Alors que la Cop 28 se déroule actuellement chez les rois du pétrole à Dubaï et suscite bien des polémique, il convient de rappeler que le Part Communiste Français et la revue Progressiste ont rendu public le 6 novembre un texte commun, conçu pour être soumis au débat de auprès de toutes les personnes souhaitant s’impliquer afin de garder une planète vivable pour les générations futures. Cet article est le premier d’une série de cinq consacrés à l’étude de ce texte.
Sous le titre « Empreinte 2050, plan climat pour la France », le Parti communiste français et la revue Progressiste ont présenté, le 6 novembre dernier, un texte avec 120 pages de réflexions et de propositions. Son but est de permettre à la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Tour à tour, Amar Bellal, rédacteur en chef de la revue « Progressistes », puis Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français, avaient tenu à préciser qu’il s’agit d’une « version préliminaire pour concertation ». Mais elle est déjà très étoffée suite au travail fourni en amont par les différentes commissions du PCF, notamment celles qui travaillent sur l’écologie, l’énergie, l’industrie et l’agriculture.
L’objectif de +1,5°C de réchauffement global à ne pas dépasser en 2100 par rapport aux températures du début du XIXème siècle avait été retenu en 2015 à la Cop 21 de Paris. Il continue d’être défendu depuis au niveau planétaire. Le document du PCF le retient aussi. Mais il montre surtout beaucoup de pistes permettant d’agir de manière efficace. Nous voulons dans ce premier article présenter l’esprit général de ce texte. Ensuite nous aborderons des sujets comme la production d’énergie, la politique industrielle, la politique agricole, les modifications à promouvoir dans nos manières de consommer, la réduction du bilan carbone de l’habitat en France.
Un défi à relever dans la justice sociale
Les premières lignes de ce document résument l’enjeu en ces termes : « L’urgence est là. Planifier ou subir le changement climatique, voilà le carrefour auquel est arrivée l’humanité. L’immense travail du GIEC, valorisant l’apport inestimable des scientifiques du monde entier nous alerte sur la gravité des conséquences de ce changement. Et il nous permet aussi d’affirmer qu’une transformation radicale peut préserver l’habitabilité de la Terre et être bénéfique à toutes et tous. Une conviction est au cœur de notre démarche : ce grand défi qu’est la lutte contre le changement climatique ne pourra être relevé que dans la justice sociale et la coopération internationale », peut on lire dès la page 2 de ce texte.
En page3 il nous est précisé que « ce plan n’est pas à prendre ou à laisser. La présentation de cette version préliminaire d’Empreinte 2050 est le point de départ d’une concertation que nous voulons la plus large possible au sein d notre parti et de toute la société française pour débattre des orientations et des propositions qu’il contient. Après révision suite à cette concertation, le plan sera soumis à nos instances de direction pour adoption. Il sera ensuite régulièrement actualisé à partir d’avancées scientifiques, techniques et industrielles ».
Dans un premier temps, lire attentivement ce document sera utile pour tout un chacun. On se donne ainsi les moyens de mieux comprendre au jour le jour le déroulement de la Cop 28 à Dubaï et la manière dont les sujets seront abordés par les différents participants. Le document publié par le PCF donne des repères pour saisir la qualité et les défauts des réponses qui seront apportées lors de cette Cop ; de mieux comprendre si elles réduiront, ou pas, les émissions de gaz à effet de serre. Durant la premières moitié de l‘année 2024 va se dérouler, en France et dans les autres pays membres de l’Union européenne, la campagne électorale pour élire les députés qui siègeront au Parlement Européen à partir du mois de juin. Le document publié le 6 novembre sera également utile pour aborder les sujets les plus déterminants de cette campagne.
Mettre fin en Europe au libre-échange vecteur de CO2
Telle qu’elle est gérée depuis des décennies par la Commission européenne et les 27 Etats-membres de l‘Union, la politique de libre-échange pilotée depuis Bruxelles est un puissant vecteur du réchauffement climatique. Le bilan carbone d’une délocalisation industrielle est toujours très élevé dès lors que l’on bétonne une nouvelle usine sur un nouveau site en cassant ailleurs celle qui était en bon état de marche dans un pays ou le travail était mieux rémunéré.
Quand une usine quitte la France pour un pays d’Asie ou d’Europe centrale, la production électrique qui alimente cette nouvelle usine provient souvent du charbon avec un bilan carbone élevé. A ce bilan s’ajoute celui du transport par camion pour importer chez nous des marchandises produites dans un pays à bas salaires. Ce processus était déjà engagé un quart de siècle avant la conférence de Kyoto sur le climat en 1997 et il se poursuit depuis, soit depuis une cinquantaine d’année.
Prétendre que la théorie des avantages comparatifs conceptualisée par David Ricardo voilà deux siècles puisse encore servir à piloter les économies et réduire en même temps les émissions de gaz à effet de serre est une aberration. Surtout quand on rappelle la définition qu’en donnait Ricardo concernant le pays où il habitait, à savoir le Royaume Uni : « Si au lieu de récolter du blé chez nous et de fabriquer nous-mêmes l’habillement et les objets nécessaires pour la consommation de l’ouvrier, nous découvrons un nouveau marché où nous puissions nous procurer des objets à meilleur compte, les salaires devront baisser et les profits s’accroître » (1).
Tout est dit dans cette phrase sur le but unique de la théorie des avantages comparatifs que continuent de défendre les grands patrons et les gouvernements à leur service. La double conséquence de cette politique est l’augmentation simultanée des profits des grandes firmes et la croissance des émissions de gaz à effet de serre dans me monde
Texte paru en 1817 dans un ouvrage intitulé « Des principes de l’économie et de l‘impôt ». Il a été republié aux éditions Flammarion en 1999.
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