Municipales 2026 : pourquoi le logement est la priorité numéro 1 des Français (In DDM)

Premier poste de dépenses contraintes, le logement concentre désormais crispations sociales, attentes fortes envers les maires et inquiétudes face à une crise du parc social. À quatre mois des municipales, les Français placent l’accès au logement au cœur du débat public. Premier volet d’une série de La Dépêche sur les enjeux des élections.

En France, le logement s’impose comme la première dépense contrainte des ménages. En 2025, il absorbe environ 20 à 23 % du budget des foyers, contre 16 à 17 % au début des années 2000. Cette progression continue traduit un poids accru des loyers, des prix immobiliers et des charges, au point que près d’un tiers des locataires consacre plus de 35 % de leurs revenus à se loger, franchissant ainsi un seuil critique. Dans un contexte d’inflation, cette pression limite la capacité d’épargne et renforce les inégalités entre territoires et profils résidentiels.

Cette tension générale se reflète nettement dans l’opinion. Selon l’Ifop, 71 % des Français jugent l’accès à la propriété difficile, un niveau en forte hausse sur vingt ans. Les aides à la rénovation demeurent mal connues : 58 % des personnes interrogées estiment manquer d’informations sur les dispositifs existants. L’aspiration à un logement individuel évolue également : l’attractivité de la maison jumelée recule. Pour Frédéric Dabi, le logement apparaît ainsi comme « un révélateur des crispations sociales et des inquiétudes environnementales ».

Attentes fortes envers les élus locaux

La crise du logement social renforce encore ce diagnostic. À la fin juin 2025, près de 2,87 millions de ménages sont en attente d’un logement social, un record. Une demande sur sept seulement est satisfaite, tandis que la rotation des locataires ralentit. La production reste insuffisante : environ 100 000 logements sociaux sont en cours de construction, quand il en faudrait au moins 110 000 par an. Parallèlement, les bailleurs doivent faire face à des obligations de rénovation ambitieuses, entre 120 000 et 130 000 logements à réhabiliter pour répondre aux objectifs énergétiques, dans un contexte financier contraint.

À l’approche des municipales, les attentes envers les élus locaux apparaissent massives. D’après le baromètre Odoxa, 70 % des Français estiment qu’il est difficile de se loger dans leur commune, une perception partagée dans toutes les catégories sociales et dans tous les types de territoires. Ils se déclarent favorables, à 72 %, à une augmentation de l’offre de logements, qu’il s’agisse de constructions nouvelles ou de rénovations. La demande est particulièrement marquée chez les jeunes : 81 % des 18-24 ans y sont favorables.

Plus des trois quarts des Français considèrent par ailleurs que l’offre de logements pour les jeunes est insuffisante, qu’ils soient étudiants, jeunes actifs ou jeunes parents. Toutefois, seuls 20 % jugent que leur maire mène une action résolue en la matière.

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Les attentes portent aussi sur les leviers économiques et fiscaux. Une majorité se dit opposée à une hausse des taxes sur le logement : 68 % voteraient contre une liste municipale proposant d’augmenter la taxe foncière.

Les Français demandent en revanche des mesures incitatives : faciliter les expulsions de locataires mauvais payeurs (73 %), accorder plus d’avantages fiscaux aux bailleurs louant en longue durée (65 %) ou limiter les locations de courte durée jugées trop attractives. Les dispositifs d’aide à la rénovation énergétique doivent, selon eux, être maintenus : 68 % souhaitent même les renforcer, par souci d’accès au logement autant que de performance énergétique.

Le livre blanc des Assises du logement

Face à ces tensions, le Livre blanc des Assises du Logement, remis par François Baroin lors du 107e Congrès des maires, trace des pistes d’action. Les propositions reposent sur trois axes : redonner aux collectivités une maîtrise foncière suffisante pour relancer une production adaptée ; stabiliser un cadre fiscal et réglementaire jugé illisible ; structurer un accompagnement renforcé des propriétaires et des occupants, notamment pour la rénovation du parc existant.

Cette feuille de route appelle à moduler le foncier selon les réalités locales, encourager les investissements des ménages, unifier les dispositifs fiscaux et soutenir la réhabilitation des logements, en particulier sociaux.

À quatre mois du scrutin municipal, le logement apparaît ainsi comme un enjeu central, mêlant contrainte budgétaire, urgence sociale et demande d’action politique coordonnée.


Nos propositions pour  le logement en diffusion actuelle:

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