Violence, antisémitisme… l’inquiétant visage de l’ultradroite qui prospère en France et en Occitanie

Lors d’un rassemblement du groupe Génération identitaire aujourd’hui dissout.
Lors d’un rassemblement du groupe Génération identitaire aujourd’hui dissout. AFP

Les coups de filet dans les milieux de l’ultra-droite s’accélèrent en France. Ils sont entre 3 000 et 3 500 militants, entre violence et antisémitisme.

Depuis trois ans le rituel est immuable : ce 10 octobre 2021, au cœur du cimetière de Terre-Cabade, à Toulouse, les « Nationalistes », ce groupuscule d’extrême droite, rendent hommage à Pierre Lespinasse, ancien magistrat toulousain sous Vichy, à la tête d’une section spéciale chargée d’envoyer à la guillotine Marcel Langer, internationaliste juif polonais, l’une des figures de la résistance. Dans le silence de la plus grande nécropole de la région, l’avocat toulousain, Pierre-Marie Bonneau, aux côtés de l’ancien dirigeant de l’Oeuvre française, Yvan Bénedetti, s’inclinent devant le caveau de Pierre Lespinasse, serviteur de Pétain, tué en 1943 en guise de représailles par la résistance française, « victime de son devoir », comme le précise l’épitaphe. Une cérémonie discrète suivie d’un cassoulet nationaliste. « Une apologie du collaborationnisme », selon Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite. Mais c’est aussi l’un des visages de cette ultradroite protéiforme qui se dévoile au grand jour.

Depuis cinq ans, interpellations et dissolutions dans ce milieu connaissent une nette accélération : arrestation d’un survivaliste à Montauban avec découverte d’armes, dissolution d’un groupuscule identitaire, à Angers, signalement de militants identitaires antisémites et racistes, à Albi, où la députée LREM, Christine Verdier-Jouclas, demande la dissolution du groupuscule « Patria Albiges ».  Par ailleurs, de nombreux coups de filets dans la fourmilière néonazie française accompagnés de saisie d’armes à poudre noire ou d’un exemplaire de « Mein Kampf » complètent le tableau.

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L’ultradroite française rêve de déstabiliser les symboles de la République. Ils sont entre 3000 et 3 500 militants dans l’Hexagone issus de différents courants mais animés d’un objectif commun : faire tomber les institutions. Le mouvement des Gilets jaunes et la crise sanitaire ont constitué pour l’ensemble de ces groupuscules qui s’abreuvent de théories complotistes et d’un rejet du Président Macron, un terreau favorable à leur émancipation. Dans les cortèges, ils tractent, traquent l’ennemi de l’ultragauche et tentent d’attirer vers eux les nouveaux « idiots utiles » au sein des Gilets jaunes et dans les manifs anti passe sanitaire. Dans le même temps, la propagande sur internet diffuse ses messages haineux à grands renforts des concepts nauséabonds du « grand remplacement ».

« Déclinisme français »

La menace terroriste islamiste et l’intensification des flux migratoires vers l’Europe constituent le creuset des thèses les plus radicales. Ces groupes prospèrent désormais sur une idéologie qui tente d’infiltrer le cœur de l’opinion publique : « Abandon de la France chrétienne aux mains des populations étrangères », « recul de l’identité française », « remigration », « déclinisme français ». Des thèmes remâchés censés allumer les mèches de la révolte. Pour les « Nationalistes » à la recherche d’une « visibilité » dans l’espace public, Marie-Le Pen est jugée « trop light » et Zemmour est « le candidat de l’imposture ». « Nous sommes dans l’anti-immigration sans concession et pour un rétablissement de l’ordre », clame Yvan Bénedetti, candidat à l’élection présidentielle mais toujours en quête des 500 signatures.

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Une ultra-droite quasi décomplexée, haineuse mais dans le collimateur du ministère de l’Intérieur qui n’hésite pas à dissoudre les groupes véhiculant une propagande raciste et antisémite. Dissoute en début d’année, Génération identitaire reste très discrète. « La caractéristique de ces groupes est la haine, note, en 2019, la commission d’enquête sur la lutte contre les groupuscules d’extrême droite en France.  La haine des immigrés, la haine des personnes de confession juive, la haine homophobe, la haine de l’État, la haine des francs-maçons […]. Ils refusent la République, les institutions et les élus ». Malgré les dangers de l’ultra-droite, la menace du terrorisme islamiste reste la plus prégnante en France.

Plusieurs coups de force menés en Occitanie

À la frontière franco-espagnole ce 19 janvier 2021, le message est clair : « S’opposer concrètement à l’immigration massive, destructrice de notre identité ». Génération identitaire mobilise une trentaine de ses militants de l’ultra-droite pour déployer des banderoles, au col du Portillon, pour une opération médiatique et spectaculaire dans le droit fil de ses actions. La Toulousaine Anne-Thaïs du Tertre, nouvelle figure du mouvement, ex-membre de l’Action française, multiplie les interventions sur les plateaux télés et sur les réseaux sociaux, dénonce le racisme anti-blanc et les dangers de l’immigration dans une longue logorrhée.

L’opération « Défend Europe- opération Pyrénées » était le dernier coup de force de Génération identitaire avant sa dissolution deux mois plus tard. Aujourd’hui, cette influenceuse se fait plus discrète depuis sa condamnation, en première instance, pour « injures publiques », à 2 mois de prison avec sursis et 3 000 euros d’amende. Elle avait fait appel du délibéré. En France, des ex-membres de Génération identitaire tentent des come-back en reformant des groupuscules comme « Les Natifs », à Paris ou « Furie française ».

D’autres figures comme Romain Carrière, ex-champion de taekwondo, organise des stages de self-défense pour des militants.  En septembre 2020, Romain Carrière  rejoint le groupe régional du Rassemblement national.

Action française et Tolosates constituent les deux autres mouvances. Les membres de ces groupuscules identitaires se retrouvent sur les manifs et entretiennent de nombreux liens. À travers leurs actions, ils s’en prennent aux symboles de la République, comme le 29 février 2020 où des sympathisants de l’Action française ont pendu symboliquement une Marianne républicaine sur le Pont Neuf. En mars dernier, ces militants avaient fait irruption dans l’hémicycle du conseil régional d’Occitanie, à Toulouse. Ils seront jugés le 10 décembre devant le tribunal correctionnel.

 

NDLR de MAC: la « prise  » de Moissac par M. Lopez (RN/FN) épaulé par un habitué des coups de poings, son directeur de cabinet, a donné des ailes aux « dormants » nationalistes locaux qui n’ont de cesse d’alimenter par leurs injures et propos déplacés la moindre polémique en louant les sorties médiatiques de M. Lopez.

 

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