A propos de la déclaration de Fabien Roussel sur la NUPES par D. B.

Mon opinion n’est pas celle d’un membre du parti communiste, alors que ce dont je fais état relève d’abord des militants communistes, mais j’ai été longtemps membre de ce parti, j’en demeure sympathisante et je suis convaincue qu’il joue ou peut jouer un rôle essentiel dans la situation très grave que nous traversons. On peut d’ailleurs remarquer à ce propos que Fabien Roussel a le mérite au moins de ne pas fuir ce rôle central et souvent avec beaucoup de talent.

Donc commençons par l’essentiel de l’événement du jour : je ne suis certes pas choquée par l’affirmation que la NUPES n’est pas le cadre qui convient pour un pacte de gouvernement, et cette position me parait largement partagée par les communistes comme par une grande partie de la populations française.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que ce cadre ne convient pas, il a été conçu pour les ambitions politiques de Mélenchon, pour promouvoir sa candidature et pour ça seulement. De ce fait, déjà en ce qui concerne le travail législatif, j’ai appuyé la constitution d’un groupe communiste autonome et le refus de voir ce groupe se fondre dans une seule formation comme l’exigeait Mélenchon. Donc en répétant cela Fabien Roussel ne fait que respecter le mandat du 38e congrès. Et en se présentant comme candidat à la présidentielle il a encore respecté ce mandat et les communistes se sont sentis bien représentés, même si le vote utile, toutes les diversions visaient déjà à faire porter sur le seul candidat communiste les mécomptes du candidat Mélenchon, y compris sa grotesque prétention à être premier ministre, ce qui était au vu des scores un leurre grossier.

Je vais même plus loin, je trouve inadmissible les campagnes haineuses anticommuniste et totalement mensongères menées à cette occasion qui non seulement étaient indignes et peu fraternelles mais masquaient le véritable problème de la gauche à savoir le fait que cette gauche ne représentait même plus le tiers des électeurs tant la politique menée en son nom avait été désastreuse. Au lieu de s’engager dans cette direction nous avons assisté à des surenchères, des gesticulations qui ne mènent nulle part. Pourtant il faut bien s’interroger sur ce qui engendre l’abstention et même des votes de désespoir. Le seul à s’être attaqué à ce problème est justement Fabien Roussel. Malheureusement on n’est pas allé très loin sur cette voie.

Toujours dans le même sens, alors que la vie politique ne reflète que tractations de sommet, ambitions personnelles, la campagne de Fabien Roussel et toutes ses interventions ont montré un intérêt réel pour les aspirations de ceux qui souffraient le plus de la crise. Mieux il a esquissé l’essentiel, un retour vers le monde du travail. Tant qu’il avance dans ce sens, il apporte non seulement au PCF mais à la gauche, il la rend plus crédible et la sympathie dont il bénéficie ne relève en rien du hasard.

C’est à cause de cela et malgré mes désaccords profonds sur d’autres aspects que je continue à soutenir Fabien Roussel et s’il y avait une élection je voterais pour le candidat communiste. Il est dans le drame, je pèse mes mots, politique français une lueur, celle de voir la combativité du peuple français jouir enfin d’une perspective qui corresponde à ses aspirations. et pas à des visées idéologiques à mille lieux de ses préoccupations quand elles ne rentrent pas en contradiction avec celles-ci.

Mes désaccords néanmoins sont profonds et ils portent sur deux problèmes, le premier c’est la cécité sur les questions internationale et de ce fait l’impossibilité de mener réellement une campagne en faveur de la paix. Le fait que le PCF fasse une analyse fondamentalement erronée de la situation internationale bouche toute perspective puisqu’il est le seul à défendre pourtant une position de souveraineté nationale et de classe. S’il n’apporte pas ces bases indispensables on n’aura pas les conditions d’une campagne en faveur de la paix. Il ne s’agit pas d’une question annexe mais bien de celle qui conditionne tout programme de gouvernement, on le mesure en ce moment même avec le doublement du budget militaire, il ne suffit pas de dire que c’est trop, qu’il en faut pour les hôpitaux, les écoles, tout dépend effectivement de l’urgence il s’agit de dénoncer les bases du bellicisme actuel. Comme les autres forces de gauche sont pires si on va au gouvernement dans un collectif qui en reste à ce niveau c’est la catastrophe et le désaveu rapide d’une politique qui sacrifie les besoins populaires aux monopoles de l’armement, à leur financiarisation imbriquée dans le PROFIT et pas seulement l’évasion fiscale.

Le second c’est la nécessité d’un parti communiste. Fabien Roussel est plus un député, un excellent candidat, qu’un secrétaire du parti, ce n’est pas seulement de sa faute, il faudrait autour de lui une mise en mouvement, il n’a pas encore d’équipe. Ce weekend le PCF retourne au congrès sur des bases qui ne permettront peut-être pas de constituer une équipe qui se mettra au travail mais risque comme au congrès précédent d’être constituée sur des compromis de blocage. De tels compromis sont nécessaires dans des équipes gouvernementales mais pas dans un parti.

Donc par rapport à la déclaration de Fabien Roussel, je l’aurais souhaité après le congrès, après discussion collective avec une équipe homogène indispensable y compris pour commencer une démarche vers un collectif de gouvernement qu’il a appelé de ses vœux et qui ne me choque pas. Effectivement il n’est pas question d’en présupposer les limites mais il faut savoir justement quelles sont ces limites par rapport au but propre du parti. Mais si nous avons dans le parti lui-même les mêmes tendances en train de se disputer, voire dans le groupe communiste ce sera invivable. Et comme une des questions les plus importantes celles non seulement internationales mais dont les choix de paix ou de guerre deviennent de plus en plus urgentes seront de plus en plus divergentes dans le collectif de gouvernement, si nous n’avons pas un parti au clair là-dessus nous allons vers de sérieux mécomptes avec un peuple français dont le principal problème est l’absence de confiance dans la politique… Enfin, même s’il y a participation gouvernementale, l’expérience prouve la nécessité d’un parti plus que jamais et je trouve dommage qu’il soit beaucoup plus question de l’une et pas assez de l’autre. Mais n’étant plus membre du PCF il s’agit d’une impression de l’extérieur, cela suppose organisation et formation, cela manque cruellement de l’extérieur. On a envie à la veille du congrès de savoir ce que veut le PCF, avant de passer à la négociation avec qui en excluant ou en intégrant tel ou tel, il y a là une erreur de méthode, le PCF à la veille de son Congrès n’a-t-il pour but que de trouver une combinaison gouvernementale? Notre but n’est-il qu’un programme commun ? A-t-on réellement besoin d’un parti communiste pour cela surtout dans l’état où sont les forces politiques de gauche (de droite la débâcle est totale, c’est même ce désastre qui ‘ruisselle’ sur la totalité des institutions et de la vie politique)

On ne peut pas continuer à parler d’un référendum ou de vote de l’assemblée nationale pour toutes questions relevant du suivi ou non de l’OTAN, le PCF doit avoir des positions claires comme il en a sur les retraites, il doit en parler sur les mêmes bases claires avec ses alliés. Là encore Fabien Roussel a eu le mérite de dire d’où il parlait et qui il défendait, il faut aller dans ce sens et nous n’y sommes pas sur la paix et la guerre en particulier, les responsabilités doivent être posées y compris quand elles ne font pas consensus. Pour une part c’est cette absence de dialogue qui caractérise la NUPES, le spectaculaire étant privilégié par rapport à la réflexion et l’action commune dans laquelle l’intervention citoyenne prend son sens aux côtés du travail syndical.

Dans les polémiques stupides et volontairement orientées contre ceux qui tentent d’agir même si c’est insufisant, polémiques haineuses qui en fait vont dans le sens des voeux de la droite, en faisant table rase des possibles, il y a une haine que je ne puis que condamner.

Les polémiques qui ont fleuri autour du congrès de la CGT pour nier les avancées, et celles que l’on tente de la même manière de développer autour de laquestion de la NUPES sont un terrible constat de faiblesse. De la part de leurs iniateurs groupuscuaires, mais aussi du fait que la gauche française, les communistes se montrent incapables non seulement de veiller au renforcement de leurs propres organisations et à saisir l’opportunité historique. Tous ces gens ont ceci de commun avec le personnel d’un capital aux abois qu’ils se montrent incapables de participer aux enjeux internationaux. Alors que les dirigeants européens divisés courent en Chine et que celle-ci est en train de rassembler largement autour d’un nouvel ordre international, on peut craindre qu’avec un tel niveau de stupidité et de nombrilisme, la gauche et même ceux qui se disent communistes soient incapables de se situer à la fois à la hauteur du mouvement social français et de la Chine communiste.

Le Congrès du Parti communiste Français aurait pu y gagner un souffle inédit mais il aurait nécessité qu’il se centre sur le parti communiste qu’une telle période historique nécessite et pas sur les manoeuvres de couloirs et de sommet de la politicaille ordinaire.

Il m’aurait paru opportun d’entendre le congrès pour avancer en ce sens, les communistes savent donner l’image d’un débat serein et sur le fond, il faut prendre l’habitude d’y voir un atout et de le respecter, trop souvent les prises de position des élus se sont affranchies de cette démocratie du parti.

C’est là on le voit des problèmes importants mais je crois que la majorité des communistes et des sympathisants dont je suis sont d’accord pour dire comme Fabien Roussel que la NUPES est un cadre inadapté et même qu’il doit être ouvert, mais on est d’autant plus ouvert que l’on sait ce que l’on veut. Et ça c’est le congrès qui le décide ou qui devrait le décider. Je dois dire que j’ai failli demander une acrédition pour assister au nom du blog au Congrès du PCF à Marseille, cette polémique m’en a fait perdre tout désir, comme d’ailleurs le mépris éprouvé par ceux qui ont passé leur temps à entretenir les haines face aux avancées du Congrès de la CGT, des liquidateurs à leur manière et ce n’est pas un hasard si l’on se retrouve aisément autour de Jean Luc Melenchon entre gens obsédés par la destruction du PCF. Mais dans le même temps la courte vue n’aide pas… le ratage risque d’être global avec tant de volontés orientées dans le même sens.

Danielle Bleitrach


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