De 7% du PIB en 2020, la dépense intérieure d’éducation passe à 6,8% en 2021. Mais ce recul correspond en fait à un retour à la normale des années 2000. Depuis les années 1990, cette même dépense, qui correspond à l’effort national consenti par le pays (ménages inclus) pour assurer le fonctionnement du système éducatif, a perdu un point de PIB, soit environ 25 milliards d’euros, un gros tiers du budget de l’éducation nationale. Cette baisse de la DIE provient de l’effacement de l’État qui continue de transférer à d’autres la charge de l’éducation…

En recul dans le PIB

«  En 2021, la dépense intérieure d’éducation (DIE), qui mesure l’effort consenti par la Nation pour le fonctionnement et le développement du système éducatif, est estimée à titre provisoire à 168,8 milliards d’euros. En euros courants, la DIE augmente de 8,3 milliards d’euros par rapport à 2020, année marquée par la crise sanitaire », annonce une Note de la Depp. Cette hausse ramène seulement la dépense intérieure d’éducation au niveau de 2019, l’année 2020 ayant vu un effondrement du PIB.

En termes de PIB, la DIE représente 6,8%, soit le plancher moyen des années 2005-2020. Elle est e recul par rapport à 2019, année, on l’a vu, exceptionnelle. Surtout, elle est en net décrochage par rapport aux années 1990 où elle se situait un point de PIB au-dessus. Un point de PIB, c’est 25 milliards, un peu moins de la moitié du budget de l’Éducation nationale. On mesure ainsi mieux à quel point le pays a rogné, depuis les années Sarkozy, sur ses dépenses éducatives. Cela a peut-être à voir avec les résultats du système éducatif…

L’effort de l’État diminue

En fait, ce n’est pas le pays qui a dépensé moins pour l’éducation. Mais l’État. Dans les années 1980, l’État payait les deux tiers de la DIE : 66% en 1980, 64% encore en 1984, 59% en 1990, 60% en 2000, 58% en 2002. Le décrochage se fait à partir de 2007 où on passe à 56%, puis 55% en 2008 en 2008. Depuis 2008, la part de l’État tourne autour de 55% jusqu’en 2018. En 2021, elle est de 57%, en recul de deux points par rapport à 2019, année exceptionnelle.

Qui a remplacé l’État défaillant ? Les collectivités territoriales dont la part dans les dépenses d’éducation est passée de 14% en 1980 à 23% en 2021. Les lois de décentralisation sont passées par là. Et le mouvement continue avec le transfert de l’orientation récemment. Dans ces collectivités, c’est la part des régions qui progresse puisque c’est à elles que la loi transmet de nouvelles responsabilités comme les transports scolaires. La part des entreprises augmente également : elle est passée de 7 à 9% des années 1980 à 2021. Celle des ménages a baissé dur la longue durée, mais elle augmente de 6.6 à 7.5% de 2020 à 2021.

Plus de dépenses pour le 1er degré

Entre les niveaux éducatifs, c’est le premier degré qui voit ses dépenses augmenter le plus. De 2010 à 2021, la dépense moyenne dans le 1er degré a augmenté de 1.5% par an alors qu’elle a diminué de 0.4% par an dans le second degré et de 1% dans le supérieur. En 2021, le coût d’un écolier est de 7440€ soit 410€ de plus qu’en 2020. Elle était de 3480€ en 1980. Le coût d’un collégien est de 9150€ et celui d’un lycéen de 11570€ en voie générale, 13220€ en voie technologique. Le coût moyen d’un étudiant est de 11630€, en net recul depuis 2007.

La France dépense moins que les autres pays riches

Si l’on compare avec les autres pays de l’OCDE, La France dépense un peu plus que la moyenne OCDE pour chaque élève : 11 201 $ contre 10 454 $ pour la moyenne de l’OCDE en 2018. Mais un seul grand pays développé dépense moins : le Japon (10 185$). Tous les autres pays développés dépensent plus. Ainsi, l’Allemagne consacre 12 791$ par élève, le Royaume-Uni 12 245, l’Italie 11 202 (un dollar de plus !), les États-Unis 14 009. Les pays qui dépensent nettement moins sont le Mexique, la Turquie ou encore, en Europe, la Hongrie et la Pologne.

Dernière particularité : la France fait partie des pays où la dépense d’éducation a le moins augmenté tout au long des années 2010. De 2012 à 2018, sa dépense par élève du primaire à la fin du second degré a augmenté de 0.5% par an. C’est trois fois moins que la moyenne de l’OCDE (1.6%) ou que la moyenne européenne (1.4%). En Allemagne, la dépense d’éducation augmente deux fois plus vite (0.9%), au Royaume-Uni et aux États-Unis trois fois (1.3%), en Italie 4 fois plus vite. Si l’on inclut le supérieur, l’écart est encore plus important entre la France (0.3%) et l’OCDE (1.6%).

Bien loin de dépenser plus que les autres pays européens pour son éducation, la France a un retard à rattraper. Elle n’investit pas assez dans l’éducation alors que celle-ci est créatrice de richesse comme l’OCDE le montre également.

François Jarraud

La Note Depp