Vendredi 30 mai, des militants du Bloc montpelliérain ont blessé une vingtaine de personnes lors d’une soirée dans ce bar communiste d’Alès. Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, demande la dissolution du groupuscule fasciste.

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Il est presque minuit, ce vendredi 30 mai, lorsque la fête est brutalement interrompue au bar populaire le Prolé, dans le vieux centre d’Alès (Gard). En pleine féria de l’Ascension, une dizaine de militants d’extrême droite déboulent dans cet établissement connu pour être le quartier général des communistes locaux. Les agresseurs, affiliés au groupuscule néonazi du Bloc montpelliérain, ont usé de gaz lacrymogène et molesté la clientèle avant de prendre la fuite, selon plusieurs témoignages. L’assaut laisse une vingtaine de personnes blessées. Un cheminot de la CGT a été hospitalisé en urgence, avec une fracture au nez et de nombreux hématomes.
D’après le témoignage de Cécile, une militante PCF présente lors de l’attaque, l’avant-veille, le 28 mai, trois membres du Bloc montpelliérain s’étaient déjà rendu au Prolé et avaient tenté de coller leur propagande politique sur le comptoir, avant d’être évacués de l’établissement. « Cette fois-ci, ils sont venus à dix et le ton est rapidement monté, raconte Cécile au micro du média Objectif Gard. Ils ont commencé à utiliser leurs gazeuses, et à frapper tout ce qu’il y avait, clients comme militants, sans faire de cas. C’est une attaque fasciste. »
Une mouvance « national-révolutionnaire »
Actif depuis début 2024, le Bloc identitaire de Montpellier (Hérault) fait partie de la nébuleuse de groupuscules d’extrême droite du Sud-Ouest qui se forment, se déforment et changent de nom au gré des dissolutions administratives et des luttes intestines qui agitent ce milieu politique.
Né sur les cendres d’un ancien groupe catholique intégriste de Montpellier intitulé Jeunesse Saint-Roch (lui-même issu pour partie de la dissolution de Génération identitaire, en 2021), le Bloc montpelliérain se revendique désormais « national-révolutionnaire » et a été aperçu défilant dans Paris, il y a plusieurs semaines, lors de la manifestation néonazie organisée par le Comité du 9 mai.
En octobre dernier, un des militants du Bloc a été condamné à dix mois de prison avec sursis pour avoir agressé une personne d’origine maghrébine, et un autre relaxé alors qu’il était accusé d’avoir frappé un militant communiste, en marge d’une manifestation d’agriculteurs en colère. Le groupuscule est aussi connu à Montpellier pour des menaces répétées contre des événements relatifs à la culture drag-queen.
« L’extrême droite a montré une nouvelle fois son sale visage, a réagi le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel. J’ai pris contact ce matin même avec le ministre de l’Intérieur pour demander la dissolution de ce groupuscule d’extrême droite dangereux ! Je lui ai également demandé que soit assurée au plus vite la sécurité du Prolé, lieu emblématique, animé par les communistes, de lutte, de fête et de culture populaire. » À l’heure où nous écrivons ces lignes, le ministre Bruno Retailleau, pourtant toujours prompt à communiquer sur des faits divers qu’il peut exploiter à des fins politiques, n’avait toujours pas réagi publiquement à cette agression.
Rassemblement ce lundi
« Je demande au maire et au sous-préfet de veiller scrupuleusement à empêcher ces individus, connus et reconnaissables, d’exercer leur bestialité dans la ville ce jour de fête, a appelé pour sa part Giovanni Di Francesco, secrétaire de la section PCF d’Alès. Jamais, au grand jamais, nous laisserons en silence se repaître les descendants de ceux qui avaient plongé la France et le monde dans leurs heures les plus sombres, ceux qui visent à opposer les humains entre eux pour mieux les dominer, les annihiler, les déshumaniser. Nous leur opposons fraternité, luttes émancipatrices et culture, solidarité et justice sociale, paix. »
Le Prolé a également reçu le soutien du premier secrétaire du PS, Olivier Faure, des députés insoumis Thomas Portes et Raphaël Arnault, de la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga, ou encore de la CGT et de SOS Racisme. L’association rappelle dans un communiqué que « l’extrême droite a intensifié ses opérations d’intimidation et d’agression » ces dernières années et accuse le gouvernement de « complaisance », citant l’attaque néonazie contre un ciné-club antifasciste à Paris en février, ou encore la tentative de ratonnade à Romans-sur-Isère (Isère) en 2023, à la suite de l’affaire de Crépol.
Un « rassemblement républicain » doit se tenir ce lundi 2 juin, à 18 heures, devant la sous-préfecture d’Alès, à l’appel de Fabien Roussel, de la CGT, et de Giovanni Di Francesco. (En présence de nombreux élus-es communistes de la région OCCITANIE).
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