Par Gérard Le Puill.
Prendre le vélo, plutôt que la voiture pour se rendre au travail, peut faire reculer le bilan carbone des transports au quotidien. Mais cette conversion ne progresse guère en France, tandis que les deux roues à traction électrique, dont les trottinettes, sont davantage utilisés que les bicyclettes dont nous faisons tourner les pédales.
Le mardi 15 avril, l’observatoire européen du climat Copernicus nous informait que l’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée en Europe continentale. Elle ajoutait que nous allons vers un réchauffement global de + 4 °C sur le Vieux contient d’ici 2100 alors que les chiffres retenus par les Parties présentes à la COP21 de Paris en décembre 2015 présidée par la France était de + 2 °C, voire de + 1,5 °C, si possible.
Lire aussi: baromètre VELO pour répondre au questionnaire
En 2019, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, promettait de réduire les émissions de CO2 des 27 pays membre de l’Union européenne de 55 % en 2030 de manière à atteindre la neutralité carbone en 2050. Mais à Bruxelles, il est désormais question de se donner d’ici l’été un nouvel objectif nettement moins ambitieux. Au niveau mondial, les émissions de gaz à effet de serre résultant de la consommation du charbon, du gaz et du pétrole continuent de progresser et mènent la planète vers un réchauffement global de + 3,1 °C en 2100 en moyenne pour les continents et les océans, soit 0,9 °C de moins qu’en Europe.
En France, où 31 % des émissions de CO2 sont imputables aux transports, la place des voitures individuelles et des camions ne diminue guère. Le passage progressif des véhicules à moteur thermique mettra du temps avant de faire baisser les émissions de CO2 dans les transports sur route. Car l’extraction et la préparation des différents métaux qui entrent dans la production des véhicules équipés d’un moteur électrique et de leurs batteries débouchent sur un bilan carbone très élevé. Une voiture électrique de faible puissance doit parcourir plus de 40 000 kilomètres avant que son bilan carbone ne passe sous celui d’un véhicule de même puissance équipé d’un moteur thermique.
Pistes cyclables et invasion des trottinettes électriques
Le vélo remplacera-t-il la voiture en France au point de r faire reculer les émissions de CO2 dans les villes ? Nous avons reçu par mail ces derniers jours différents courriers nous annonçant que le samedi 26 avril se tiendra, Place de Stalingrad à Paris, la troisième « Fête Place Aux Vélos ». Selon les organisateurs, « cette édition met en avant les valeurs, les actions et le savoir-faire des ateliers vélo participatifs et solidaires : réemploi, éducation populaire, vélonomie. Sa dimension festive et ludique entreprend une sensibilisation sans égale et promeut le vélo comme vecteur d’émancipation et de bien-être ».
Dans le cadre de cette initiative du 26 avril, le réseau parisien REPAR, qui s’exprime au nom des ateliers parisiens et d’une dizaine d’associations impliquées dans le développement du vélo en milieu urbain, affirme être « l’interlocuteur premier des pouvoirs publics et participer à la construction d’une politique cyclable transversale qui s’appuie sur les compétences des acteurs associatifs ».
En 2023, ce sont 2,23 millions de vélos qui ont été vendus en France, dont 671 000 étaient équipés d’un moteur électrique. S’y sont ajoutées 678 000 trottinettes électriques, lesquelles sont de plus en plus puissantes afin de rouler toujours plus vite. La même année, 1,5 million de voitures neuve ont été vendues en France, dont 304 000 étaient équipées d’un moteur électrique.
Atteindre en 2030 une part modale de 12 % pour le vélo
Concernant l’usage du vélo, l’un des documents disponibles dans le cadre de la préparation de la fête du 26 avril nous apprend que « 20 % des Français utilisent leur vélo au moins deux fois par semaine contre 53 % des Néerlandais et 34 % des Allemands (…) Face à l’urgence climatique ainsi qu’à des transports publics saturés et des bouchons provoqués par les affluences de voitures, les pouvoirs publics français ont lancé des programmes de développement des infrastructures cyclables, notamment dans les grandes métropoles. Cependant, on constate encore de fortes disparités concernant l’accès aux pistes cyclables ».
Quand ces pistes aménagées sont prêtes à fonctionner, le bilan carbone des travaux est loin d’être négligeable et il faudra beaucoup pédaler pour le faire reculer. Mais on voit peu de vélos à traction musculaire sur ces pistes cyclables, tandis que les trottinettes électriques de plus en plus rapides et puissantes rendent la circulation difficile et parfois dangereuse. En 2023, l’usage de toutes les catégories de vélos a augmenté de 5 % en France métropolitaine. D’où ce commentaire de « Vélo et Territoires », coordinateur du réseau national cyclable : « Cette progression, bien qu’appréciable demeure insuffisante au regard des objectifs ambitieux visant à atteindre 12 % de part modale vélo d’ici 2030 ».
Cette remarque est pertinente. On peut même penser qu’une faible progression, voire un recul de la place du vélo à traction musculaire au profit de la traction électrique fera croître le bilan carbone des vélos dans les prochaines années.
En savoir plus sur MAC
Subscribe to get the latest posts sent to your email.