La Journée internationale de la paix, organisée ce mercredi, intervient en pleine guerre en Ukraine sur fond de menace nucléaire. Le désarmement demeure l’unique solution. Vingt-quatre voix lancent un appel dans l’Humanité pour défendre la paix.
Deux cent dix jours que la Russie a envahi l’Ukraine. Les mobilisations à l’occasion de la Journée internationale de la paix, ce 21 septembre, voient leur importance accrue dans ce contexte. « La guerre est une chambre obscure, sans lumière. Une fois la porte ouverte, on ne sait pas ce qu’il y a derrière », avertissait, à la Fête de l’Humanité, le général Dominique Trinquand.
La responsabilité de Vladimir Poutine dans ce basculement majeur du XXIe siècle, et ses crimes de guerre, ne souffre aucune contestation. Au bout de sept mois, après des dizaines de milliers de morts, Kiev a obtenu d’importantes victoires militaires, notamment dans la région de Lougansk. Depuis, le spectre d’une nouvelle guerre mondiale et de frappes nucléaires précipite le monde vers un gouffre jamais connu depuis la crise des missiles de Cuba en octobre 1962. L’ancien président Dmitri Medvedev a prétendu être, la semaine dernière, dans un « prologue à la troisième guerre mondiale », tandis que Kiev rendait public un projet de traité international sur des « garanties de sécurité » que devraient octroyer à l’Ukraine les principales puissances occidentales.
La coexistence n’est pas une parmi plusieurs options acceptables, elle est la seule chance de survie. Willy Brandt
Face à ces menaces planétaires, les États-Unis, l’Union européenne et l’Otan ont fait le choix d’affaiblir militairement la Russie et de remporter cette guerre par procuration. « Mais que se passera-t-il quand l’armée conventionnelle russe se sentira acculée ? » interroge Francis Wurtz. Le député honoraire européen cite en réponse les propos du général Vincent Desportes, ancien directeur de l’École de guerre : « La question en stratégie est toujours de savoir comment va réagir l’autre. Poutine va monter dans les gammes, et il n’y a pas d’autre possibilité que d’aller frapper avec le nucléaire, d’abord en Ukraine, sûrement, et possiblement ailleurs par la suite. (…) Je suis très inquiet. (…) Cette guerre doit s’arrêter ! »
Voir aussi :Faire résonner l’espoir de la paix
Bien avant ce conflit, les budgets militaires n’ont jamais cessé de croître (1 000 milliards de dollars de dépenses d’armements pour les pays de l’Otan). Les traités de désarmement signés entre États-Unis et Russie ont été abandonnés. Seul l’accord bilatéral New Start, sur la réduction des armes stratégiques entre les deux principales puissances nucléaires, a été prolongé en 2021 pour cinq ans. Pour Hiroshi Taka, responsable d’une organisation japonaise pour l’abolition de ces armes de destruction massive, « la guerre a brisé toute illusion selon laquelle les armes nucléaires servent de “garantie de sécurité”. La seule vraie garantie contre leur utilisation est leur élimination ».
C’est dans ce contexte que s’est ouverte, mardi, la 77e Assemblée générale de l’ONU, à New York. La majorité des États regardent inquiets la menace nucléaire. Une forme d’agacement pointe parmi de nombreux pays sur le peu de médiatisation et de considération vis-à-vis d’autres conflits. Dans son discours à Oslo, le chancelier ouest-allemand Willy Brandt soulignait déjà, à l’occasion de la remise de son prix Nobel de la paix en 1971 : « Sous la menace d’une autodestruction de l’humanité, la coexistence est devenue la question de l’existence elle-même. La coexistence n’est pas une parmi plusieurs options acceptables, elle est la seule chance de survie. »
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