Du réchauffement climatique à la spéculation sur l’alimentation

Nous avons évoqué hier les risques de voir chuter fortement la production agricole en France du fait de la sécheresse et des journées de canicule qui détruisent des cultures. Mais c’est aussi le cas un peu partout dans le monde et on annonce déjà une baisse des rendements céréaliers. De quoi faire repartir la spéculation au détriment de la souveraineté des peuples, y compris en France et dans les autres pays membres de l’Union européenne.

Les journées chaudes de la fin du printemps et du début de l’été ont fait prendre trois semaines d’avance aux moissons de cet été en France par rapport aux dates moyennes des années précédentes. Dans les pays membres de l’Union européenne, la récolte céréalière de 2022 est annoncée en baisse 4,4 % sur 2021 pour totaliser 227 millions de tonnes, selon des prévisions faites au début du mois de juillet par le COPA-COGECA. En France, on annonce des rendements hétérogènes selon les régions et la nature des sols, qu’il s’agisse du blé, de l’orge d’hiver ou du colza. Le rendement moyen est actuellement estimé à 69,5 quintaux l’hectare pour le blé tendre, soit une baisse de 2 % comparé à 2021 et de 3 % sur la moyenne des dix dernières années. Aux États-Unis, plusieurs États céréaliers subissent une sécheresse sévère voire extrême cette année. La Nina, phénomène climatique qui sévit depuis l’hiver dans le Pacifique accentue cette sécheresse. On prévoit pour le Kansas des rendements céréaliers en baisse de 30 % en moyenne par rapport à l’an dernier. La situation ne semble pas meilleure dans des États comme l’Oregon et le Texas. En Ukraine, les moissons sont perturbées par la guerre et les retards pris dans l’exportation de la récolte de 2021. Du coup, on manque de place dans les silos pour le stockage de la récolte en cours.

La pire sécheresse depuis 70 ans en Italie

En France, du fait de la sécheresse, les rendements du maïs, récolté en grain ou destiné à l’ensilage pour nourrir les herbivores, seront en baisse sensible cet automne par rapport à la moyenne des années précédentes. Les effets cumulés des journées de canicule et des restrictions d’eau imposées aux irrigants réduiront la production à l’hectare dans de nombreuses régions. Car le manque d’eau va perdurer dans les rivières comme dans les nappes phréatiques. En Italie la plaine du Po, où se cultive beaucoup de maïs pour nourrir le bétail, est confrontée à la plus grande sécheresse observée depuis 70 ans. Cela rendra difficile la situation les éleveurs et réduira probablement l’importation des « broutards » français, ces jeunes bovins des races à viande vendus au moment du sevrage aux engraisseurs italiens.

Du fait de ces aléas climatiques venant s’ajouter aux conséquences de la guerre en Ukraine, la spéculation mondiale sur les matières premières comme le blé tendre, le blé dur, le maïs, l’orge, le colza, le tournesol et de soja risque de repartir de plus belle. Elle provoqua déjà une forte augmentation des prix de mars à mai, avant de baisser un peu au mois de juin. Car des pays pauvres ont différé les achats prévus au printemps en espérant une baisse des cours après la moisson de l’été. Néanmoins, le 5 juillet dernier, la tonne de blé tendre rendue au port de Rouen pour l’exportation cotait 350 € contre 200 € un an plus tôt. Le prix de la tonne de tourteaux de soja – que la France importe en grandes quantités pour équilibrer les rations des porcs, des volailles et des vaches laitières – était de 520 € en juin dernier rendu au port de Lorient, contre moins de 400 € un an plus tôt.

Vers une hausse durable des coûts de production

Chez les éleveurs d’herbivores ruminants, comme les vaches laitières, les vaches allaitantes, les brebis et les chèvres, les effets cumulés de la sécheresse et des périodes de canicule, ont pour double conséquence d’augmenter les coûts de production et de réduire le volume de lait produit chaque jour, comme la prise de poids des animaux de boucherie. Dès que l’herbe ne pousse plus, il faut entamer les réserves de foin stockées pour l’hiver et acheter davantage d’aliments du bétail contenant des tourteaux. Parallèlement, la chaleur intense réduit le rendement laitier des vaches, des chèvres et des brebis, comme la prise de poids des animaux destinés à la boucherie. En juin dernier, la hausse des prix à la consommation était de 5,8 % sur douze mois et elle pourrait atteindre 8 % entre janvier et décembre 2022. En raison des conséquences de la sécheresse, les prix alimentaires vont augmenter dans les prochains mois, compte tenu de la hausse des coûts de production que subissent les paysans, comme de la spéculation au niveau planétaire. C’est aussi au regard de ces réalités qu’il faudra examiner ce que sera le chèque alimentaire promis d’ici la fin de l’année par le gouvernement pour les ménages les plus pauvres. Jusqu’à présent, la somme de 100 € versée en une fois par ménage et censée couvrir douze mois a été annoncée. Il serait question d’ajouter 50 € par enfant à charge, ce qui donnerait 200 € pour un couple avec deux enfants. De quoi acheter une demi-baguette de pain par jour avant de la partager en quatre !

Un président aux propos esclavagistes le 14 juillet

Lors de son entretien télévisé du 14 juillet, le président Macron s’est montré discret sur le sujet. Il a surtout plaidé pour « réformer le droit du travail » afin de favoriser de nouvelles formes d’esclavage, sans jamais concéder qu’il convenait de mieux payer les salariés dans un pays où des millions de gens peuvent rester au SMIC toute leur vie, tout en ayant une bonne qualification professionnelle sur une chaîne de production en usine ou dans un salon de coiffure, pour ne prendre que deux exemples. Voilà aussi pourquoi, on n’arrive plus à recruter dans certains métiers. C’était aussi cela qu’Emmanuel Macron refusait de reconnaître devant Anne-Claire Coudray et Caroline Roux le 14 juillet. Il aurait peut-être fallu lui rappeler son passage à la Banque Rothschild. Il fut chargé de négocier des fusions acquisitions entre firmes multinationales de 2009 au début de l’année 2012 avant de devenir secrétaire général adjoint de l’Élysée auprès du président Hollande. À la banque, les sommes perçues par Macron pour l’année 2011 et rendues publiques par BFM Business en 2017, furent les suivantes : un salaire de 403 600 €, auquel s’ajoutaient 706 300 € de « bénéfices industriels » et 291 300 € de « parts de dividendes dans les sociétés du groupe Rothschild ». L’information n’a jamais été démentie par l’intéressé. Ajoutons qu’il était entré dans cette banque après avoir rédigé le rapport de la Commission Attali en 2008. En s’inspirant de ce rapport, le gouvernement Fillon fit voter une « Loi de Modernisation Économique » pour permettre aux enseignes de la grande distribution sous-payer les produits agricoles au départ de la ferme comme à la sortie des PME de l’industrie agroalimentaire. Ses effets très négatifs perdurent depuis malgré le vote de deux lois EGALIM en 2018 et en 2021 !


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