Igor Zamichiei : « Nous voulons construire l’unité du salariat »

CONGRÈS DU PCF Avant le rendez-vous d’avril, les communistes choisiront ce week-end leur texte d’orientation. Coordinateur de l’exécutif du parti, Igor Zamichiei détaille le contenu de celui adopté par le conseil national.

Igor Zamichiei Coordinateur de l’exécutif du PCF

Les communistes ont rendez-vous à Marseille début avril pour leur 39e congrès. Mais, dès le week-end prochain, les adhérents du PCF voteront pour choisir leur texte d’orientation. Deux options sont sur la table. « L’ambition communiste pour de nouveaux jours heureux », adopté par le conseil national de la formation en décembre, sur lequel revient Igor Zamichiei. Et une proposition alternative, « Urgence de communisme – ensemble pour des victoires populaires », sur laquelle s’exprimera, mardi, dans nos colonnes, Nathalie Simonnet, secrétaire de la fédération de Seine-Saint-Denis.

À quels principaux enjeux doit répondre le congrès du PCF, selon vous?

L’enjeu majeur est de rassembler les communistes pour approfondir l’effort politique entrepris depuis quatre ans. À travers les luttes comme pour les retraites avec le retour à 60 ans, lors de la pandémie avec la levée des brevets, et pendant la présidentielle sur le travail, l’énergie et l’écologie, l’alimentation, la République, les idées communistes sont revenues au cœur du débat public. Il faut poursuivre ce travail qui vise à nous hisser à la hauteur des défis de la crise capitaliste. Comment mieux riposter au capital, au chaos mondial qu’il provoque ? Comment faire reculer la menace de l’extrême droite sur la République ? Comment unir le monde du travail et reconstruire la gauche pour la faire gagner ? Et enfin, comment reconstruire un parti populaire et influent ? Sur toutes ces questions, le projet de base commune adopté par la direction nationale et porté par Fabien Roussel propose une direction de travail ­cohérente en prolongeant les avancées de la dernière période.

La question du travail comme celle du monde du travail, au cœur de votre texte, doit-elle faire la spécificité du communisme?

Pourquoi le mouvement social n’a-t-il pas remporté de victoire majeure depuis tant d’années ? C’est d’abord parce que la mondialisation capitaliste, les contre-réformes ont créé d’immenses fractures sociales et territoriales dans le monde du travail. C’est aussi parce que la gauche s’est enfermée dans deux écueils. Soit renoncer, comme sous le quinquennat Hollande, à s’adresser aux catégories populaires. Soit les enfermer dans le clivage peuple–élite. Nous affirmons qu’un autre chemin est possible : construire l’unité du salariat. C’est une différence importante avec le texte alternatif, parce que celui-ci évacue la centralité du conflit capital–travail. Les combats pour le féminisme, contre le racisme ont un potentiel majoritaire s’ils sont menés en portant à la fois des revendications ­spécifiques à la domination subie et des revendications communes à l’ensemble du salariat.

Fabien Roussel a estimé, dans le Journal du dimanche, que la « gauche façon Mélenchon a atteint un plafond de verre ». Quelle stratégie préconisez-vous?

La réalité que certains ne veulent pas affronter est qu’à l’issue de la présidentielle et des législatives les problèmes de la gauche demeurent entiers. Des millions de salariés, de privés d’emploi pensent qu’une partie de la gauche ne se préoccupe plus du ­travail, s’écarte des principes laïcs universalistes de la République, n’a pas de projet pour que la France résiste au chaos mondial. En somme, qu’une ­partie de la gauche les aurait abandonnés. C’est cela le plafond de verre à briser. Notre stratégie vise à reconquérir ce monde du travail sans lequel il n’y a pas de majorité possible. La bataille des retraites est une clé pour cela, parce que l’aspiration à une retraite digne, à des jours heureux après une vie de travail, unit le salariat dans toute sa diversité, en témoigne la journée du 19 janvier, qui a rassemblé 2 millions de personnes dans les rues.

Comment l’avenir de la Nupes est-il envisagé?

La Nupes, c’est d’abord un accord électoral. Il a permis que la gauche ne soit pas marginalisée à l’Assemblée nationale, mais en plafonnant à un quart des suffrages exprimés. Le compte n’y est pas pour gagner. L’intervention communiste doit viser à la fois une activité autonome et unitaire, avec l’objectif de mobiliser les abstentionnistes et les catégories populaires. C’est exactement ce que l’on fait dans la bataille des retraites. Chaque fois que le travail avec les forces de gauche et écologistes permet de mettre en échec les projets du pouvoir, de dessiner des avancées communes, alors il faut des constructions unitaires. Et il faut savoir refuser des initiatives qu’on ne partage pas, comme la marche de samedi de la FI (lire aussi page 6 – NDLR). Le projet de base commune se donne les moyens d’ouvrir le chemin d’une unité victorieuse, quand le texte alternatif propose un repli sur une stratégie qui a déjà échoué.

Comme lors du dernier congrès du PCF, votre texte indique : « Nous avons décidé d’être présent·es avec nos candidates et candidats » à « chaque élection ». Y compris en 2027 ?

J’invite tous ceux qui ne pensent qu’à cette échéance, à gauche et au sein du PCF, à réfléchir au fait qu’empêcher l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir et faire que la gauche gagne se joue maintenant, comme l’a exprimé Fabien Roussel. C’est maintenant qu’il faut des avancées dans le débat politique et idéologique, un projet ambitieux et des victoires sociales. Et c’est à cette aune que se posera le choix stratégique pour 2027.


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