Fort des 2,8 millions de manifestants ce mardi, les syndicats unanimes contre la réforme des retraites comptent intensifier la mobilisation, en battant le pavé notamment le week-end pour diversifier les formes d’action.
Le bras de fer se poursuit entre l’intersyndicale unie contre le projet de réforme des retraites et l’exécutif qui estime toujours « non-négociables » aussi bien le recul de l’âge légal de départ, de 62 ans à 64 ans, que l’accélération du passage de 41 à 43 annuités de cotisations afin d’atteindre une pension sans décote. Renforcés par cette deuxième journée de mobilisation qui a rassemblé encore plus d’opposants que lors du 19 janvier (2,8 millions au total, contre 2 millions), les leaders syndicaux avaient rendez-vous ce mardi soir au siège de Force ouvrière pour donner une suite au mouvement social qui s’inscrit désormais sur les mêmes bases que celui historique de 1995, déjà contre une réforme des retraites.
Deux nouvelles dates de mobilisation nationale et interprofessionnelle ont été annoncées. La première le mardi 7 février, au lendemain du début de l’examen du projet de loi de financements de la Sécurité sociale rectificatif dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. La deuxième le samedi 11 février . « Ces deux dates ne seront pas comparables aux journées du 19 et 31 janvier. Mais ensemble, elles montreront la dynamique du mouvement », veut croire Simon Duteil, co-délégué de Solidaires
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« Ce soir le monde du travail avec les syndicats sont satisfaits. Cette réforme personne n’en veut et elle n’est pas nécessaire. Au gouvernement de revenir à la table des négociation », prévenait de son côté Catherine Perret, secrétaire confédérale de la CGT. Pour l’heure, le gouvernement demeurait arcbouté sur son texte face à une intersyndicale qui entend enraciner le mouvement selon de nouvelles modalités d’action. « La seule modalité de la grève constitue un risque d´essoufflement », prévient Benoit Teste. La FSU était d’ailleurs « très favorable à additionner une journée de grève à une date en week-end », selon son secrétaire général. D’autant que les opposants à la réforme doivent faire face à un calendrier contraint, entre débat express au parlement hâté par l’utilisation de l’article 47-1 et les vacances d’hiver. « Cela va se jouer dans la première quinzaine de février, mesure Marylise Léon (CFDT), avec ce nouveau calendrier d’action les citoyens doivent pouvoir se projeter. »
Après avoir réussi à implanter la mobilisation dans les territoires, comme dans les préfectures, les confédérations entendent soulever de nouveaux secteurs. « Nous avons encore une réserve, dans des professions qui n’ont pas l’habitude de se mettre en grève, assure Murielle Guilbert (Solidaires), comme les indépendants, dans le commerce ou encore les intérimaires qui ne sont pas comptabilisés dans les statistiques de grévistes. » « Dans nos cortèges parisiens, le syndicat de la propreté, notre principale en Ile-de-France, était présent pour la première fois, glisse Marylise Léon, les métiers de la deuxième ligne sont présents en nombre dans des mobilisations qui respectent les biens et des personnes. »
Si rien ne semble porter atteinte à l’unité de l’intersyndicale, les confédérations ont parfois des avis différents sur la nature à donner à la suite du mouvement. La CGT énergie s’illustre par exemple avec des actions « robins des bois », en rétablissant le courant aux foyers privés d’électricité ou en abaissant la tarification en faveur de service publics, de boulangers ou de petits commerçants. Celle-ci, accompagnée de ses homologues de la chimie, des cheminots et des ports et docks, ont prévenu que de nouvelles journées de grèves sont à prévoir pour 72 heures, à compter du 6 février (48 heures dès le 7 féviers pour les cheminots.)
De plus, la question de la reconduction de la grève commence a émergé, face à la fermeté apparente de l’exécutif. « La grève générale ne se décrète pas, elle se construit au plus près des salariés, dans les entreprises, en complémentarité de l’intersyndicale », nuance Murielle Guilbert, qui se dit toutefois favorable à des journées reconductibles. Du côté de la CDFT, « les grèves reconductibles se sont pas préconisées », affirme Marylise Léon, préférant d’abord confirmer « l’ancrage de la mobilisation, sans secteur à sa tête. » A contrario, à la CGT, « nos équipes travaillent au quotidien à cette hypothèse, en partant des réalités des salariés dans les entreprises et les lieux de vie », tranche Catherine Perret. Le secrétaire général adjoint de l’Unsa, Dominique Corona, met en garde : « La grève reconductible est la dernière des cartes que nous abattrons et sera synonyme d’une explosion de la colère. » Et d’ajouter: « Le gouvernement doit entendre ce qu’il se passe dans les profondeurs du pays. »
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