Droits humains. Une affiche présentant un homme enceint, dans le cadre d’une campagne visant à sensibiliser aux problématiques de la communauté LGBTQIA+, sert de prétexte à un assaut de violences et de menaces contre l’association féministe et d’éducation populaire.
Il est dans le collimateur des droites extrêmes depuis sa création, en 1956 : le Planning familial se voit confronté, depuis la semaine dernière, à de nouvelles attaques haineuses venues de l’hémisphère droit du monde politico-médiatique. La cause, ou plutôt le prétexte : un visuel publié le 17 août sur Twitter par son auteur, l’illustrateur Laurier The Fox. Cette affiche, réalisée dans le cadre d’une campagne nationale du Planning pour sensibiliser aux problématiques de la communauté LGBTQIA+, représente un couple composé d’une femme barbue et d’un homme qui attend manifestement un enfant. Le slogan : « Au Planning, on sait que des hommes aussi peuvent être enceints. »
Techniquement, rien n’est plus vrai : une personne transgenre, considérée comme femme à la naissance puis devenue homme, mais sans opération qui altère ses capacités reproductrices, peut tout à fait être enceinte. Mais ce simple rappel à la réalité a suffi à faire fondre les fusibles de la droite anti-choix, qui a multiplié les appels au désubventionnement, voire à la dissolution.
« Nous accueillons plus de 300 000 personnes par an »
« Le Planning familial se transforme de plus en plus en officine de propagande sociétale », a par exemple osé Laure Lavalette, députée du Var et porte-parole des députés du Rassemblement national (RN), appelant à « démasquer ces militants archi-subventionnés ». Hélène Laporte, vice-présidente RN de l’Assemblée nationale, a directement interpellé le ministre Pap Ndiaye en s’indignant que l’association soit « agréée par l’ éducation nationale pour intervenir auprès des plus jeunes ». Même tonalité du côté de Reconquête, le parti de Zemmour, voire de quelques voix de droite comme celle du député de Moselle Fabien Di Filippo, critiquant « le militantisme idéologique » du Planning.
L’association n’a pas manqué de réagir, annonçant dans un communiqué publié le 19 août, qu’elle consultait ses avocats et envisageait de « poursuivre ces instigateurs de haine qui sont parfois des élu-e-s de la République ». « Parmi les plus de 300 000 personnes que nous rencontrons tous les ans lors de nos accueils, rappelle le texte, des personnes trans nous demandent conseil pour la contraception, l’avortement, le suivi médical de leur transition. Il nous appartient de les accueillir. » Le Planning familial « pratique un accueil inconditionnel des personnes (…) depuis plus de soixante-cinq ans » et « rien ne peut justifier la violence des propos tenus depuis plusieurs jours. (…) Rien, sauf la haine », conclut l’association historique de défense des droits des femmes et d’éducation à la sexualité.
De fait, il faut bien relier ces attaques à la récente décision de la Cour suprême des États-Unis permettant aux États de revenir sur le droit à l’avortement. En France, le RN, en quête de dédiabolisation, a eu beau ripoliner sa façade, il n’en reste pas moins un opposant de toujours aux droits des femmes en général et à l’interruption volontaire de grossesse en particulier. Un naturel qui revient au galop chaque fois que l’occasion se présente de s’en prendre à une association comme le Planning – qui a en revanche reçu le soutien de nombreux syndicats, associations et aussi de tous les partis de gauche. Les macronistes de Renaissance, eux, sont restés muets.
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