Le président du groupe Gauche démocrate et républicaine, André Chassaigne, déplore les dissensions à gauche sur la proposition de nom de premier ministre du Nouveau Front populaire. Il souhaite un vote des parlementaires de gauche.
L’Assemblée nationale va désigner, jeudi 18 juillet, son ou sa présidente. Qu’est-ce qui se joue dans cette élection ?
Elle désignera l’autorité suprême de l’Assemblée nationale, mais pas seulement. Ce scrutin déterminera aussi quelles seront la majorité et l’opposition au sein de cette assemblée : la sensibilité du Nouveau Front populaire (NFP), celle de la Macronie associée à d’autres, ou celle du Rassemblement national (RN).
Les groupes de gauche ont acté deux choses. La première : nous nous adressons aujourd’hui aux autres groupes pour leur faire part de notre volonté de prolonger le front républicain et de ne pas accorder de responsabilités au sein de notre Assemblée à l’extrême droite.
Deuxièmement, nous présenterons un ou une candidate unique. Il a été décidé qu’il ne devait y avoir aucun ostracisme, que ce soit parce qu’un groupe a été diabolisé, comme la France insoumise (FI), ou qu’il est le moins nombreux, comme la Gauche démocrate et républicaine (GDR).
Cela s’inscrit dans une répartition des responsabilités au sein de l’Assemblée. Si l’on considère qu’il y a une chance de gagner le perchoir, le bloc NFP doit être soudé ; il ne doit perdre aucune voix. Si l’on veut gagner, il va certainement falloir trouver un candidat qui puisse également rassembler au-delà, en étant reconnu, en ayant une histoire dans cette assemblée.
Un gouvernement NFP peut-il être écarté par Emmanuel Macron ?
Le président de la République doit désigner un premier ministre proposé par le NFP, qui est la force qui compte le plus grand nombre de députés élus. Pour l’heure, il n’y a pas encore consensus entre les partis de gauche sur un nom. Il faut sortir très rapidement par le haut de cette affaire.
Notre groupe propose un vote des parlementaires pour choisir le premier ministre. L’attente est très forte. Les députés font remonter des territoires un véritable mécontentement. Plus les jours passent, plus il y a une forme de décrédibilisation. Plus on tergiverse, plus on donne le gouvernail au président de la République.
Faute de majorité, gouverner passera-t-il par un modus vivendi avec les macronistes ?
On se retrouve avec une situation telle qu’on l’a vécue depuis deux ans. Il y aura des majorités de circonstance en fonction du contenu de chaque loi. Les communistes souhaitent que cela se fasse de manière démocratique, sans recours au 49.3 comme le faisait la majorité macroniste.
Le peuple de gauche a voté pour des candidats et un programme, mais dans la mesure où il n’existe pas de majorité absolue, ce sera compliqué mais nous sommes prêts à affronter cette difficulté. Le gouvernement devra prendre des mesures d’urgence. Cela concerne particulièrement la question du niveau de vie, par une action sur les prix et une augmentation des salaires et des pensions, l’abrogation de la réforme des retraites.
L’urgence, ce sont les mesures du quotidien pour qu’un peu de lumière surgisse. Pour mettre en œuvre une telle politique, il faut des réformes fiscales, sur l’impôt sur la fortune, sur celui sur les sociétés. Cela doit passer par un accompagnement des petites et moyennes entreprises. Il faut œuvrer à une République de proximité, avec des services publics, de santé sur tout le territoire.
Le groupe GDR est reconduit. Quelle est son originalité ?
Le groupe sera doté d’une coprésidence représentant ses deux composantes : un député issu des communistes et de la Gauche républicaine et socialiste, et une députée ultramarine. Cette coprésidence reflète l’histoire du groupe, né en 2007. Maintenir un groupe indépendant avec ces deux sensibilités était pour nous la priorité des priorités.
Les députés ultramarins, à l’exception d’un, ont tenu à rester au sein du groupe GDR parce que nous avons une façon de travailler, une complémentarité et un respect mutuel. Pour chaque texte, nous faisons en sorte de prendre en compte les difficultés des peuples d’outre-mer. Dans les commissions, nous cherchons à être représentés par les deux composantes… Nous avons des combats communs. Cette association fonctionne bien.
Vous avez affronté une candidate RN. Quels sont les ressorts du vote d’extrême droite ?
Les électeurs ne voulaient plus des partis qui ont été au pouvoir et voulaient essayer autre chose. J’insiste là-dessus : ce n’est pas seulement un vote de mécontentement et de colère. C’est pour beaucoup un vote d’espoir, même s’il se fait sans connaître le programme précis du RN ou ce qu’ont pu voter ses députés depuis 2022, notamment sur l’augmentation du Smic ou la taxation des dividendes.
Ses électeurs sont persuadés qu’ils peuvent améliorer leur quotidien avec des mesures qui semblent sociales. On est face à une forme d’acte de foi d’une partie importante de la population, face à une tromperie de ce qu’est la réalité du RN. Il y a également un ressort xénophobe dans des villages où l’on ne compte pas un travailleur immigré.
C’est le résultat des messages sur les réseaux sociaux, de ce qui est diffusé par les chaînes d’information. Il y a une perte des valeurs fondamentales de solidarité et de fraternité, de prise en compte de l’autre. Cela appelle à un travail sur les consciences, à une forte entreprise d’éducation populaire, par toutes les entrées possibles : les explications politiques, la culture, la vie associative pour sortir des petits et grands écrans.
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