L’association Générations futures a mis au point une cartographie du niveau d’achat par département de substances de pesticides nocives entre 2015 et 2022. Un outil pédagogique au service du grand public et des experts.
Neuf Français sur dix se disent « inquiets » des effets des pesticides sur l’eau, la biodiversité et la santé, selon un communiqué de la Maison de la bio publié le 5 juin 2024. Pourtant, le grand public reste mal informé sur le niveau de contamination par ces substances dangereuses pour la santé.
C’est pour répondre à ce manque que Générations futures a mis au point un outil interactif qui cartographie, département par département, le niveau d’achat de ces substances. Elle répertorie plus de 400 substances, classées par fonction, dangerosité et statut légal. L’objectif est de « savoir quelles substances pesticides étaient les plus achetées par département et ce sur plusieurs années (de 2015 à 2022), ainsi que celles classées cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques de niveau 1 et/ou 2 », explique l’association.
Basées sur les données officielles de la Banque nationale des ventes de produits phytopharmaceutiques (BNV-D), ces cartes visent, au-delà du grand public, à éclairer le travail sur la détection du niveau de dangerosité. « Cette visualisation permet par exemple aux chargés des contrôles sanitaires de l’eau potable d’identifier et de cibler les territoires à risque », précise Générations futures.
Des conclusions inquiétantes pour certains départements
Sans surprise, les régions de grandes cultures céréalières et les zones viticoles achètent significativement des pesticides, même si une partie de ceux-ci sont jugés suffisamment bénins pour être autorisés en agriculture biologique. La Gironde, par exemple, premier département viticole, arrive en tête avec 14,5 kg de produits phytosanitaires achetés par surface agricole. Le Gard et l’Hérault complètent le podium, respectivement en deuxième et troisième positions.
« Le volume d’achat ne fait pas la dangerosité du produit », tempère néanmoins l’association. D’autres départements affichent des quantités plus faibles, mais sont davantage concernés par des achats de pesticides nocifs pour la santé et l’environnement. C’est le cas d’abord de l’Eure-et-Loir, mais aussi de la Charente-Maritime, où le glyphosate a été le pesticide le plus acheté en 2022, « avec près de 100 tonnes écoulées ».
La carte révèle un autre constat inquiétant : l’Aisne, la Somme et le Pas-de-Calais se distinguent par des achats massifs de substances de synthèse, dont certaines connues pour provoquer cancers, mutations génétiques ou troubles de la fertilité. « Même si les traitements sont moins fréquents que dans les zones viticoles, la masse de substances utilisées marque fortement ce territoire », souligne l’organisation écologiste.
Des évolutions à venir
« Il demeure certaines limites », admettent les développeurs de la carte. En l’absence des registres d’épandage tenus par les agriculteurs, rarement rendus publics, la précision de l’outil reste limitée. « Les données actuelles ne permettent pas encore de descendre au niveau communal pour comparer réellement les départements », précisent-ils. Une limite que Générations futures promet de dépasser, avec la publication rapide d’un nouvel outil allant jusqu’au niveau du code postal.
Cet accès à une information précise est d’autant plus essentiel qu’en 2021 la France restait le deuxième pays européen consommateur de produits phytosanitaires. Or ces produits font des victimes. En octobre dernier, le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides leur a pour la première fois imputé le décès d’un enfant.
- Cartes disponibles sur : generations-futures.fr/geophyto/
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