Un PCF toujours influent malgré les défaites électorales et une extrême droite à son plus haut historique, plus menaçante que jamais. Lors de leur université d’été, les militants cherchent un second souffle pour la rentrée.
« Après la période qu’on vient de vivre, ça rebooste… » Avant de rentrer dans l’Aude, le secrétaire de la section de Narbonne, Patrick Castey, exprime un sentiment très partagé après l’université d’été de son parti, le PCF.
Préoccupé par la situation politique mais galvanisé par ces trois journées studieuses dans le grand auditorium du Corum de Montpellier. Un rendez-vous qui a commencé fort, vendredi en fin de journée, avec l’arrivée de Lucie Castets et de Fabien Roussel, sous les ovations des militants communistes.
La candidate du Nouveau Front populaire à Matignon, inconnue du grand public il y a un peu plus d’un mois, était très attendue des communistes après sa rencontre avec Emmanuel Macron et le sujet de sa nomination à Matignon aura occupé les discussions entre militants en marge des ateliers qui se sont succédé jusqu’à dimanche en fin de matinée.
« Une période pleine de contradictions »
Mais c’est bien la « période » traversée par le PCF, dont parle Patrick Castey, qui a mobilisé les communistes et devrait les occuper dans les mois qui viennent.
Lors de son allocution de samedi soir, Fabien Roussel abondait : « Cette période est pleine de contradictions. Elles nécessitent une analyse profonde, à l’échelle nationale comme locale. »
Le Parti communiste exerce toujours une forte influence sur la vie politique française, comme il l’a encore montré dans la séquence qui a vu la création du Nouveau Front populaire et les négociations pour trouver un nom à proposer pour Matignon. Pourtant, aux élections européennes, il n’a pas réussi à faire mieux qu’en 2019 (2,5 %). Et aux législatives, il a perdu quatre députés.
Un « grand débat » pour « réorganiser notre parti »
Léon Deffontaines, tête de liste aux dernières européennes, s’est livré à une analyse de ces échecs devant les militants. S’il note une augmentation de trois points des quatre listes de gauche entre 2019 et 2024, celle-ci serait due, selon lui, à « un vote à gauche d’électeurs macronistes, et une augmentation de la participation dans des territoires acquis à la gauche ».
Mais aux deux scrutins, « nous ne sommes pas parvenus à aller chercher de nouveaux électeurs dans les classes populaires », déplore le dirigeant communiste, avant de suggérer un « grand débat » pour « réorganiser notre parti afin que de tels échecs ne se reproduisent plus ».
La nature du vote RN en débat
Le niveau historique de l’extrême droite s’est également retrouvé au centre des discussions. « Je suis du milieu hospitalier, pointe une militante, et j’ai entendu dire dans les couloirs que si la gauche arrivait au pouvoir, nous serions appauvris. »
Une autre souligne le « lien direct entre qualité de vie au travail, abstention et vote RN ». Le député communiste de l’Allier, Yannick Monnet, réélu de justesse face au RN, souligne, lui, ce qu’il a relevé de la nature de ce vote : « Nous avons mené une campagne très difficile dans un territoire très fracturé. (…) J’ai vu la montée en puissance d’un racisme d’adhésion. On ne peut plus continuer à penser que les gens qui votent RN sont juste malheureux », explique-t-il .
Ce dernier pointe une « invisibilisation des ouvriers et des employés, la place prise par les réseaux sociaux, qui enferment les gens ». « Tout cela a conduit au recul des repères de classe, à une structuration identitaire qui nourrit la progression de l’extrême droite », estime le dirigeant communiste.
Face au RN, il faut reprendre le terrain
Pas question cependant de céder à une forme de défaitisme. Le NFP est venu montrer qu’il existe une issue. C’est Jean-Louis Roumégas qui le rappelle : « Au soir de la dissolution, tous les journaux s’imaginaient un gouvernement Bardella. C’est la gauche qui a empêché l’extrême droite d’arriver au pouvoir », salue le député écologiste.
Les militants, eux, s’attachent à ce qu’ils connaissent le mieux : le terrain. C’est sur celui-ci qu’ils comptent non seulement reprendre la main face au RN, mais aussi relancer leur parti. « Il faut aider le mouvement social à se construire, et les gens à faire de la politique », lance une jeune militante à Léon Deffontaines.
« Le PCF est le parti qui est en capacité de le faire », ajoute-t-elle. « Mais il faut engager des moyens, sur le terrain comme sur les réseaux. » Pour les communistes, c’est un chantier qui ne fait que commencer. En attendant les événements politiques de la rentrée, ils ont déjà un calendrier pour poursuivre leur travail de réflexion et de réorganisation.
Fabien Roussel leur a annoncé un conseil national le 7 septembre, puis une conférence nationale « d’ici à la fin de l’année ». Et en attendant, rendez-vous est pris pour la Fête de l’Humanité, les 13, 14 et 15 septembre.
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