Sondage exclusif. Le peuple de gauche livre sa feuille de route pour 2022

Salaires, répartition des richesses, environnement… À sept mois de la présidentielle, la 8e vague de notre baromètre Ifop révèle les priorités et les attentes de sympathisants de gauche, plus nombreux que ce que laissent entrevoir les intentions de vote actuelles.

Par les temps qui courent, à gauche, la lecture d’un sondage s’accompagne toujours d’une dose d’appréhension. La 8e vague de notre baromètre Ifop « être de gauche aujourd’hui » échappe, au moins par certains aspects, à la règle. Alors que le spectre d’un remake Macron-Le Pen hante les enquêtes, à quelques mois de l’élection présidentielle, « le positionnement de gauche progresse symboliquement pour la première fois depuis 2016 », relève Frédéric Dabi, le directeur général de l’Ifop. Au total, 45 % des sondés affirment se situer à gauche de l’échiquier politique, soit une progression de 3 points par rapport à 2020. Un score dont la traduction en intentions de vote est loin d’être automatique quand le total de la gauche peine à atteindre les 30 % et son candidat le mieux placé à franchir la barre des 10 %.

« Un terreau plus favorable »

Malgré les difficultés, un autre signal est encourageant : 78 % des sympathisants de gauche jugent qu’elle « peut, si elle le veut, défendre ses idées et ses principes sans se renier si elle est au pouvoir ». C’est, certes, 1 point de moins que l’année dernière, mais 7 de mieux qu’en 2014, en plein quinquennat Hollande. Les plus modestes sont les moins optimistes : 69 % partagent ainsi cette opinion, contre 82 % parmi les catégories les plus aisées. Dans la même veine, 67 % des personnes interrogées se situant à gauche estiment qu’on peut « toujours en être fier », une progression de 10 points par rapport à la première vague de notre baromètre, mais 4 points de moins que l’année dernière. « Dans un contexte présidentiel très compliqué, le terreau général se révèle plus favorable que par le passé », résume Frédéric Dabi.

Quant à la feuille de route assignée à une gauche qui parviendrait au pouvoir, elle est assez nette. L’action la plus urgente porte, pour ses sympathisants, sur la lutte contre la pauvreté (41 %), l’amélioration du pouvoir d’achat (35 %) et la lutte contre le dérèglement climatique (31 %). Dans le détail, la revalorisation des salaires (47 %), une meilleure redistribution des richesses (45 %) et la protection de l’environnement (42 %) arrivent loin devant la sécurité (22 %), la lutte contre la corruption (18 %) ou la défense de la laïcité (18 %). 63 % des sondés de gauche estiment aussi que l’avenir de l’industrie n’est pas suffisamment présent dans les propositions des candidats.

Macron a du mal à faire illusion

N’en déplaise au « quoi qu’il en coûte », Macron a du mal à faire illusion : pour 75 % des sondés de gauche, il mène une politique de droite. Son « en même temps » n’est toutefois pas resté sans conséquence : 54 % des sondés estiment ainsi qu’on peut « être de gauche et de droite » (+ 3). Il ne faut cependant pas confondre « fin de la bipolarisation » et « fin du clivage gauche-droite », car, relève le politologue, « l’identité de gauche continue de se construire en opposition à celle de droite ». Ainsi, ils sont 75 % à estimer qu’« il existe toujours des différences nettes entre la gauche et la droite » : un bond de 13 points par rapport à 2014. Un exemple ? Le droit de vote des résidents étrangers est approuvé à 66 % à gauche, contre 33 % à droite.

Si « ubérisation » et « capitalisme » sont les mots connotés le plus négativement au sein de la gauche, le discours libéral et conservateur qui envahit les plateaux et les ondes imprime sa marque. C’est particulièrement vrai sur le thème de l’« assistanat » : une majorité à gauche (53 %) estime que « les chômeurs pourraient trouver du travail s’ils le voulaient vraiment ». Ils n’étaient « que » 45 % à le penser il y a un an. L’idée selon laquelle « l’immigration rapporte plus à la France qu’elle ne lui coûte » n’est, de son côté, plus partagée que par 48 % des sympathisants de gauche, contre 51 % précédemment. Reste que le mot immigration lui-même est positif pour 52 % d’entre eux et que 56 % pensent que la France devrait être plus active dans l’accueil des réfugiés afghans.

Surtout, en matière de répartition des richesses, le point va à la gauche. 88 % des Français jugent qu’il ne faut pas qu’elles soient accaparées par une minorité. Et 87 % que les aides publiques aux entreprises doivent s’accompagner de contreparties environnementales et sociales. Quant à la réforme des retraites, elle séduit à droite, mais seuls 46 % des Français estiment qu’elle doit être menée à son terme avant la fin du quinquennat.


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