NDLR de MAC: Jérôme est mis à l’honneur sur le site de la CMCAS d’Agen et c’est mérité. MAC le met en exergue sur son site car outre ses qualités humaines indéniables, c’est aussi un militant infatigable au service de ses concitoyens-nes qui sait s’engager dans les combats émancipateurs!
Quel est ton sentiment aujourd’hui de ne plus être Président de la CMCAS d’Agen ?
Je suis très content, car place à la jeunesse ! Il est très important que de jeunes collègues s’investissent dans les Activités Sociales et je suis très heureux que Rémi SOLER, en accord avec notre organisation syndicale, la CGT, ait accepté cette responsabilité. Après tout, moi aussi j’étais jeune il y a 12 ans quand je suis devenu président (rires) !
Que vas-tu faire maintenant ? Retraite ?
Pas du tout à la retraite ! J’ai 52 ans et je rappelle que malgré une lutte acharnée et plusieurs 49.3, l’âge légal de départ est
64 ans. Donc…
Je n’abandonne pas le navire puisque je suis Secrétaire Général de la CMCAS, membre de plusieurs commissions, et correspondant de la SLVie de Golfech.
J’accompagne Rémi et sa nouvelle équipe, car il est important de pouvoir transmettre ses connaissances et l’Histoire de nos Activités Sociales et je reste à disposition de mon organisation syndicale pour être sur la liste CGT lors des prochaines élections de CMCAS ce mois de novembre.
Justement, quel est ton histoire dans les Activités Sociales?
Un pur hasard ! Je venais d’obtenir mon BTS « comptabilité-gestion » au lycée Georges Leygues de Villeneuve-sur-Lot, lorsque la grand-mère de ma « copine » de l’époque et qui est ma conjointe depuis, m’a fait suivre une offre d’emploi. En effet,
en tant que veuve d’un agent EDF, elle recevait le « Lo Pruneù ».
La CMCAS d’Agen recherchait un ou une comptable pour remplacer la personne en poste qui partait en congés maternité. J’ai envoyé ma candidature, j’ai été reçu entre autres par Patrick Layan, Président de la CMCAS de l’époque et contre toute attente, j’ai été retenu parmi les 8 candidats.

Pourquoi contre toute attente ?
Parce que d’EDF-GDF, je ne connaissais que les factures que recevaient mes parents et je n’avais jamais entendu parler de
syndicats et encore moins d’Activités Sociales. Apparemment je m’en suis bien sorti lors de cet entretien.
Je suis fils de paysans, mes parents sont propriétaires d’une petite ferme d’à peine 20 hectares pas loin de Monflanquin. Ils m’ont transmis les valeurs de la terre, celles du respect de la nature, du travail des champs.
Tu as l’air très attaché à tes racines.
Oui, beaucoup. J’ai vu avec mes yeux d’enfant, l’injustice couler dans le fossé qui cheminait de la grange où se trouvaient les quelques vaches laitières, vers la rivière voisine.
Victimes des quotas laitiers dictés par la PAC, où la production de lait ne devait pas dépasser la production de l’année de
référence qui était une année catastrophique pour mes parents (vaches malades, dont 2 mortes) sous peine de pénalités, mes parents devaient jeter le lait, car les vaches, quotas ou pas, devaient « être tirées ».
Impossible de donner le lait aux voisins, à la cantine de l’école ou à une association caritative : interdiction sous peine d’amendes ! Pourtant ce lait respirait les vertes prairies printanières lot-et-garonnaises et le foin que l’on chargeait à la fourche et que l’on stockait dans le fenil de la vieille grange.
Ces années furent très difficiles financièrement, malgré les quelques francs que ma mère tirait de la vente des légumes de
son jardin.
Je me rappelle de ce jour où mes parents ont voulu me parler, moi le seul garçon d’une fratrie de 3 enfants, à l’orée de mes
15 ans. Avec la larme à l’œil de générations de paysans, ils m’ont dit : Jérôme, il ne faut pas que tu reprennes la ferme ! Un crève-cœur pour eux c’est certain, mais d’une lucidité implacable !
C’est de là qu’a commencé certainement mon besoin de lutter contre l’injustice !
Du coup, quel est ton parcours professionnel ?
Après 3 ans et demi de CDD à la CMCAS d’Agen, puis Toulouse, puis Gironde, j’ai été embauché à EDF/GDF services, au centre Garonne et Tarn à Toulouse et par la suite « mis à disposition » de la CMCAS de Toulouse.
J’ai rapidement adhéré à la CGT car j’ai rencontré des collègues militants qui m’ont donné envie de m’engager. J’ai d’ailleurs ensuite pris des mandats syndicaux pour défendre les collègues (Délégués du personnel et Secrétaire du CHSCT).
Comment es-tu arrivé à la CMCAS d’Agen ?
En 2012, les élus d’Agen avaient du mal à trouver un collègue qui voulait s’investir et accepter le mandat de Président de la CMCAS. Après avoir été sollicité et après une mûre réflexion, j’ai été rattaché au service MRH du CNPE de Golfech. J’ai conduit ainsi la liste CGT aux élections de CMCAS qui ont suivi.

As-tu des passe-temps ?
Oui j’adore le jardinage (normal, c’est mes racines) et je suis passionné par l’Histoire de France, de la Commune de Paris jusqu’à nos jours, mais en particulier la Seconde Guerre Mondiale.
Que penses-tu de l’avenir ?
Je trouve que justement il y a beaucoup de similitudes entres les années 30 qui ont précédé la guerre et aujourd’hui. Les fascistes, comme Hitler, sont arrivés au pouvoir par le vote sur fond de crise économique et de haine de l’étranger. Trump aux USA, Orban en Hongrie, Méloni en Italie, … que va-t-on faire en France en 2027 ? Je suis très inquiet, surtout pour mes enfants.
Côté Activités Sociales, depuis leur création, la CGT en maîtrise la gestion en étant majoritaire et en a fait ce grand CE que beaucoup envie. Je souhaite vivement que la CGT reste majoritaire et continue de prôner les valeurs de Solidarité, Justice et Dignité et que l’on ne tombe pas dans le panneau capitaliste, à grands coups de redistributions individuelles systématiques, comme les chèques vacances, les chèques déjeuner… Un comité d’entreprise n’est pas là pour compenser la perte de pouvoir d’achat due aux non augmentations de salaires ; les salaires devraient suivre l’inflation et plus les salaires seraient élevés, plus les cotisations sociales viendraient alimenter les fonds de la Sécurité Sociale.
Que veux-tu rajouter ?
Je tiens à remercier tous les collègues avec qui j’ai pu travailler et qui ont accepté ou subi mon « petit caractère ». Je tiens vraiment à dire que s’engager dans les Activités Sociales est très émancipateur et à la portée de tous les collègues.
Je tiens surtout à remercier, Alexia, ma conjointe, qui ne m’a jamais reproché mes nombreuses absences le soir ou les week-ends, et mes filles, Lola et Amélie, de la non présence de leur papa. À ce titre, j’en profite pour préciser, car beaucoup ne le savent pas, que les heures passées en dehors de celles des horaires habituels de travail ne sont pas rémunérées. Être Président de CMCAS, c’est un peu comme être maire d’une mairie, avec vous les bénéficiaires qui pouvaient être considérés comme les concitoyens d’une commune, le Conseil d’Administration de la CMCAS comme le Conseil Municipal et les collègues de la CCAS mis à disposition comme les services techniques de la Mairie.
PORTRAIT CHINOIS
Si tu étais un animal ?
Une hirondelle car elle revient là où elle née et elle annonce les beaux jours, les jours heureux.
Si tu étais un film ?
« En guerre » de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon ou « Les neiges du Kilimandjaro » de Robert Guédiguian avec Ariane Ascaride et Jean-Pierre Darroussin
Si tu étais un livre ?
« Des grives aux loups » de Claude Michelet et « Indignez-vous ! » de Stéphane Hessel
Si tu étais une chanson ?
« 1er mai » de Damien Saez ou « Ma France » de Jean Ferrat ou encore « La balade Nord Irlandaise » de Renaud
Si tu étais un végétal ?
Un chêne car c’est lui qui « amène » les cèpes têtes noires
Si tu étais une personne célèbre ?
Répondre Jean Jaurès serait prétentieux, je préfère répondre un résistant communiste MOI (Main d’oeuvre Immigrée) méconnu, parce que bien d’étrangers, ces résistants se sont battus pour libérer la France du fascisme.

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