La présidente de la région Occitanie et le secrétaire national du Parti communiste français étaient présents au Vernet ce samedi 29 octobre, pour rendre hommage aux déportés du camp et montrer leur union face à l’extrême droite.
Union et souvenirs. Ce samedi 29 octobre, Carole Delga, présidente de la région Occitanie, et Fabien Roussel, député de la 20e circonscription du Nord, ont rouvert en Ariège le grand livre de l’Histoire française. De 17 à 19 heures, les élus ont rendu de nombreux hommages aux déportés du camp du Vernet. Dans ce lieu, de nombreux républicains espagnols, résistants, juifs ou intellectuels avaient été enfermés entre 1939 et 1944, durant la Seconde Guerre mondiale.
« Ce camp de concentration, créé pour interner les républicains espagnols, était le plus répressif de France », tonnait Roussel devant plus de 70 personnes venues assister au recueillement des deux élus de gauche. Le parcours automnal a débuté au cimetière du camp, situé à Saverdun. Face au vent soufflant de la basse Ariège, celui qui était candidat à la dernière élection présidentielle assurait : « Cela faisait très longtemps que je souhaitais venir me recueillir ici. Cette commémoration est importante pour ma famille politique, mais aussi pour ma famille personnelle. »
Fabien Roussel sur les traces d’un aïeul
Il y a près de 80 ans, l’arrière grand-père de l’élu communiste, Salvador, était en effet déporté au Vernet. Républicain espagnol, il avait fui la péninsule ibérique pour trouver refuge en France. « Il avait été attrapé puis enfermé pendant trois longues années », complétait le secrétaire national du PCF, non sans émotion, rappelant au passage que c’est la tuberculose attrapée sur place qui avait eu raison de son aïeul.
Devant la stèle du camp de concentration, où des gerbes de fleurs furent déposées, Fabien Roussel et Carole Delga ont donc pris la parole, entre deux accolades chaleureuses avec un ancien résistant.
« Je souhaite rendre hommage à toutes ces personnes venues d’ailleurs, qui ont construit leur vie dans notre beau pays. Nous sommes tous des enfants de la migration. Et à travers l’exemple de mon arrière-grand-père, je souhaite rappeler cette Histoire de France. N’oublions jamais ceux qui sont morts pour que nous puissions vivre libres aujourd’hui », lâchait le premier.
Ensemble, lui et sa complice avaient aussi de nombreux mots envers l’extrême droite : « 70 ans plus tard, j’ai l’impression que le même climat politique nauséabond empeste dans toute la France. Le racisme et l’antisémitisme servent encore de ressorts pour attirer des voix. »
Une union contre l’extrême droite
Au rythme des hochements de tête des spectateurs, face à cinq porte-drapeaux de l’amicale du camp, la membre du Parti socialiste promettait : « Aujourd’hui, nous sommes réunis pour dire qu’il n’y aura jamais de faiblesse dans le combat contre les idées d’extrême droite. Jamais il n’y aura de faiblesse pour bâtir un monde plus juste. Jamais nous n’accepterons de neutralité dans les votes contre l’extrême droite. Jamais il n’y aura d’acceptation. »
Entre les caméras et appareils photos, des applaudissements venaient valider ces propos. « À aucun moment, nous, communistes, ne mêlerons nos suffrages à ceux de l’extrême droite. Jamais nous ne serons complices de leurs crimes », renchérissait Roussel, feuille à la main. Il ajoutera deux heures plus tard : « Même pour battre Macron ».
Alors, emboîtant le pas du président de l’amicale du camp Raymond Cubells, les orateurs et le maire du Vernet se rendaient à la gare vernetaise. La même qui avait servi à déporter plus de 6 000 personnes, lors des temps sombres du siècle dernier. À quelques mètres des rails, le temps était à la leçon historique, servie par Raymond Cubells. Celle-ci se concluait dans un wagon symbolique, similaire à ceux qui circulaient entre 1939 et 1944.
Côte à côte, les représentants socialiste et communiste s’en allaient vers la dernière étape de leur aventure ariégeoise, la mine décontractée. Dans l’intime décor du musée dédié au camp du Vernet, Carole Delga se saisissait d’un petit recueil : « Poèmes insoumis », de Pierre Thiollière. Sourire aux lèvres, elle en faisait la lecture à son partenaire de visite. Il était 19 heures lorsque ce dernier se mettait soudain à fixer un mur de portraits, sur lequel les visages de nombreux déportés s’alignent. « Je regarde si je vois mon arrière-grand-père », soufflait-il. Carole Delga, elle, reposait le recueil sur la table, refermant le livre de cette journée riche en Histoire.
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