Voie professionnelle : Après la grève.. in Caf. Péda. + Com. CRC Occitanie

Mobilisation réussie pour la grève des lycées professionnelle du 18 octobre. Si le ministère et les syndicats ne sont pas d’accord sur le taux de grévistes, celui-ci est important et probablement majoritaire. Mais le plus dur reste à faire. Vendredi 21 octobre les syndicats sont invités à la première réunion de concertation sur la réforme. Déjà apparaissent des fissures dans l’unanimité syndicale qui a permis la réalisation de cette grève historique…

Inédit : une grève public – privé

« Je suis là contre la casse du lycée professionnel ». Marie est professeure de lettres histoire dans un lycée professionnel de Noisy-le -Grand. Avec sa collègue, professeure d’EPS, elle est venue manifester contre la réforme de la voie professionnelle.  Et particulièrement « contre le doublement des périodes de stage qui va appauvrir la richesse des enseignements et faire que le lycée professionnel meurt ».

Sébastien Blandin enseigne l’éco gestion dans un lycée professionnel privé sous contrat en Bretagne. Il est responsable national du Spelc, un syndicat de l’enseignement privé. « On est là pour défendre le métier et la qualité de la formation pour les élèves », nous dit-il. Il craint le développement de l’apprentissage voulu par le gouvernement car le mélange des élèves et des apprentis crée beaucoup de problèmes pédagogiques. A cela s’ajoute un motif propre à l’enseignement privé : « si demain on n’a plus que des alternants on va privatiser nos métiers », dit il. « Les lycées professionnels deviendront des CFA privés  et nos emplois d’agents de l’Etat disparaitront ». On comprend mieux la mobilisation inédite des syndicats du privé (FEP Cfdt, Spelc CFTC par exemple) contre la réforme.

Une grève majoritaire ?

Le 18 octobre 23% des professeurs des lycées professionnels sont en grève selon le ministère. Un nombre revu à la hausse par les syndicats. « On est majoritaire à avoir déposé le cartable pour exiger le retrait du projet Macron », nous dit S Gérardin, co-secrétaire générale du Snuep Fsu. Elle estime qu’il y a 62% de grévistes chez les professeurs de lycée professionnel (PLP).  Selon Pascal Vivier, du Snetaa FO, 103 lycées professionnels ont fermé leurs portes. Mais Stéphane Crochet, secrétaire général du Se Unsa, évoque seulement 30% de grévistes.

Rendez-vous le 21 octobre…

Ce n’est pas la seule différence entre les syndicats, unanimes à appeler à la grève le 18 octobre. Vendredi 21 Carole Grandjean, ministre de l’enseignement et de la formation professionnelle, appelle les syndicats à participer aux 4 groupes de travail qu’elle va réunir de novembre à décembre 2022.

Dans une lettre du 10 octobre elle assure que la réforme « sera installée très progressivement », alors que le président de la République l’a annoncée pour la rentrée 2023. Les groupes ont déjà des thèmes définis : augmenter progressivement les périodes de formation, renforcer le lien école entreprise, adapter les organisations pédagogiques, renforcer les enseignements généraux, donner les moyens aux LP d’adapter leurs projets d’établissement aux réalités locales ». Iln’est pas vraiment question de concertation mais de groupe de travail dont les thèmes reprennent les points de la réforme annoncée par E Macron.

Face à cette invitation l’intersyndicale aura bien du mal à garder son unité. « Dans le courrier tous les éléments du socle de la réforme sont présents », nous dit S Gérardin.  « On voit un petit recul à propos de l’augmentation progressive de la durée des périodes de stage. Mais c’est une ligne rouge. Les conditions ne sont pas réunies pour entrer en négociations ». La CGT estime aussi que « pour obtenir le retrait de ce projet mortifère il faut intensifier la mobilisation dans la perspective de nouvelles journées d’action et de grèves très rapidement après les vacances ». « On va aller à la concertation pour voir la tonalité de cette réunion », nous dit Stéphane Crochet. « Le courrier (de C Grandjean) dit qu’on peut discuter des lignes posées par le président ce qui est une nouveauté. Il faudra voir la sincérité de cela ».

L’intersyndicale doit se réunir mercredi après midi. Au menu :la participation ou non aux 4 groupes de travail de vendredi et la poursuite de l’action. Arrivera t-elle à maintenir une unité sans laquelle il sera vain d’espérer obtenir le blocage de la réforme de la voie professionnelle ?

François Jarraud

Communiqué groupe CRC Région Occitanie


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