Après les Jeux olympiques, l’héritage sportif promis se fait attendre. Face à la sédentarité et aux inégalités, l’école apparaît comme le véritable levier. L’éducation physique et sportive, par son temps obligatoire pour tous les enfants et son temps d’étude des pratiques sportives et artistiques, produit des transformations des capacités physiques des enfants ici et maintenant, et demain. Le SNEP-FSU a lancé sa 6ème édition de la semaine de l’EPS du 17 au 21 novembre qui a comme thème : « Plus d’EPS, moins d’inégalités ». Une 6ème édition tournée vers les élections municipales avec des propositions.
- Seulement 33,3 % des filles atteignent les recommandations d’activité physique, contre 50,7 % des garçons (ONAPS).
- Parmi les collégiennes, 22 % sont peu ou pas sportives, contre 14 % des garçons (INJEP).
- Dans les foyers aux niveaux de revenu les plus élevés, 80 % des jeunes font du sport, tandis que dans les foyers moins favorisés, ils ne sont que 60 % (INSEP, 2019).
30 min pour bouger : des effets provisoires
Dans ces tensions et contradictions, les politiques actuelles continuent d’essayer de faire croire que des mesures de « 30 min pour bouger » pourraient inverser la courbe de la crise de la sédentarité. Le mouvement, s’il peut répondre au besoin d’activité physique des enfants, s’il n’est pas accompagné d’éducation, s’effacera immédiatement et n’aura qu’un effet diffus et limité. L’enjeu est d’inverser la courbe ici et maintenant, mais aussi dans le long terme.
L’éducation physique et sportive, par son temps obligatoire pour tous les enfants leur permet de construire des savoirs et compétences dans les activités sportives et artistiques, elle devient un puissant levier de réduction des inégalités d’accès à la culture sportive et artistique. Cette visée éducative à long terme est d’autant plus efficace qu’elle valorise le plaisir et le progrès comme l’indiquent les travaux réalisés par Maxime Luiggi, Maxime Travers[1], .
La Cour des comptes, à ce sujet, en mars 2025, publie un rapport sur la pratique sportive des jeunes où elle estime que « compte tenu du caractère obligatoire de l’EPS (au lycée), l’Éducation nationale reste le principal acteur d’un accès large et égalitaire au sport ». Même écho du côté de la mission flash qui intègre dans ses 10 mesures de prévention du surpoids et de l’obésité : « porter le volume horaire à 4 heures pour tous·tes les collégien·nes ».
Enfin, la mission interministérielle « Sport-Santé » propose que soient expérimentées 2 h d’EPS supplémentaires en collège. Une mesure qui serait « un premier pas vers l’installation des 4 h d’EPS pour l’ensemble du second degré ».
Tout commence à l’école !
C’est tout le sens de la semaine de l’EPS du 17 au 21 novembre qui a comme thème cette année : « Plus d’EPS, moins d’inégalités ».
Sportif·ve de haut niveau, citoyen·ne actif·ve et sportif·ve, sportif·ve occasionnel·le, pratiquant·e amateur·rice, bénévole engagé·e dans la vie associative… Tous ces parcours ont un point commun : l’école.
On ne naît pas sportif·ve, on le devient
Courir, nager, grimper, danser, faire du vélo, boxer engage l’individu dans toutes ses dimensions et permet de s’éprouver, de se prouver, de rencontrer l’autre, d’accéder à la culture, de s’émanciper, de vivre des émotions, du plaisir et de construire la confiance en soi.
Toutes ces pratiques sportives s’apprennent. Pas dans la cour de récréation en bougeant, mais dans les gymnases, les piscines, les stades, avec des enseignant·es formé·es.
Si tout commence par le mouvement, tout continue par une EPS de qualité, pour tous et toutes, sur tout le territoire. C’est là que se joue l’avenir sportif, sanitaire, social et même démocratique de notre jeunesse.
4 h d’EPS permettront de répondre au monde de la santé qui cherche à inverser la courbe de la sédentarité et au monde du sport qui veut élargir son nombre de pratiquant·es et de sportif·ves de haut niveau.
Une semaine de l’EPS tournée vers les municipales
Le SNEP-FSU se tourne aussi vers les maires des communes, qui restent encore aujourd’hui le premier financeur du sport en France. Ses militants vont aller à la rencontre des futurs élus pour que les campagnes portent 6 mesures pour les prochaines élections. Nous encourageons les enseignants d’EPS à les faire vivre auprès des futurs candidats que vous connaissez. Une plaquette est à votre disposition via le QR code ci-joint pour être largement partagée.
- L’étude « Gymnase Score » révèle que 80 % des gymnases obtiennent un score de C, D ou E et nécessitent une rénovation. Ils représentent 24 % des consommations d’énergie d’une commune et 53 % des intercos.
- Construction d’un gymnase de proximité par établissement scolaire.
- Des cours d’école vertes et sportives.
- Des vélos à la place des tablettes : tous nageurs et tout le monde roule à la fin de l’école primaire. Développer des parcs vélos par commune ou sur de l’interco et former des agents pour l’entretien.
- Gratuité des transports pour le sport scolaire et mise à disposition des bus en cherchant la mutualisation des villes pour les déplacements.
- Un séjour dans la nature par enfant durant l’école primaire. Développer les séjours scolaires de courte durée dans la nature ou des stages APPN pour sensibiliser aux questions d’écologie.
Bruno Cremonesi
[1] Maxime Luiggi, Maxime Travert, Jean Griffet. Adhésion et abandon de la pratique sportive chez l’adolescent : vers une politique de rétention?. Santé Publique, 2024,
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