Alexandre T et Christophe G, responsables locaux de la CGT mines-énergie, étaient entendus ce mardi 21 novembre suite à des actions de « mise en gratuité » lors du mouvement sur les retraites. 800 personnes se sont réunies en soutien.
Bordeaux (Gironde), envoyé spécial.
Ce mardi 21 novembre, les cégétistes avaient rendez-vous sur le parvis des Droits-de-l’homme de Bordeaux (Gironde), en soutien à deux d’entre eux. Alexandre T et Christophe G, respectivement secrétaire du comité social et économique (CSE) Enedis Aquitaine et secrétaire de la CGT énergie Gironde, étaient convoqués au tribunal correctionnel suite au mouvement de protestation contre la réforme des retraites.
Leurs torts ? Avec leur fédération des mines et de l’énergie (FNME-CGT), ils se sont illustrés par des mises en gratuité du courant produit par le service public. Des actions « Robin des bois » qui valent à 400 militants des poursuites judiciaires et disciplinaires, après des dépôts de plainte, émanant notamment du gestionnaire de réseaux.
Problème : si ces actions sont revendiquées par leurs syndicats, rien ne prouve à première vue que les militants incriminés les ont réalisées. Ce qui se vérifie dans ce dossier, selon leur avocat, Jérôme Borzakian : « Christophe est un pur administratif. Il ne sait pas faire usage des installations de réseaux. S’il y touche, il s’électrocute comme tout le monde. »
« Des actions décidés démocratiquement par les salariés en assemblée générale »
Sur le camion CGT, devant les 800 personnes réunies, Sébastien Menesplier, secrétaire général de la FNME, justifie : « Pour s’opposer aux libéraux, il faut passer à d’autres modes d’actions que les manifestations. Celles-ci sont décidées démocratiquement par les salariés en assemblée générale. » À ses côtés, Fabien Roussel, secrétaire national du PCF (voir photo), enchaîne : « L’ensemble des députés de gauche sont à vos côtés. Les militants et dirigeants de la FNME sont visés car vous avez été le moteur de la mobilisation. » Avant de poursuivre : « Dans ma région, le Nord, vous êtes sur le front après les inondations pour venir en aide à des gens en grande difficulté. Vous devriez être médaillés et non condamnés. »
Alors que la réforme des retraites est entrée en application après le passage en force de l’article 49.3, ceux qui l’ont farouchement combattue, avec un large soutien de la population, payent le prix fort d’une répression antisyndicale inédite. La semaine dernière, deux jours après la fin des élections professionnelles dans l’énergie, Alexandre T et Christophe G, ainsi qu’un de leurs collègues, ont reçu des convocations pour un entretien préalable, prévu ce jeudi 23 novembre.
Une procédure qui peut déboucher, à terme, sur leur licenciement. « Enedis est d’ailleurs partie civile dans le volet judiciaire, remarque Jean-Manuel Romero, gazier et élu CSE. En mai, ils sont venus chercher les copains chez eux à 6 heures du matin, comme des voyous. Ils veulent nous museler, le calendrier de ces convocations disciplinaires ne laisse pas de doute, l’employeur aurait pu attendre le verdict judiciaire. »
Sur les cinq militants FNME-CGT placés en garde à vue en Gironde le 24 mai, seulement deux font finalement l’objet de poursuites. Sous contrôle judiciaire, Alexandre T et Christophe G n’ont depuis plus le droit de participer à des actions syndicales ni à des rassemblements.
Amendes et 18 mois de prison avec sursis requis
À leur arrivée au tribunal, peu avant 14 heures, les militants (FSU, solidaires, FO) et politiques réunis abordent symboliquement des masques chirurgicaux barrés de rouge. L’émotion sur le visage des prévenus, venus avec leurs familles, est palpable. « Ce ne sont pas des criminels », lance un militant, alors que ses camarades passent les contrôles de police à l’entrée du tribunal.
En fin d’après-midi, les deux cégétistes comparaissent après le jugement d’une affaire de tentative de vol de véhicule. Christophe G et Alexandre T, eux, sont notamment poursuivis pour dégradation de bien et mise en danger de la vie d’autrui, après qu’une coupure de courant le 23 mars, au centre de Bordeaux, a touché l’hôpital Saint-André, une semaine après le 49-3.
Les générateurs de secours, hors d’usage, n’ont pas pu prendre le relais. Christophe C, le secrétaire de la CGT énergie Gironde, précise que la coupure spécifique de l’hôpital n’a pas été revendiquée. Son collègue et lui risquent pour autant cinq ans de prison et 15 000 euros d’amende.
Lors de l’audience, la juge présente, photos à l’appui, la technique de la « tortue » : des militants, cachés derrière un gros drapeau, avancent vers un poste électrique, de manière à ne pas identifier ceux qui procèdent à la coupure. « Ces actions sont à l’évidence décidées en amont. On a beau dire “ce n’est pas moi“, il existe des organisateurs qui avaient connaissance » de ces pratiques, estime le procureur. Sans démontrer la culpabilité des prévenus, il réclame en plus des amendes, des peines de 18 mois d’emprisonnement avec sursis.
À Pau et Argenteuil, d’autres cégétistes convoqués
Bordeaux, Argenteuil, Pau… Les mobilisations contre les procédures judiciaires ou policières intentées à l’encontre de militants CGT se multiplient cette semaine. Ce mercredi 22 novembre, la CGT Éduc’action et la CGT éducation, recherche et culture appellent à soutenir Dimitri Desurmon, devant le commissariat de Pau, dès 9 heures
L’enseignant et secrétaire de l’union locale CGT de Pau est convoqué suite à une manifestation contre la réforme des retraites. À Argenteuil, c’est Hervé Ossant, ancien secrétaire général de la CGT de Seine-Saint-Denis, qui est lui aussi convoqué au commissariat, jeudi 23 novembre 2023, à 9 heures. Relaxé, vidéo à l’appui, de faits de « violence » lors d’un rassemblement sévèrement réprimé le 31 octobre 2019, le voilà tout de même convoqué pour un prélèvement d’ADN. Sophie Binet participera au rassemblement.
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