De la lutte contre la vie chère à celle pour le travail en passant par son 39e congrès, c’est un agenda chargé qu’a concocté ce week-end le conseil national du Parti communiste, non sans débat.
Réformes de l’assurance-chômage et des retraites, budget d’austérité, crise de l’énergie… Face au « programme de classe, de combat pour faire payer la crise au peuple » d’Emmanuel Macron, le PCF a fixé son cap pour les mois à venir lors de son conseil national, ce week-end. « Lançons une grande campagne autour de l’enjeu du travail et de l’emploi, pour redonner du sens au travail, augmenter les salaires, former, créer des emplois, sécuriser les parcours professionnels », a d’emblée invité le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, estimant que « ces derniers jours ont montré que nous avions la capacité d’ouvrir en grand le débat politique ».
Faire entendre les propositions du PCF
Au sein de la direction de la formation, cependant, tous ne partagent pas cette appréciation quant aux réactions suscitées par les déclarations du député du Nord à propos de « la gauche (qui) doit défendre le travail et ne pas être la gauche des allocations et des minima sociaux ». « Tout le monde est complètement d’accord sur l’objectif d’un emploi pour tous. Le débat porte sur les termes employés et le brouillard qu’ils suscitent. Qu’est-ce qui fait obstacle au plein-emploi : est-ce que ce sont les allocations ou le capital ? », a, par exemple, interrogé Nathalie Simonnet, responsable du PCF en Seine-Saint-Denis. À l’inverse, grâce à l’intérêt médiatique engendré par ces prises de parole, « nous apparaissons comme le parti qui défend l’idée de l’éradication du chômage, nous devons poursuivre quel que soit ce qu’on pense du style », juge notamment le secrétaire fédéral du PCF de Gironde, Sébastien Laborde. Une brèche dans laquelle Fabien Roussel compte se glisser pour faire entendre les propositions de sa formation tout en étant aux côtés « des privés d’emploi et de tous les travailleurs pour combattre la réforme de l’assurance-chômage ».
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« Une grande campagne contre le recul de l’âge de départ en retraite »
Dans une résolution adoptée ce week-end, les communistes appellent également à « une grande campagne unitaire contre le projet gouvernemental de recul de l’âge de départ en retraite et à construire un contre-projet ». Ils souhaitent aussi, face « à l’inquiétude populaire devant la hausse des prix de l’énergie, écrivent-ils, faire grandir la mobilisation pour (sa) maîtrise publique ». Concernant l’inflation, c’est aussi la question de la marche du 16 octobre contre la vie chère, annoncée vendredi par la FI, EELV et le PS, sans attendre la prochaine rencontre unitaire du 4 octobre, que le PCF avait à trancher. Et il a décidé de donner la « priorité » aux mobilisations syndicales des 22 et 29 septembre, mais souhaite que tout soit mis en œuvre pour élargir l’appel à la marche, et réserve sa décision à l’issue du rendez-vous de début octobre.
« Faire primer le combat de classe »
Outre les mobilisations, c’est aussi à leur congrès prévu les 7, 8 et 9 avril 2023 que les communistes occuperont les mois à venir. « L’heure est plus que jamais à construire le renouveau du communisme français pour relever les défis de la période », a estimé Fabien Roussel à ce sujet. « Une course de vitesse est clairement engagée. Ou bien la gauche et les écologistes sauront se redéployer sur une orientation et un programme qui redonnent confiance et espoir au monde du travail et aux classes populaires ; ou bien c’est le pire qui peut s’imposer » avec l’extrême droite, a-t-il mis en garde, invitant les siens « à faire le bilan des quatre années, dont deux sous pandémie », écoulées depuis leur dernier congrès. À n’en pas douter, la candidature communiste à la présidentielle, au cœur du rendez-vous de 2018, en sera un élément. La question du rassemblement et de la Nupes aussi.
Et le secrétaire national du PCF de pointer une « autre question clé : celle de notre capacité à dialoguer avec les citoyens, les travailleurs du projet communiste pour construire leur unité en faisant primer le combat de classe sur toutes les assignations identitaires, qu’elles viennent des forces d’extrême droite, de droite mais aussi de certains à gauche ». Une orientation qui pourrait susciter le débat. « La gauche, pour être majoritaire, doit se concentrer sur les grandes questions sociales », confiait ainsi à la fin de l’été le responsable du PCF parisien, Adrien Tiberti, quand une militante des Hauts-de-Seine a dit craindre, ce week-end, que ce congrès ne s’engage en « ignorant, voire en méprisant, les luttes anticapitalistes dans lesquelles s’engage la jeunesse », comme les luttes pour le climat, féministes, antiracistes ou contre les violences policières. La première échéance en vue aura lieu début décembre avec le vote par le conseil national du texte d’orientation proposé par la direction. Des « textes alternatifs » pourront ensuite être déposés avant un vote des adhérents fin janvier pour choisir celui qui servira de « base commune » à leurs travaux.
D’ici la tenue de ce congrès, qui traitera aussi du « fonctionnement et des statuts » du PCF, Fabien Roussel se lancera dans un nouveau « tour de France », rythmé par 14 déplacements, dont le premier dès le 3 octobre, avec l’objectif d’un « débat direct » aussi bien avec les citoyens qu’avec les militants politiques, associatifs et syndicaux.
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