux qui n’en veulent surtout pas.

Danielle Bleitrach


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