Huées pour Amélie Oudéa-Castéra à l’école Littré, le collège Stanislas pointé dans un rapport

La colère allumée dans l’éducation nationale par la ministre ne tarit pas. Tandis que les appels à sa démission se multiplient, à travers le collège-lycée Stanislas, c’est aussi la place et les financements accordés au privé sous contrat qui se voient mis en cause. La révélation du rapport d’inspection sur l’établissement s’ajoute à la polémique. Peu de chance que les déclarations d’Emmanuel Macron, plaidant mardi 16 janvier « l’indulgence » pour sa ministre, éteignent l’incendie.

La ministre de l’Éducation et des sports, Amélie Oudéa-Castéra, à son arrivée à l’école Littré (Paris), ce mardi.
© THOMAS SAMSON / AFP

Entrée et sortie sous les huées des syndicats et des parents d’élèves, Amélie Oudéa-Castéra pouvait-elle s’attendre à un autre accueil, ce 16 janvier, lors de sa visite théâtrale à l’école élémentaire Littré, dans le 6e arrondissement de Paris ? Quatre jours après la déflagration causée par ses propos mettant en cause cet établissement, la nouvelle ministre de l’Éducation nationale devait éteindre l’incendie à tout prix. Emmanuel Macron lui a prêté son concours, lors de sa conférence de presse mardi soir, en plaidant « l’indulgence ». « La ministre a fait un choix pour ses enfants. Ce sont des choix personnels, il faut les respecter. (…) Je pense que tous nos compatriotes iront dans ce sens, ça fait partie de la vie intime familiale », a argué le chef de l’État.

Les syndicats appuient là où ça fait mal : les suppressions de postes

Mais la scolarisation des trois enfants de la ministre au collège Stanislas, établissement privé ultra-élitiste sous contrat, et ses explications hors sol ont été le détonateur d’une colère qui ne passe pas. Refusant de siéger, mardi matin, au conseil social de l’académie (CSA) de Paris, les organisations syndicales CFDT, CGT, FO, FSU, SUD et Unsa y ont lu une déclaration exprimant « leur sidération et leur colère devant les propos méprisants et calomnieux sur l’école publique » de la ministre, ajoutant : « L’image qui est donnée en creux de nos établissements publics reprend les pires clichés : absentéisme, insécurité, faiblesse du niveau. » Alors que la ministre avait mis en avant des absences prétendument non remplacées pour justifier son choix du privé, les syndicats appuient là où ça fait mal, rappelant qu’à la rentrée 2024 à Paris, 128 postes dans le second degré et 125 dans le premier devraient être supprimés. La veille, ce sont les organisations syndicales nationales qui avaient coupé court aux réunions avec une ministre qui refusait d’ouvrir le dialogue sur les conditions de travail et les salaires.

Les mensonges et le « séparatisme scolaire » de la ministre ne passent pas

Les appels à la démission d’« AOC » se multiplient jusque sur les bancs de l’Assemblée nationale, où, mardi après-midi, le député FI (et ancien président de la FCPE) Rodrigo Arenas lançait à une ministre à la tête baissée : « Vous ne méritez plus d’être ministre de l’Éducation nationale ! » Des témoignages de plus en plus nombreux mettent en avant ses mensonges : il n’y avait pas particulièrement d’absences non remplacées à l’école Littré pendant les six petits mois où un seul de ses enfants a été scolarisé… avant de partir à Stanislas pour obtenir le passage anticipé en moyenne section que l’école publique lui refusait. La ministre « revendique une forme de séparatisme scolaire », a dénoncé dans un entretien au Monde le sénateur Pierre Ouzoulias (PCF), auteur d’une proposition de loi visant à moduler les financements publics aux établissements privés sous contrat en fonction de leur mixité socio-scolaire.

C’est le versant « affaire Stanislas » qui tend à se développer. En 2022, des enquêtes de l’Express puis de Mediapart avaient révélé que cet établissement sous contrat ne respectait pas les règles, ni les programmes en matière d’éducation à la sexualité et à la contraception, de lutte contre l’homophobie et contre les inégalités de genre. À la demande du ministre de l’époque, Pap Ndiaye, une enquête administrative avait été lancée… dont les résultats, remis l’été dernier au ministère, n’ont jamais été rendus publics. Le site Mediapart se l’est procuré, et le publie en intégralité. « Dans ces cours, des intervenants tiennent des propos homophobes, anti-avortement, font la promotion des thérapies de conversion et demandent à « pardonner aux violeurs », écrit notamment le site.

De son côté le groupe de la gauche communiste, écologiste et citoyenne à la région Île-de-France avait écrit à la ministre pour en exiger la publication, tandis que le sénateur communiste de Paris, Ian Brossat, avait annoncé mardi saisir la Cada (Commission d’accès aux documents administratifs) pour l’obtenir.

 


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