Malgré la forte mobilisation, le premier ministre a confirmé son souhait de mettre en place des groupes de niveau au collège. Dans un entretien accordé à l’Agence France-Presse, Gabriel Attal a également estimé que la laïcité à l’école était « aujourd’hui plus que jamais menacée ».
Le premier ministre s’entête et contrevient aux déclarations de sa ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. Nicole Belloubet avait annoncé, jeudi 7 mars, un assouplissement dans la mise en place de groupes de niveau en français et en mathématiques l’an prochain au collège. Si les syndicats étaient restés méfiants quant à l’effectivité et l’application de cette annonce, ils avaient salué ce recul nécessaire. Une semaine plus tard, dans un entretien à l’Agence France-Presse (AFP), Gabriel Attal, a lui maintenu son souhait de mettre en place ces groupes de niveau au collège, assurant qu’ils seraient « la règle » pour le français et les mathématiques, et la classe entière « l’exception ».
Un premier ministre « déconnecté de la réalité de ce qui se passe en classe »
Gabriel Attal, qui a endossé le rôle de ministre de l’Éducation six mois avant d’être nommé premier ministre et qui semble à avoir du mal à se défaire de ce précédent poste, a déclaré à l’AFP qu’il y aurait bien « trois groupes selon le niveau de difficulté des élèves, avec un objectif : qu’on puisse faire le point sur le niveau des élèves, ce qui permettra de changer de groupe ». Le chef du gouvernement a assuré qu’il y aurait des moments en classe entière, mais a ajouté « que sur les trois quarts de l’année au moins, il faut que les élèves suivent leurs enseignements en français et en mathématiques dans les groupes de niveau ».
« C’est très agaçant de voir que Gabriel Attal reste campé sur sa décision de faire du groupe de niveau la règle », a réagi auprès de l’AFP Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées). Selon elle, le premier ministre « reste déconnecté de la réalité de ce qui se passe en classe et il n’a pas pris du tout en compte le rejet des enseignants et des parents d’élèves sur ce sujet ».
Les groupes de niveau, issus de la très contestée réforme du « choc des savoirs » lancée par Gabriel Attal, sont « un équivalent moderne du bonnet d’âne », dénonçait le sociologue Pierre Merle dans les colonnes de l’Humanité le mois dernier. Le spécialiste des politiques éducatives et de la ségrégation scolaire confirmait alors que leur instauration constituerait un recul terrible pour les élèves issus des classes populaires. L’abandon du « choc des savoirs » sera d’ailleurs une des revendications principales de la mobilisation du 19 mars des personnels de l’Éducation nationale.
Laïcité : Attal creuse toujours le même sillon
La laïcité est « aujourd’hui plus que jamais menacée » à l’école, a également estimé le premier ministre dans l’entretien accordé à l’AFP. Gabriel Attal constate une hausse des « signalements pour contestation d’enseignement », mais se félicite que ceux pour port de signes et tenues religieuses soient au plus bas. Pour faire face à ce supposé déficit de laïcité, il promet la mise en place de « cellules d’appui pédagogiques » pour aider les professeurs confrontés à des « résistances, voire à des contestations ». Concernant la hausse des signalements, il y voit « à la fois le signe que les ennemis de la laïcité sont toujours présents et cherchent à infiltrer l’école et à l’affaiblir », mais aussi « le signe qu’une parole se libère » chez les enseignants.
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Pour rappel, lors de son court et néanmoins dévastateur passage au ministère de l’Éducation, Gabriel Attal avait interdit le port de l’abaya et du qamis. « L’abaya n’a pas sa place dans notre école », avait ainsi déclaré le ministre. Cette robe couvrante avait alors été au cœur des polémiques, notamment sur son caractère religieux ou non. À l’époque, déjà la même rengaine, rien de plus qu’une tentative de diversion pour tenter de faire oublier les réelles problématiques de l’Éducation : les effectifs dans les classes, les manques de professeurs, la perte de pouvoir d’achat des personnels, les dysfonctionnements de Parcoursup, la réforme du bac…
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