« Salaire décent », semaine de quatre jours, dix semaines de vacances par an : ce boulanger pétrit le bonheur au travail pour ses employés

NDLR de MAC: Il est des histoires qui vont à rebours d’un monde financiarisé et ultralibéral qui mérite d’être souligné… Même si cela est parfois moins idyllique que la réalité, il est important d’informer les lecteurs que cela existe. Nous sommes loin du modèle capitaliste que l’on nous présente comme une panacée! Pour ma part je suis un client régulier et j’entretiens avec la vendeuse sur le marché un lien convivial et bienveillant…

Jean-Pierre Delboulbe, boulanger.© VALENTINE CHAPUIS / AFP

À Castelsagrat, dans le Tarn-et-Garonne, la boulangerie Louboulbil, dirigée par Jean-Pierre Delboulbe, révolutionne les conditions de travail en offrant un salaire décent, une semaine de quatre jours et jusqu’à dix semaines de vacances par an. Ce modèle innovant place le bien-être des employés au centre de l’entreprise, transformant ainsi l’expérience professionnelle en un environnement épanouissant.

A la boulangerie Louboulbil de Castelsagrat (Tarn-et-Garonne) ont fait gonfler son « Bonheur intérieur brut« , au levain mais aussi en instaurant des conditions de travail généreuses.
« Salaire décent » mis en place, semaine de quatre jours et dix semaines de vacances par an, autant de mesures qui font rêver plus d’un employé. Une réalité pour les plus de 30 salariés (17 équivalent temps-plein) de la boulangerie située entre Agen et Montauban. Ici, le monde du travail n’a pas le même goût qu’ailleurs.
« Il faudrait aussi comptabiliser le nombre d’éclats de rire« , glisse Jean-Pierre Delboulbe en promenant son physique d’ancien talonneur sur le marché de Valence d’Agen. Deux vendeuses de l’entreprise qu’il a créée il y a 27 ans s’y affairent pour vendre le pain confectionné à dix kilomètres de là, dans un laboratoire installé au milieu des bois, en face de la ferme familiale.

De Vinci à la boulangerie

« Tout ça a commencé quand j’étais cadre chez Vinci à Paris, et que je n’avais que cinq semaines de congés pour aller voir ma famille et ma belle-famille« , explique à l’AFP cet hyperactif de 52 ans.
« Pour moi, il fallait partir sur une nouvelle manière de s’organiser« , affirme-t-il, après s’être lancé dans la boulangerie, seul, en 1997.

Petit à petit, la société, organisée en coopérative agricole utilisant le blé produit localement, dont le sien, grandit et affine son modèle social. 

« Les cadres des grands groupes ont droit à  des stock options et des RTT, mais pour ceux qui ont un CAP, il n’y a ni intéressement, ni RTT« , vitupère Jean-Pierre Delboulbe en montrant, dans son atelier, un tableau où sont détaillés les revenus des salariés.

Un modèle social hors des sentiers battus

Le « salaire décent » de base est fondé sur le revenu médian français et fixé à 2.000 euros nets, au-dessus du revenu moyen pratiqué dans le secteur. Des augmentations liées à l’ancienneté et des primes viennent gonfler la rémunération de tous les salariés, en fonction du chiffre d’affaires de l’entreprise.
Louboulbil vend désormais ses 300 tonnes de pain produites par an dans 17 marchés de la région, de Toulouse à Cahors en passant par Agen et Montauban, et dans quelques dépôts de pain du coin.
L’organisation du travail est aussi à part, avec l’autonomie érigée en maître-mot. « On peut dire qu’on est une entreprise anarchique, mais anarchique dans le sens où il y a beaucoup de libertés« , assure Nathalie Tessier, vendeuse.

« Chacun fait son marché, chacun fait sa tournée, il n’y a pas de pression, pas de contrôle, il n’y a même pas d’attente de résultat, parce qu’en fait on travaille pour nous quelque part« , estime la salariée de 52 ans, dans l’entreprise depuis 12 ans.

Autonomie et partage

Ce matin-là, Danièle, qui ne souhaite pas donner son nom, découpe des figues pour préparer des pains en vue des fêtes. Elle savoure cette indépendance: « Du moment que le travail est fait dans les conditions et que mes collègues sont contents de moi ou de mon travail, tout va bien, on s’entend très bien, c’est presque idyllique, mais il faut venir travailler !« 

Jean-Pierre Delboulbe affirme avoir « voulu faire un acte politique », inspiré par ses expériences au Brésil, en Ukraine et par le ministère du « bonheur national brut » instauré au Bhoutan, en Asie. 
« J’ai trouvé intéressant d’essayer d’observer d’autres critères de réussite d’une entreprise« , pour remplir trois objectifs: « de la tranquillité, du temps libre pour tout le monde, y compris pour moi, et des sous partagés entre nous« .

Quand le bien-être devient un acte politique

Un triptyque qui a fait le tour des réseaux sociaux le mois dernier, avec une vidéo publiée par le journal régional La Dépêche du Midi cumulant plusieurs millions de vues.
« Je ne pensais pas que c’était quelque chose de si étonnant« , s’amuse le patron et ancien ingénieur. « Maintenant, on a beaucoup de clients militants qui prennent le pain là, parce qu’il leur plaît et parce que le modèle social leur plaît ».
Et ce modèle pourrait bien déborder sur les stands voisins dans les marchés fréquentés par Louboulbil. « J’en discutais avec une collègue commerçante« , raconte Nathalie Tessier. « Elle m’a dit +Vous me vendez du rêve, parce que j’aimerais mettre ça en place dans ma ferme, quand j’aurai les moyens d’embaucher du monde ! « . Du rêve qui se vend comme des petits pains.

Article de François BENEYTOU pour France3-Regions


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